On ne peut pas ne pas célébrer la journée de la réconciliation nationale, le 10 juin, sans prendre conscience de notre désir d’unité au sein de la société congolaise et, en même temps, sans reconnaître la valeur symbolique du vivre-ensemble. Cette question du vivre-ensemble est au cœur des sujets qui préoccupent au plus haut point les Congolais en particulier et les Africains en général. Sur le fond patriotique et dans le ton éthique et politique, elle recouvre effectivement de nombreuses versions que parcourent la célébration de la Conférence nationale et, partant, la pratique rituelle de la célébration annuelle de la journée du 10 juin.
A regarder de très près, les archives des différentes déclarations de Son Excellence Monsieur le Président de la République, surtout dans ses discours, il apparaît toujours, entre les lignes de ses propos, quelque chose de rassurant qui est liée à la critique du «tribalisme» et ses figures qui rongent et cassent notre unité. Car, il n’y a que le Congo, rien que le Congo. Sans plus!
Permettez-moi, donc, de rappeler, à toutes fins utiles, quelques occurrences dont j’ai parlé en référence aux discours du Président de la République, qui sont axées sur le sujet, pour montrer combien «le vivre-ensemble» est un vrai sujet qui a été porté au plus haut niveau de l’Etat, fondé sur la «marche vers le développement».
D’abord, le Président Denis Sassou Nguesso déclare: «La consolidation des piliers de notre maison commune, le Congo, requiert, de la part de tous, la volonté et l’effort sans cesse renouvelée de vivre-ensemble». (Cf. Déclaration de Monsieur le Président le 31 décembre 2012, p. 7.). Ensuite, «sans paix, sans unité nationale, il n’y a pas d’avenir pour le pays et sa population». (Denis Sassou Nguesso).
Sur le plan sociopolitique, il saute aux yeux de plus d’un que le Congo a connu des conflits d’ordres divers, impliquant plus ou moins la question du vivre ensemble: Nord, Sud, Est, Ouest n’étant que les illustrations les plus classiques d’un carré logique et magique qui structure et cimente les cadres symboliques d’une Nation forte.
Sur le plan intellectuel, la réflexion sur le vivre-ensemble s’est construite au sein de l’Association désir d’unité (A.d.u), depuis peu par l’organisation et la célébration des Journées nationales et internationales organisées, entre autres, par l’Unesco. Des réflexions, des déclarations, un ouvrage et autres activités enveloppent déjà la marche de cette vision globale et intégrative dont l’une des versions n’est rien moins que la critique du tribalisme, du départementalisme, de l’ethnocentrisme et ce, après les indépendances ou aujourd’hui, là où la démocratie est en pleine effectuation.
Le Congo vient de loin. Il ira encore loin du fait qu’on a pu voir se développer, récemment, en son sein, ici et là, les débats congolais ou africains engagés par les organisations non-gouvernementales, les sociétés civiles autour des notions de responsabilité individuelle et collective sur l’instauration du communautarisme radical ou modéré ou le rejet des intégrismes ou extrémismes et ses corollaires, en vue de conforter les élans de la marche vers le développement.
Déjà, est-il besoin de le souligner, le Président de la République, Denis Sassou Nguesso, en particulier, a eu beau jeu de mettre en avant le vivre-ensemble, comme un des piliers sur lequel repose cet idéal qui s’appellerait en d’autres mots: «Le solidarisme». Dans le même élan, la question du vivre-ensemble se retrouve aussi bien dans la défense de la citoyenneté illustrée ainsi par les cadres juridiques qui entourent les lois et règlements de notre République dans la construction sensée de l’instruction civique ou religieuse de tous les Congolais.
Revenir sur le vivre-ensemble, le 10 juin de chaque année, est l’occasion solennelle de dire haut et fort que l’image Nord/Sud n’est que le dysfonctionnement du pays au moyen d’un montage spéculatif d’antagonisme du pays sur lequel génèrent le régionalisme et le tribalisme. La lutte contre ces anti-valeurs qui sont des plaies contre la cohésion de la Nation, s’impose. Elle demande que la réflexion soit transversale et multisectorielle, sur toutes sortes de corporations administratives, sportives, scolaires, universitaires ou académiques, culturelles, etc, partout où la question d’autrui, d’intersubjectivité, l’idée du bien, la Nation d’abord, se pose en dernier appel.
L’objectif de notre réflexion, à l’occasion de la journée de la réconciliation nationale, n’est certainement pas de proposer, une fois de trop, une recette du comment mieux vivre ensemble; encore moins un parcours complet de la question telle qu’elle se pose historiquement, théoriquement et pragmatiquement dans notre pays.
Le but est de redonner quelques réflexes positifs aux Congolais, invités ou interpellés, en quelque manière, à débattre encore et encore sous des différentes formes d’un problème qui se renouvelle toujours pour le bien de la Nation.
Pour ce faire, l’A.d.u n’a pas hésité à proposer quelques intuitions lumineuses, plutôt patriotiques, à partir des Congolais épris de paix et de développement intégral, et à celles et ceux qui se sentent intéressés ou qui s’attachent encore aux valeurs d’unité, de travail et de progrès, telles qu’elles sont élevées au rang positif de l’universel.
Au final, en République du Congo, nous restons unis par un lien séminal d’amour, car notre esprit est rattaché à l’âme cimentée de la République recherchant sans fin, par la praxis démocratique, la constitution d’une Nation qui préserve les solidarités, pour alimenter son développement en cours.
Jean De Dieu KOURISSA
Président de l’ADU (Association Désir d’Unité).
(Le titre est de la rédaction)