Quelque part dans le Septentrion, une contrée accuse 112% de dette par rapport à son produit intérieur brut (P.i.b), au deuxième semestre de cette année. On ne sait pas encore à combien va se situer cette dette à la fin de l’année. En clair, cette contrée doit plus qu’elle ne produit. Elle n’est pas la seule au monde. D’autres points du globe accusent des taux inférieurs à celui-là, mais pourtant jugés insoutenables. Et le mot à la mode est «rendre la dette soutenable». Et le remède classique dans ce cas, c’est d’entrer en programme avec les offices financiers internationaux.
Il se trouve que, pour cette contrée, bien que les éphémères dirigeants s’accordent à tirer la sonnette d’alarme sur cette dérive financière, il n’est nullement envisagé un quelconque programme avec qui que ce soit. Il semble pourtant que l’argent emprunté soit utilisé de la même manière au Septentrion comme au Midi, pour les dépenses publiques courantes et non pour l’investissement productif. Là-bas comme ici, on dépense, on s’amuse, on arrose les amis avec des contrats bidons, on est dans le genre jouissif. Malgré cela, aucun programme d’ajustement, aucune revue, selon la terminologie internationale.
Mais, pourquoi alors un tel traitement différencié? Y-a-t-il des bons et mauvais emprunteurs ? La soutenabilité de la dette est-elle à géométrie variable? A priori, oui. Une économie qui a un système productif robuste peut se permettre de laisser filer sa dette, mais tout de même. Il y a des normes auxquelles les nations souscrivent souverainement et qui s’imposent à elles. Et ceux qui reprochent à d’autres de ne pas respecter la parole donnée, de ne pas honorer leurs signatures, ne brillent pas eux-mêmes dans le respect des normes librement acceptées. Et les offices financiers internationaux ne s’en inquiètent que du bout des lèvres.
Il y a donc lieu de comprendre que la gendarmerie financière internationale a ses délinquants cibles. Elle a déjà choisi qui elle doit mettre en programme; et ce sont toujours les plus faibles du système productif mondial. Parce que ces faibles, du moins leurs dirigeants, ont un logiciel mental orienté vers une gestion néo-patrimoniale des affaires de l’Etat; qu’il suffit de sortir de ce mode de gestion, pour que le Midi recouvre sa pleine capacité de gérer sa dette, sans sombrer dans les fourches caudines du rétiaire financier mondial. Seul, le patriotisme garantit une gestion autonome des affaires publiques.
Prométhée