Par tradition, depuis la proclamation de la République du Congo, le 28 novembre 1958, avant le réveillon de la Saint-Sylvestre, les Congolais, à l’écoute de la radio ou devant les écrans de leurs téléviseurs, suivent avec une attention soutenue, le message à la Nation du 31 décembre de leur Président de la République. Tous les Chefs d’Etat congolais qui se sont succédé, se sont pliés, jusqu’à ce jour, à ce rituel, à l’allure solennelle. D’où son importance pour la cohésion et l’unité nationales ainsi que pour l’attente qu’il suscite, parce qu’il projette l’avenir du pays et conséquemment conditionne l’espérance dans les consciences congolaises.
A l’identique des années précédentes, depuis qu’il est aux affaires, tout porte à croire que le Président Denis Sassou-Nguesso fera une déclaration, le 31 décembre 2024, à 20h, heure de Brazzaville. La veille du 28 novembre 2024, 66ème célébration de la République du Congo, j’avais, dans une tribune libre, estimé que dans le contexte de crise socio-économique et financière que traverse le Congo, plus que jamais étaient indispensables des réformes profondes et une gouvernance de haut calibre pour sortir de l’impasse. Le Président de la République s’est exprimé, avançant des stratégies et autres mesures à mettre en œuvre. Mais, les attentes demeurent immenses, au sein de toutes les couches de la population congolaise, d’autant que le message du Président de la République a suscité, dans l’opinion, le sentiment d’une tâche inachevée. Les déclarations de certaines figures de l’opposition congolaise estimant, par ailleurs, que l’appropriation et le recouvrement des recettes nationales par le Trésor public et les Régies financières sont mal exécutés. D’où l’appauvrissement de l’Etat qui court le risque de l’insolvabilité.
Sur le principe constitutionnel, ce 31 décembre 2024 est prélude au 31 décembre 2025, dernier 31 décembre, avant l’élection présidentielle qui devrait avoir lieu en mars 2026. Des candidatures pour ce scrutin majeur sont annoncées. Il va sans dire que d’autres le seront certainement, dans les prochains jours, le temps que les prétendants affutent leurs ambitions. Il n’est pas exclu, comme cela se passe dans certaines vieilles démocraties, que des prétentions n’en soient là que pour jouer la carte du nombre des compétiteurs et, de fait, accompagner le concurrent donné gagnant.
Au regard de la dégradation de la situation socio-économique générale du pays, des voix s’élèvent pour en appeler à la tenue d’une concertation ouverte où participerait l’ensemble des forces vives de la Nation, aux fins d’engager une réflexion sur les modalités d’une sortie de crise que partagerait la Nation entière. Ces voix ne sont nullement entendues. Et pourtant, la pratique réformatrice du gouvernement et les mesures connexes prises par celui-ci, pour juguler la crise, ne produisent pas l’effet d’entraînement nécessaire attendu dans le pays, ce qui pourrait perturber l’élection présidentielle.
Ceci étant, à tout le moins, peut-être faudrait-il que la gouvernance de la période précédant l’élection présidentielle de mars 2026 soit requalifiée. Il en serait de même des modalités d’organisation de l’élection et de la Commission électorale indépendante, à ce jour, contestées par les partis politiques et la société civile. Une seule explication à cette alternative. Que l’élection se déroule, sans accroc et qu’au final, le vainqueur l’emporte sans la moindre protestation des candidats battus ou de celle de la société civile, encore moins de celle des électeurs qui constituent le vote populaire.
Au bas mot, requalifier c’est donner une nouvelle qualification: rénover, restructurer. Dans le cas du Congo, redonner à l’Etat la capacité d’assumer au mieux, en s’appuyant sur des citoyens formés et à l’éthique incontestable, les fonctions qui lui sont, de droit, assignées, spécifiquement au profit des Congolais. Ce qui suppose l’application stricte des lois et règlements de la République, l’encadrement, par la justice, la raison et le droit, la forte adhésion aux valeurs, la lutte systématique contre les fléaux sociaux dont la corruption à tous les niveaux du commandement, la réduction du train de vie l’Etat. Ce serait alors l’occasion de faire recouvrer la liberté à nos compatriotes Benoît Koukébéné, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa.
L’enseignant d’Université que j’ai été, dans l’exercice de la profession et le demeure dans l’esprit, hors des salles de classes, depuis juin 2011, continue de croire à la vertu pédagogique de la répétition. Dans ces notes-ci, ont été réécrites des choses que j’ai plus d’une fois publiées, par conviction personnelle et par amour pour mon pays. Mais, comme la répétition pousse l’homme à sortir du doute, pour chercher à comprendre le bien-fondé de cette répétition, je ne me lasse pas de répéter.

Joseph OUABARI MARIOTTI
Paris, le 29 décembre 2024

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