2023, l’Union européenne célèbre les 60 ans de coopération avec la République du Congo. A cette occasion, l’ambassadeur de l’U.e au Congo, Giacomo Durazzo, et les représentants des Etats membres de l’U.e, notamment François Barateau (France), Dr Wolfgang Klapper (Allemagne), Jean-Paul Charlier (Chargé d’affaires en pied de Belgique), et Luigi Diodati (Italie), ont tenu une conférence de presse, vendredi 5 mai 2023, dans la salle de réunion de la Délégation de l’Union européenne, à Brazzaville. Au cours de cet échange avec la presse nationale et internationale, Giacomo Durazzo a mis en exergue la nouvelle vision économique de l’Union européenne, appelée «Global gateway» qui vise à diminuer les risques d’investissements et mobiliser les hommes d’affaires européens à investir au Congo. Cette conférence de presse marque le lancement officiel des activités du mois de l’Europe qui aura lieu du 9 mai au 17 juin 2023.
La coopération entre l’Union européenne et la République du Congo remonte à 1963, a rappelé Giacomo Durazzo, dans son mot introductif. La célébration des 60 ans de coopération permettra à l’équipe Europe de faire connaître, en détails, les activités de l’Union européenne, au-delà du volet politique. Dans le cadre de cette coopération, beaucoup de projets ont été réalisés, entre autres la route Kinkala-Brazzaville, l’extension et la mise à niveau des infrastructures du Port autonome de Pointe-Noire, l’installation de nouvelles grues au Port autonome de Brazzaville, le programme de conservation des forêts, dans les domaines de la gouvernance, de la justice et de l’Etat de droit, sans oublier l’urbanisation, etc. Tous les programmes financés par l’Union européenne se font sous forme des dons. Le nouveau cadre de coopération qui est en discussion sera plus ambitieux, a-t-il indiqué.
Appelée «Global gateway», la nouvelle stratégie européenne visant à développer des liens intelligents, propres et sûrs dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier. Pendant la conférence de presse, les diplomates de l’équipe Europe à Brazzaville ont répondu sans langue de bois aux questions posées par les journalistes: l’arrêt des travaux de la route Kinkala-Mindouli-Gambari; la prolongation de la corniche; les financements des projets et le bilan des 60 ans de coopération l’Union européenne avec le Congo, etc.
«Je savais que cette question sur la route Kinkala-Mindouli devrait être posée. Le premier projet, c’était bien la route Kinkala-Brazzaville. Les travaux avaient été exécutés. La route est là. Ensuite, il y a eu des discussions entre le gouvernement et l’Union européenne. Les négociations ont été faites et un projet avait été signé, pour que la route Kinkala-Mindouli soit construite et les financements furent trouvés, avec une contrepartie congolaise. Les travaux furent lancés. Malheureusement, il y a des difficultés financières et l’Etat congolais n’a pas pu honorer à ses engagements. Ce qui nous a amenés à interrompre le projet. D’ailleurs, il y a même un contentieux entre l’entreprise et l’Etat congolais, puisqu’elle a poursuivi les travaux sans être payée. Nous avons donné notre contribution. Malheureusement, le Congo n’a pas donné la sienne. Le résultat, c’est que la route n’est pas terminée. C’est un échec, il faut l’avouer. Même de notre côté, on a mis de l’argent qui n’a pas été utilisé à bon escient. Je ne sais pas si du côté congolais il y a l’idée, un jour, d’achever ces travaux. Pour l’Union européenne, ce projet est interrompu», a indiqué Giacomo Durazzo, sans mot de plus sur l’avenir de ce projet.
«S’agissant de la corniche, dans le Quartier Matour, dans le premier arrondissement, ce qui devrait être fait avait été fait. Comme l’a rappelé mon collègue pour la route Kinkala-Mindouli-Gambari. Au-delà, c’est un autre projet et d’ailleurs, il a donné tout son sens d’achever cette ouverture. Là, il s’agit d’un autre projet, extrêmement compliqué, en termes d’ouvrages d’art. Donc extrêmement chers, parce qu’il faut imaginer des ponts et des viaducs. Tout ça coûte extrêmement cher. Il y a des échanges entre les autorités congolaises qui aimeraient que les travaux soient poursuivis. Mais, il faut être réaliste: qui peut faire des choses d’une telle ampleur? C’est un dossier lourd et de très grande ampleur», a fait savoir François Barateau.
Le diplomate français a profité de cette occasion pour aborder la question des visas à l’Ambassade de France. D’après lui,«40% des dossiers de demandeurs de visas sont de faux dossiers. Ce qui fait noyer les bons dossiers». Ce problème est dû au «niveau douteux des demandeurs de visa. D’ici le mois de novembre, les conditions d’accueil des demandeurs de visa vont être améliorées», a-t-il promis.
Ensuite, les ambassadeurs de l’équipe Europe ont fait la revue de la coopération que leurs pays respectifs ont avec le Congo, dans les domaines du développement durable, de la gouvernance économique, de la santé, de l’éducation, de l’humanitaire, etc. Il faut indiquer que la ville de Dresde, en Allemagne va doter Brazzaville en véhicules de ramassage des ordures, dans le cadre du jumelage entre les deux villes. Concernant l’appui aux médias, il y a des projets en cours d’études, a fait savoir Giacomo Durazzo. Ces projets viendront s’ajouter à ce que l’ambassade de France fait déjà.
Dans l’action permanente des Etats membres, il y a l’organisation des visites politiques de haut niveau qui sont organisées, afin de permettre à l’Etat bénéficiaire de comprendre les enjeux politiques de chaque Etat. Le climat des affaires doit être amélioré au Congo. Dans cette optique, «nous avons salué la circulaire du Premier ministre qui appelle les Congolais à lutter contre la corruption». «Nous appuyons le gouvernement à poursuivre les décisions prises, parce qu’il est difficile, pour une entreprise, de s’installer au Congo», a-t-il fait savoir.
«La covid-19 et la guerre en Ukraine ont changé les données stratégiques en Europe. La covid-19 a démontré la faiblesse de la médecine et la guerre imposée par la Russie à l’Ukraine ne permettra plus à l’Europe d’importer le gaz russe. Les questions climatiques sont un défi pour l’humanité», a signalé Giacomo Durazzo. L’Union européenne doit repenser sa coopération, afin d’atteindre les objectifs qu’elle s’est assignés pour accompagner le développement intégral du Congo. Pour ce qui est du bilan des relations l’Union européenne et le Congo, «le verre est à moitié vide et à moitié plein», a-t-il reconnu.
Propos recueillis par
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA