Depuis 1953, le Séminaire Saint Pie X de Makoua, situé à 700 kilomètres au Nord de Brazzaville, dans la partie septentrionale du Congo, s’est employé et continue à former l’élite congolaise, aussi bien sur le plan spirituel que sociétale. Nombreux sont les cadres d’église (prêtres, évêques at archevêque), et de l’administration publique (fonctionnaires, hauts fonctionnaires, universitaires et ministres…) qui ont, comme l’argile devant le potier, été pétris dans le moule de ce séminaire. Pour rendre un vibrant hommage à ce haut lieu d’éducation, de formation et de transmission du savoir, l’Archidiocèse d’Owando et les anciens séminaristes ont commémoré, du 7 au 9 juillet 2023, à Makoua Penda (ville lumière), ses 70 ans d’existence. Parmi les personnalités de marque, il y avait le ministre d’Etat Firmin Ayessa, ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, président d’honneur du comité d’organisation de cet anniversaire.
La célébration des 70 ans du Séminaire Saint Pie X de Makoua a connu trois principales activités: l’organisation d’un colloque scientifique; l’inauguration du mémorial, construit grâce au concours financier du ministre d’Etat Firmin Ayessa et la messe jubilaire des 70 ans couplée aux ordinations diaconale et presbytérale. Dans le mémorial, on retrouve les noms de tous les anciens séminaristes, de 1957 à 2019, ainsi qu’une photothèque qui retrace la vie des anciens séminaristes, etc.
La messe solennelle d’anniversaire était célébrée par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa (RD Congo), et concélébrée par le cardinal Antoine Kambanda, archevêque de Kigali (Rwanda), Mgr Victor Abagna Mossa, archevêque métropolitain d’Owando, NNS Herera Corona, nonce apostolique, Urbain Ngassongo, évêque du Gamboma, Daniel Nzika, évêque d’Impfondo, et Gélase Armel Kema, évêque de Ouesso. Elle s’est déroulée avec la participation du Premier ministre, chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, de plusieurs membres du gouvernement, du représentant-résident du système des Nations unies au Congo Chris Mburu, du représentant de l’O.m.s, le Dr Lucien Alexis Manga, de la représentante de l’Unesco, Mme Fatoumata Barry Marega, du conseiller spécial du Chef de l’Etat, Jean-Dominique Okemba et des milliers de pèlerins. Les chorales Chœur des Séraphins, Père Paul Ondia, Sainte-Cécile de Massengo ont fusionné avec la chorale Saint-Achille de Makoua, pour assurer l’animation liturgique.
Au cours de cette célébration eucharistique, il y a eu des ordinations diaconales de Pascal Ulgach Moumba, Régis Arsène Oniangué et Léonce Juste Otsaka. Un prêtre a reçu aussi son ordination sacerdotale. Il s’agit de l’abbé Mistral Okangou.
Sous le thème, «L’éclat pérenne d’un héritage», le colloque scientifique était animé par les universitaires Atondi Monmondjo Lecas et le professeur André-Patient Bokiba, tous deux anciens de ce séminaire, sous la modération d’Eugène Ondzambé.
Le premier intervenant, Atondi Monmondjo Lecas a développé le sous thème intitulé: «Makoua, nouveau pôle d’évangélisation». Le Pr André-Patient Bokiba, lui, s’est appesanti sur «l’esprit du séminaire». Les témoignages des anciens séminaristes, enseignants et témoins oculaires de son implantation, entre autres, Mgr Victor Abagna Mossa, par ailleurs, ancien directeur du Séminaire Saint Pie X de Makoua, Firmin Ayessa, Marie-Alphonse Aya et Emile Okombo, ont édifié les participants.
Pour Atondi Monmondjo Lecas, c’est la recherche de l’efficacité dans l’évangélisation qui conduisit les pères spiritains à recourir aux langues locales comme le mbosi, le tégé et le lari. Déjà à Brazzaville et particulièrement dans le Pool, les protestants de la mission suédoise, à Munsana, évangélisaient en lari. Mais, les populations arrivées de la zone Nord à Brazzaville et installées dans le village de Poto-Poto, parlaient une langue commune couramment en usage dans le commerce sur les cours d’eau de la Likouala-Mossaka, la Sangha, l’Oubangui Chari, le Kassaï, et du Fleuve Congo. Il était alors hors de question qu’elles reçoivent le catéchisme en lari, ainsi que tout autre enseignement religieux.
Pour lui, la création en 1953 du Petit-séminaire Saint Pie X était alors plus que nécessaire, quoique l’établissement eusse connu des difficultés majeures par manque d’enseignants. Les cours s’arrêtaient au niveau de la classe de Sixième. Au fil du temps, le Petit-séminaire de Makoua s’est affirmé, à côté des autres, en formant aussi bien les futurs prêtres qu’une multitude des cadres du Congo.
Parlant de l’esprit du séminaire, André-Patient Bokiba a indiqué qu’en guise de témoignage, qu’il est rappelé aux petits-séminaristes les préoccupations de leur formation résumée par les trois «S»: sainteté; santé et sciences. Les séminaristes doivent s’inspirer de la vie des saints missionnaires morts lors de l’évangélisation des peuples lointains. La lecture des textes sacrés dont l’imitation de Jésus-Christ constituent des guides spirituels. Naturellement, les séminaristes sont astreints à une multitude d’exercices culturels ponctués de retraite spirituelle.
La dimension intellectuelle est fort importante et les mauvaises performances des séminaristes conduisent à leur exclusion. Il retient de cette expérience, entre autres, le respect de l’autre, des biens d’autrui, le désintéressement à l’argent, le travail bien fait. A cela s’ajoute le silence qui est d’or. Pour lui, le Séminaire Saint Pie X a dispensé à ses élèves un enseignement d’une qualité qui leur assurait une présomption d’excellence.
Pour la pérennité de ce haut lieu de spiritualité et du savoir, l’archevêque métropolitain d’Owando, Mgr Abagna Mossa, qui connaît bien les difficultés de la maison, a invité les anciens séminaristes et autres donateurs à œuvrer pour l’autonomie de ce séminaire. Remerciant les hôtes de marque pour leur présence, le ministre d’Etat Firmin Ayessa a appelé à mutualiser les énergies, pour continuer à faire rayonner l’établissement qui a fait d’eux ceux qu’ils sont aujourd’hui.
Joseph MWISSI NKIENI