L’A.j.c.a (Association Jhony chancel pour les albinos), dirigée par Jhony Chancel Ngamouana, a organisé, du 26 au 30 novembre 2024, en collaboration avec l’A.s.a.s (Association solidarité albinos Suisse) dont Mme Nathalie-Cathy Muco est la présidente, et l’I.f.c de Brazzaville (Institut français du Congo), une exposition-photos sur l’albinisme, réalisée par le photographe suisse, Pierre-William Henry. Intitulée «Ba ndundu ya Brazza», cette exposition a eu pour but de mettre en lumière le quotidien des personnes vivant avec l’albinisme, lesquelles sont parfois victimes de discrimination et de superstition dans la société. Cet événement était finalement un véritable cri de cœur, sur un phénomène social trop couvert par le silence et le manque d’initiatives expressives.
L’ouverture de l’exposition-photos sur l’albinisme, à l’I.f.c de Brazzaville, s’est faite sous le patronage de la ministre de l’industrie culturelle, touristique, artistique et des loisirs, Marie-France Hélène Lydie Pongault, en présence de sa collègue, Irène Marie Cécile Mboukou Kimbatsa, ministre des affaires sociales, de la solidarité et de l’action humanitaire, du directeur délégué de l’I.f.c, de Marcello Della Corte, consul honoraire de la République de Saint-Marin, Samira Cizero, cheffe de mission adjointe de l’Ambassade de Suisse en RD Congo, Michrist Kaba Mboko, secrétaire exécutif du Conseil consultatif de la jeunesse, la prof Francine Ntoumi et Joe Washington Ebina.
Tous réunis pour exprimer leur solidarité envers les personnes vivant avec l’albinisme.
Premier à prendre la parole, le directeur délégué de l’I.f.c Brazzaville a fait savoir qu’il est nécessaire de poursuivre la réflexion sur les changements juridiques, politiques et surtout de bonnes pratiques qui pourraient permettre de mieux faire respecter les droits des personnes atteintes d’albinisme qui sont encore «trop souvent victimes de mauvais traitements».
Des traitements caractérisés par la stigmatisation et «des discriminations qui ne devraient avoir aucune place dans notre société», a renchéri la ministre Lydie Pongault qui a laissé entendre que l’albinisme, en tant que condition génétique, n’est pas seulement une question de pigmentation de la peau, des cheveux ou des yeux, mais aussi un sujet qui soulève des enjeux humains, sociaux et culturels cruciaux. «En dépit de leur richesse en diversité, les personnes atteintes d’albinisme continuent de faire face à une stigmatisation insidieuse souvent alimentée par l’ignorance». Aujourd’hui, avec l’expression «brisons le silence», nous devons «raconter leur histoire trop souvent étouffée par le silence et la peur. L’exposition photographique de Pierre-William Henry présente des images qui constituent un cri de ralliement, une invitation à l’empathie et à la compassion et un pas vers la déconstruction des préjugés qui entravent l’épanouissement des personnes vivant avec l’albinisme», a souligné la ministre en charge de l’industrie culturelle.
Sur ce elle a invité la population congolaise à travailler en synergie pour construire un environnement où chacun, quelle que soit sa différence, doit vivre librement et dignement et sans crainte. Une société juste qui célèbre la diversité, synonyme de force et de richesse et valorise chaque être humain, pour ce qu’il est et non pour ce qu’il paraît.
Pour sa part, le consul honoraire de Saint-Marin a reconnu que, bien qu’étant partout dans le monde, la discrimination vis-à-vis des albinos est, «sauf erreur, très minimale en République du Congo». «La présence des autorités de l’État à cet évènement montre la sensibilité et l’inclusion que ce gouvernement a vis-à-vis des minorités et des populations fragiles», a-t-il affirmé.
À noter que l’A.j.c.a est une association créée en 2010, par Jhony Chancel Ngamouana, avec pour but de promouvoir les capacités intellectuelles des personnes vivant avec l’albinisme et à combattre le rejet et la maltraitance dont elles sont victimes. Elle avait mis en place à Brazzaville, une clinique qui prend gratuitement en charge les personnes atteintes d’albinisme et qui a permis de réduire le taux de mortalité «qui était très élevé» parmi les albinos. «Avant la mise en place de cette clinique, on enregistrait au moins trois à quatre décès par mois. Avec le travail qu’opère la clinique, depuis 2015 à ce jour, nous n’avons noté que 11 décès», a indiqué Jhony Chancel dans son allocution.
Céleste Exaucé
SINDOUSSOULOU