L’A.m.c (Association des médecins du Congo), plateforme professionnelle qui regroupe les médecins du Congo, a organisé, samedi 28 septembre 2024, au Centre virtuel de documentation et d’information, situé dans l’enceinte de la représentation de l’O.m.s à Brazzaville, une communication sous le thème: «Le médicament générique: quel générique pour le système de santé?». Présentée par le Dr Ray Mankélé, président de la Focam (Fondation congolaise pour l’accès aux médicaments), dans une modération assurée par le Prof Jean-Bernard NKoua-Mbon, cette communication a connu la participation, en présentiel, de nombreux médecins, pharmaciens, des étudiants et bien d’autres qui l’ont suivie en ligne.
Dans sa communication, le Dr Ray Mankélé a rappelé qu’un médicament générique est un médicament produit à partir de la même molécule qu’un médicament déjà autorisé, appelé médicament de référence et dont le brevet est tombé dans le domaine public. «Il a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique et il a démontré sa bioéquivalence, se comporte de la même façon dans l’organisme. Il a donc la même efficacité thérapeutique que la spécialité de référence», alors que son coût est moindre, a fait savoir le conférencier.
Selon lui, «nous allons vers de nouvelles classes de maladies et celles-ci créent des besoins». A ce moment-là, «il y a une réduction de l’accès au médicament et le médicament générique devient une opportunité». Prendre un médicament à marge thérapeutique étroite signifie que toute variation de dose ou de concentration dans l’organisme, même légère, entraînerait un risque de différence d’efficacité ou de sécurité (par exemple des effets indésirables, potentiellement graves ou une diminution de l’efficacité du médicament).
Les médicaments génériques et les spécialités de référence peuvent différer de par leur composition en excipients. Les excipients sont des substances sans activité pharmacologique, qui servent à faire parvenir le principe actif dans l’organisme à l’endroit où il doit agir. Ils ont un rôle dans l’absorption et la stabilité du médicament et conditionnent son aspect, sa couleur et son goût. Un excipient est dit «à effet notoire», lorsque sa présence peut nécessiter des précautions d’emploi pour certaines catégories particulières de patients. Tous les médicaments de référence (encore appelés princeps) ou génériques, sont susceptibles d’en contenir. Les médicaments génériques peuvent contenir des excipients différents de ceux du princeps et peuvent ainsi avoir une formulation sans excipient à effet notoire, contrairement à celle du médicament de référence.
Si un patient est allergique à un excipient à effet notoire, un médecin peut être amené à considérer que ce patient à une contre-indication formelle à cet excipient à effet notoire. L’allergie doit être justifiée. Lorsque toutes les spécialités génériques contiennent cet excipient, mais pas la spécialité de référence, le pharmacien dispensera la spécialité de référence par une mention du médecin sur l’ordonnance. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque le patient ne présente pas de risque de survenue d’effets liés à ces excipients à effet notoire, le médecin ne s’opposera pas à la substitution du médicament, par le pharmacien, au sein du groupe générique.
La présence de ces excipients à effets notoires est signalée dans la base de données publiques des médicaments et dans le répertoire des génériques, pour toutes les spécialités (génériques et médicaments de référence) qui en contiennent. Par ailleurs, ces excipients à effets notoires sont signalés au patient dans la notice du médicament et dans certains cas sur son emballage.
Le but de cette communication est de favoriser le recours aux médicaments génériques qui reste encore insuffisant, comparé à la situation de précarité dans laquelle se trouve les populations. Favoriser le recours aux médicaments génériques permet, en effet, de soigner aussi bien les patients, tout en maîtrisant les dépenses, permettant ainsi de dégager davantage de moyens, pour une prise en charge des traitements innovants et coûteux.
Selon le conférencier, «il existe 70 groupes de médicaments génériques». Un pharmacien, qui est approvisionné quotidiennement en médicaments, peut donc écouler le médicament générique au maximum dans les 24 heures. En cas de rupture d’approvisionnement en médicaments génériques d’un médicament donné (ce qui est toutefois rare), le pharmacien peut délivrer le médicament non générique et les patients seront remboursés sur la base du prix de ce médicament.
Après la communication, il y a eu un échange avec l’assistance. Les idées générales qui s’en sont dégagées portent sur la formation des pharmaciens, par la mise en place d’une Faculté de la pharmacie, l’amélioration des conditions d’homologation des médicaments génériques sur le marché, par la mise en place d’un comité d’experts et la nécessité de recourir à un laboratoire, avant de faire la bioéquivalence.
Malgré les avantages, le Dr Ray Mankélé a appelé à la prudence, car «le médicament générique fait le lit du faux médicament», a-t-il averti. Les médecins sont donc appelés à la vigilance. Et le président de l’O.m.c (Ordre des médecins du Congo), le Prof Alain Francis Mouanga, a interpellé les médecins sur leur responsabilité dans l’exercice de leur profession. «Il faut une complicité entre les médecins et les pharmaciens. Ce qui est prescrit aux malades doit être disponible. Il ne faut pas prescrire ce qui n’est pas disponible, parce que le médecin joue un rôle dans la promotion de la santé. Pour cela, il doit prescrire un médicament efficace et moins coûteux», a-t-il déclaré. Au sortir de cette communication, l’on peut dire que tout le monde est unanime pour faire la promotion et la vulgarisation du médicament générique.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA