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A propos de l’accord foncier avec le Rwanda: ce qui a mis le feu aux poudres

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les Présidents Paul Kagame et Denis Sassou-Nguesso
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A propos de l’accord foncier avec le Rwanda: ce qui a mis le feu aux poudres

Lors de la visite d’Etat du Président rwandais, Paul Kagame, en République du Congo, du 11 au 13 avril 2022, le gouvernement, représenté par le ministre de la coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou-Nguesso, avait signé, avec la partie rwandaise, huit instruments juridiques (accords, conventions, mémorandum) de coopération et de partenariat. Parmi ces instruments juridiques, il y en a un signé avec la société rwandaise Christal ventures limited, représentée par son manager, le Dr Jack Kayonga, pour permettre l’acquisition de terrains pour la culture du ricin au Congo. Mais, cet accord foncier avec le Rwanda suscite une grande indignation chez les Congolais. Alors que le gouvernement congolais parle d’«autorisation expresse d’occuper», à Kigali, on affirme que ces terres appartiennent désormais au Rwanda. Voici ce qui a mis le feu aux poudres.

C’est depuis 2021 que le Rwanda cherche à développer un projet agricole au Congo-Brazzaville. A travers sa société «Christal ventures limited», appartenant au Fonds d’investissement de Kigali qui est lui-même une propriété du parti au pouvoir, le F.p.r (Front patriotique rwandais), le Rwanda a pris en concession la zone industrielle de Maloukou où il prévoit d’investir 110 milliards de francs Cfa et des terrains pour l’agriculture. C’est au terme d’ une convention de concession signée le 12 avril 2023, par le ministre Denis Christel Sassou-Nguesso, avec Jack Kayonga.
les Présidents Paul Kagame et Denis Sassou-Nguesso
Les deux hommes ont signé aussi un protocole d’accord relatif à la culture du ricin au Congo, qui porte sur une concession de 12.000 hectares de terres exploitables dans trois départements du Sud du pays: Pool, Bouenza et Niari, pour une durée de 20 ans.
«S’agissant du projet de développement agropastoral de Yamba, dans le Département de la Bouenza, je veux rassurer la représentation nationale qu’il n’a jamais été question d’une cession de terre. Il s’agit d’une autorisation expresse d’occuper prévue par nos textes de loi et décrets. C’est une mise à disposition provisoire assortie de plusieurs conditions qui sont bien reprises dans le décret portant autorisation provisoire ou expresse d’occuper. Sa durée est de 20 ans. Car, les attributions des terres dans notre pays se font dans un cadre bien réglementé et transparent. Le législateur est clair et sans équivoque sur cette question. Je comprends qu’au regard de ce qui se passe autour de nous sur les questions liées à la gestion et à l’occupation durable des terres que les populations soient prudentes», avait expliqué le chef du gouvernement, en novembre 2023, devant l’assemblée nationale.
le reportage de la Télé rwandaise qui a mis le feu aux poudres chez les Congolais
Malgré ces explications, répétées par le Premier ministre et relayées par le ministre Denis Christel Sassou-Nguesso, la colère des acteurs de la société civile congolaise ne cesse de monter, pour s’opposer à cet accord. Un fait est venu accélérer cette crise. Début mars, un reportage diffusé par une chaîne de télévision rwandaise sur la visite d’une délégation d’agriculteurs rwandais dans le District de Mindouli (Département du Pool) a rapporté cette histoire en ces termes:
«Des entrepreneurs et autres membres du secteur privé rwandais ont visité les terres que le Congo-Brazzaville a offert au Rwanda, étant plus grande que la ville de Kigali, pour être exploitées… Entre le 4 et le 8 mars de cette année, certains membres du secteur privé du Rwanda ont visité le Congo-Brazzaville et ont découvert les deux terrains qui appartiennent, désormais, au Rwanda, avec une superficie combinée de 980 kilomètres-carrés…».
Les deux agriculteurs rwandais qui y sont interviewés ne parlent pas de la culture du ricin, mais du piment, du maïs, du soja et même d’élevage. Ce reportage de la télévision rwandaise, repris dans les réseaux sociaux congolais, a mis le feu aux poudres chez les Congolais qui pensent que leur gouvernement ne dit pas la vérité sur l’accord foncier avec le Rwanda. Voilà ce qui explique leur colère.
Il faut dire que les relations exécrables du Rwanda avec la RD Congo, en raison de la guerre dans la Province du Nord-Kivu qui, depuis 2004, a fait plus d’un million de morts, font de l’ombre à la coopération entre Brazzaville et Kigali. Le Rwanda est accusé par les Nations unies et le gouvernement américain de soutenir le mouvement rebelle du M23, composé de soldats tutsi ayant déserté l’armée congolaise, et qui se battent pour «reprendre les terres qu’ils estiment leur appartenir». Les Congolais interprètent l’accord foncier avec Kigali comme la volonté de leur gouvernement de céder une partie des terres du pays à Paul Kagame. Pour eux, l’agriculture n’est qu’un prétexte, les relents rwandais seraient plutôt militaires.
Au regard des propos dans les réseaux sociaux, devenus le canal de communication par excellence de l’expression populaire, l’opposition à cet accord est vive et devient inquiétante. En démocratie, on gouverne en tenant compte de l’opinion, même s’il n’est pas question de lui obéir aveuglément. L’obstination du gouvernement dans cet accord fait courir une grande incertitude politique dans l’évolution de cette affaire.
Ralph Justin OBILANGOULOU

 

Le reportage de la télévision rwandaise qui a mis el feu aux poudres

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