Les dirigeants de l’A.r.d (Alliance pour la République et la démocratie) plateforme politique de l’opposition extra-parlementaire, était en conférence de presse, lundi 8 août 2022, à la résidence de leur président, Mathias Dzon, au centre-ville de Brazzaville. Ils ont parlé des élections législatives et locales de juillet dernier, qu’ils ont boycottées. «Au Congo-Brazzaville, les lampions se sont éteints sur les séances extraordinaires de nomination des députés et conseillers locaux, pompeusement baptisées: «Elections législatives et locales de juillet 2022». A l’issue de cette parodie d’élections, le pouvoir crie au plébiscite et exulte», ont-ils déclaré.
L’A.r.d n’a pas participé aux derniers scrutins organisés dans le pays. Lors d’une conférence de presse, samedi 25 juin 2022, son président, Mathias Dzon, avait appelé le peuple congolais au boycott de ces échéances électorales. «Les élections de juillet 2022 sont une affaire exclusive du P.c.t, de ses alliés et de ses complices. De fait, des accords électoraux ont été conclus entre eux, accords aux termes desquels des quotas de députés ont été accordés aux collabos», avait-il déclaré, pour justifier le boycott de ces élections par son mouvement politique.
Ainsi, pendant la conférence de presse du lundi 8 août dernier, les dirigeants de l’A.r.d se sont attelés à critiquer ce processus électoral. Leur première cible a été le Premier ministre. «Dans l’interview qu’il a accordée à la Télévision nationale, le jeudi 21 juillet, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso, qui n’a pas le triomphe modeste, fait le fanfaron, au lieu de faire le profil bas. Répondant à une question sur le score stalinien attribué, dès le premier tour, au P.c.t, il a déclaré avec une arrogance sans mesure: «La politique du P.c.t et du pouvoir est très appréciée des Congolais», a dit Elo Dacy dans le propos liminaire qu’il a prononcé.
«Cette étrange et fallacieuse affirmation relève de la propagande nauséabonde dont le P.c.t a le secret, car les résultats dont le Premier ministre se vante ont été acquis de manière frauduleuse, comme nous le montrerons plus avant. En outre, Monsieur Anatole Collinet Makosso parle, sans doute, d’un autre pays que le Congo-Brazzaville que la politique de son gouvernement a plongé dans une faillite totale sur tous les plans et où le mécontentement populaire a atteint des sommets. Mouyondzi en est l’éclatante illustration», a-t-il poursuivi.
«Sans surprise donc, tous les caciques du P.c.t et leurs alliés, investis en qualité de candidats aux élections législatives, ont été nommés députés. Quant à leurs complices, des partis se réclamant faussement de l’opposition, à qui le pouvoir avait attribué des quotas de députés, ils ont eu, eux aussi, leur part du gâteau électoral. De la sorte, comme le P.c.t l’avait promis, la mouvance présidentielle a donné au Président de la République, une très forte majorité mécanique à l’Assemblée nationale. Ce, au moyen de fraudes électorales monumentales, documentées par de nombreuses vidéos et dénoncées de toutes parts sur l’ensemble du territoire national», a-t-il déclaré.
Selon l’A.r.d, le Président de la République a échoué
Poursuivant la lecture du mot liminaire, Elo Dacy a indiqué que «l’analyse des résultats obtenus par chacun des clans qui composent le pouvoir révèle que le plan mis en œuvre par le Président de la République, pour donner au dauphin désigné, une majorité confortable à l’hémicycle, a échoué. Comme lors de son dernier congrès où il avait fait échec à la volonté du Chef de l’Etat de faire de son fiston, le secrétaire général du P.c.t, l’appareil de ce parti a fait échouer, une fois de plus, le plan du Président de la République de nommer majoritairement, en qualité de députés, des candidats favorables à son fils. Toutefois, la victoire de l’appareil du P.c.t sur le Président de la République et son fils est une victoire à la Pyrrhus, car le Chef de l’Etat congolais continue de détenir la réalité du pouvoir qu’il exerce sans partage depuis près de quarante ans. Rien ne changera fondamentalement. Pour l’essentiel, ce sera toujours le fait du prince. Pour reprendre une expression consacrée, il s’agira d’un changement dans la continuité, c’est-à-dire, la poursuite de la marche du Congo vers le chaos… En tout état de cause, les contestations bruyantes des résultats proclamés qui fusent des quatre coins du Congo profond montrent à suffisance que les résultats publiés par le pouvoir ne respectent pas la vérité des urnes», a-t-il conclu.
Des observateurs électoraux critiqués
Répondant aux questions des journalistes, Mathias Dzon s’en est pris aux observateurs électoraux. «C’est ici l’occasion de dénoncer, avec la plus grande fermeté, les soi-disant observateurs de la société civile congolaise, du Comité de suivi pour la paix, structure que dirige Marius Mouambenga, ainsi que les observateurs africains et internationaux, copieusement arrosés par le pouvoir, qui ont, d’une part, prétendu que les élections législatives et locales des 4 et 10 juillet 2022 étaient des élections libres, transparentes, équitables et crédibles et ont volontairement omis d’indiquer qu’à l’exception de quelques circonscription électorales réellement acquisses au pouvoir, le taux général de participation a été très bas, particulièrement dans les villes», a-t-il déclaré. Aux «mensonges» des observateurs, «l’A.r.d oppose les témoignages poignants et accablants des candidats et des électeurs, témoignages documentés par plusieurs vidéos, largement diffusées sur les réseaux sociaux», a martelé Mathias Dzon.
Le dialogue national, seule solution pour l’A.r.d
Selon les dirigeants de l’A.r.d «la crise économique, financière, sociale, sanitaire, politique, électorale et sécuritaire qui traverse de part en part le Congo s’approfondit chaque jour davantage et plonge le peuple congolais dans une détresse totale. La question fondamentale qui se pose, dès lors, est celle de savoir comment sortir notre patrie de cette tragédie. L’A.r.d réaffirme, avec force, que malgré les élections honteuses des 4 et 10 juillet 2022 dont elle rejette les résultats frauduleux, et dans l’intérêt de la paix, de l’unité, de la concorde et de la réconciliation nationale, la seule, unique et bonne solution pour sauver le Congo est la convocation, par le Président de la République, d’un vrai dialogue politique national, rassemblant sans exclusive toutes les forces politiques et sociales de la Nation. Il est pour le moins étonnant que le Président Denis Sassou-Nguesso, qui propose cette solution de sagesse pour la résolution de la crise libyenne dont il est le médiateur, la refuse systématiquement pour son propre pays. Nous l’exhortons à abandonner cette politique de deux poids deux mesures et l’invitons, pour la énième fois, à convoquer dans l’urgence, ce dialogue fondateur».
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA