Depuis le retour du Président Denis Sassou-Nguesso aux affaires, en octobre 1997, le ciel se trouble de temps à autre entre le Congo et la France, en raison des affaires qui pèsent dans les relations entre les deux pays (Pétrole, disparus du beach, biens mal acquis, général Mokoko et maintenant vente aux enchères de l’avion présidentiel congolais en France ou affaire Commisimpex, etc).
Après la vente aux enchères, à Bordeaux (France), mardi 3 octobre 2023, du Falcon 7x de la Présidence de la République du Congo, utilisé par le Chef de l’Etat, qui a été adjugé à la modique somme de 7,1 millions d’euros, le gouvernement a convoqué l’ambassadeur de France, Claire Bodonyi. Même s’il avait gardé un silence de marbre depuis la saisie de l’appareil par un huissier français, le gouvernement congolais, qui ne supporte pas l’humiliation subie, a fait tout un numéro diplomatique pour faire savoir son mécontentement au gouvernement français, via son nouvel ambassadeur à Brazzaville.
Selon le porte-parole du gouvernement, le ministre Thierry Moungalla, le Falcon 7x vendu aux enchères appartient bel et bien à la République du Congo. Il servait «d’avion de commandement du Président de la République, portant les armoiries du Congo, le drapeau national. Et tout cela n’a pas empêché le juge français de procéder à la saisie puis à la vente aux enchères de cet avion, qui a d’ailleurs été bradé à une somme n’équivalent même pas à sa valeur», avait-il expliqué. Il a posté le certificat d’immatriculation de l’avion, délivré le 20 octobre 2017, par l’Anac (Agence nationale de l’aviation civile), pour étayer sa réaction. Mais, n’est-ce pas faire le médecin après la mort?
En tout cas, le gouvernement congolais s’en tient au fait que, dans les conventions internationales, il y a le principe de l’immunité des biens qui appartiennent de manière souveraine aux Etats, «par exemple, une ambassade qui se situe dans un pays étranger ne peut pas être saisie, un compte bancaire appartenant à une ambassade à l’étranger ne peut être saisi, de même, par extension, un avion appartenant à l’Etat congolais, mis exclusivement à la disposition du Président de la République, ne peut être saisi encore moins vendu. La République du Congo utilisera tous les moyens de droit, parce que la procédure n’est pas terminée, pour obtenir que le juge finisse par dire le droit et nous espérons obtenir gain de cause à tous les niveaux où cette affaire sera portée», avait expliqué le ministre Moungalla.
Mais, invitée du journal de D.r.t.v, l’ambassadrice de France a laissé entendre que «l’avion du Président, qui n’a pas été inscrit comme avion appartenant au Congo, mais appartenant à une personne, a été saisi, dans ce cadre-là, c’est-à-dire que le produit de la vente sera versé à l’homme d’affaires, en remboursement des sommes que la justice française a indiqué devoir lui être versées».
Le porte-parole du gouvernement a laissé éclater sa colère, à la suite de ces propos jugés mensongers. Il a réagi sur sa page Facebook en s’interrogeant: «Mme l’ambassadrice affirme que l’avion était «immatriculé au nom d’un particulier…». Si c’était le cas, alors pourquoi l’avoir saisi pour une dette prétendument à la charge de la République du Congo et non due par ce mystérieux particulier?». Il a critiqué la «condescendance» du propos de la diplomate française.
Ainsi, l’affaire Hojeij tourne, désormais, en un affrontement diplomatique entre Brazzaville et Paris, au grand bonheur des internautes congolais qui y assènent leurs piquants, pour envenimer la situation. Dans la capitale congolaise, des voix se sont fait entendre, pour demander que Claire Bodonyi, «accusée de mensonge sur l’avion présidentiel», soit déclarée personne non-grata au Congo. Mais, y a-t-il réellement péril en la demeure? Brazzaville n’irait peut-être pas jusqu’à expulser l’ambassadrice de France, même si l’affaire Hojeij est devenue une grande épine dans ses pieds.
Jean-Clotaire DIATOU