En 2001, dans une analyse stratégique du secteur agricole congolais, un expert congolais écrivait: «L’agriculture congolaise se caractérise particulièrement par son incapacité à couvrir les demandes croissantes des populations congolaises en produits alimentaires et autres biens et services. Elle ne procure que de faibles revenus aux actifs agricoles. C’est une agriculture itinérante, déforestante, défrichante et brûlante. La production agricole largement déficitaire, ainsi que la pauvreté des actifs agricoles et celle de la majorité des populations rurales et urbaines constituent à la fois les causes et conséquences des fortes pressions et pertes de la diversité biologique».

Ainsi, à cause du déficit de la production agricole, les Congolais sont obligés d’importer l’essentiel des denrées alimentaires qu’ils consomment. Les dernières statistiques indiquent, par exemple, qu’en 2016, le Congo a importé pour 1,2 milliard de dollars américains (environ 727,2 milliards de francs Cfa) de produits alimentaires, représentant 75% de ses besoins. Ce montant élevé d’importation alimentaire est dû, d’après la F.a.o, à la faible production agricole au niveau national. Le pays a même enregistré un taux de prévalence de l’insécurité alimentaire de l’ordre de 30,5% pour la période de 2014 à 2016.
Après les slogans des années 80 et 90 comme «une école, un champ», «l’agriculture priorité des priorités», le pays a mis en œuvre, à partir d’octobre 2009, le programme des nouveaux villages agricoles, adossé à une structure financière créée par la loi n°22-2005 du 28 décembre 2005, le Fonds de soutien à l’agriculture.

Le travail dans les Zap s’appuie aussi sur la mécanisation.
Le travail dans les Zap s’appuie aussi sur la mécanisation.

Début 2009, le F.s.a reçoit une subvention annuelle de l’Etat de 5,291 milliards, dont 1,291 milliard pour les dépenses de fonctionnement et 4 milliards de francs Cfa pour les crédits aux promoteurs de projets agricole. En 2015, le F.s.a reçoit une autre subvention de 11 milliards de francs Cfa, pour financer les acteurs agricoles. Comme les précédentes années, tout cet argent finira par des crédits en grande partie non remboursés à des cadres qui étaient loin de réaliser des projets agricoles.
Quant aux nouveaux villages agricoles, trois verront le jour, Nkouo, Imvouba et Odziba au Nord de Brazzaville dans le Département du Pool, pour la production des œufs de table, des poulets de chair, des légumes, de tubercule de manioc, etc. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, après près d’une vingtaine de milliards engloutis pour leur construction.
Depuis l’année dernière, le Congo a donné une nouvelle orientation à sa politique agricole, en s’inspirant de la France, avec la création des Zap (Zones agricoles protégées). Ainsi, en juillet 2021, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Paul Valentin Ngobo, a décidé d’implanter sur le territoire national, 60 Zap, «afin de réduire le déficit commercial agricole et l’importation accrue des denrées alimentaires». Cette nouvelle stratégie de développement agricole va permettre aussi de lutter contre le chômage, en implantant les producteurs et les ouvriers agricoles sélectionnés dans les Zap, avec la mécanisation de l’agriculture, afin de les amener à se structurer, pour fonder des entreprises agricoles viables qui auront vocation de devenir autonomes et de vivifier ainsi le secteur agricole.
Ainsi, neuf Zap ont déjà vu le jour dont huit sont fonctionnels, notamment Malolo (District de Louvakou, dans le Niari), Mayéyé et Mayomina (Département de la Bouenza), Louila (District de Mindouli, dans le Pool), Etsouali et Ngo-Kouraté (Département des Plateaux), Oyendzé (District de Ngoko) et Owando (Département de la Cuvette). La stratégie semble sur la bonne voie en termes de production agricole.
A côté des Zap, le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche appuie aussi bien des projets agricoles comme la relance du projet agropastoral de Nkounzoulou, dans le District de Ngabé (Département du Pool), lancé par l’Eglise kimbanguiste. On peut aussi évoquer l’I.a.c (Incubateur agricole du Congo), une initiative lancée il y a cinq ans et qui est entrée en phase de production.
L’appui de la Banque mondiale dans le secteur agricole congolais est aussi significatif, à travers le P.d.a.c (Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale), qui a accordé une subvention de 1.762.694.433 francs F Cfa aux groupements agricoles, en vue d’accroître la production locale en denrées alimentaires de première nécessité. Prévu pour une durée de cinq ans (2017-2022), le P.d.a.c a pour objectif d’améliorer la productivité des agriculteurs et l’accès aux marchés des groupes de producteurs, des micros, petites et moyennes entreprises agro-industrielles.
Avec cette nouvelle politique agricole basée sur les Zap et l’appui financier aux secteur agricole, le Congo peut espérer réduire sa facture d’importation des denrées alimentaires. Pourvu que cette nouvelle politique réalise concrètement ses objectifs.

Ralph Justin
OBILANGOULOU

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