«L’histoire, dans tous les pays du monde, remplit une fonction individuelle et collective, c’est la fonction de la mémoire et je pense que cela vaut pour tous les peuples du monde». «Partout où il y a l’homme, il y a invention, il y a une problématique et une dynamique du progrès, donc il y a histoire au sens réel du terme» (Joseph Ki-Zerbo).
Si l’on se réfère aux nombreuses sources, l’Afrique est le continent qui renferme beaucoup plus de restes préhistoriques. Darwin écrivait déjà: «Il est probable que nos premiers parents aient vécu en Afrique plutôt que partout ailleurs». En effet, c’est dans le Sahara que le leadership africain s’est maintenu pendant les 3000 premiers siècles de l’histoire humaine. Par la suite, le climat s’est détérioré et les hommes ont dû quitter le Sahara à cause de la sécheresse. Cela pourrait justifier, également, l’occupation de la vallée du Nil et son essor. À travers cet article, nous passerons en revue quelques royaumes et empires.
C’est en Haute-Égypte que naquit une brillante civilisation, selon les premières thèses, recherches et découvertes archéologiques. En effet, l’Égypte est présentée comme la première d’une série de grandes civilisations qui ont existé en Afrique. À cet effet, elle fut l’un des creusets du monde où les peuples venus de tous les alentours contribuèrent à engendrer la civilisation qui nous fascine tant jusqu’à présent.
Les récentes découvertes archéologiques et scientifiques confirment les travaux du professeur Cheickh Anta Diop, dans son livre, «Nations nègres et culture», quant à l’antériorité de la civilisation nubienne par rapport à l’Égypte. Selon les auteurs grecs et latins, les Éthiopiens sont des Nubiens. Le toponyme de Koush qui renvoie à la Nubie est souvent rencontré. Situé au Sud de l’Égypte et s’étendant jusqu’ au Soudan central, ce royaume, appelé Koush «en hébreu noir», connut également un essor florissant. En effet, Koush (l’actuel Soudan) fait partie des premières civilisations de l’Afrique ancienne, jusqu’à sa conquête par l’Égypte. Ensuite, elle conquit l’Égypte, avant d’être reconquise et devenir plus tard grecque puis romaine. Toutefois, trois capitales se succédèrent, chacune d’elle joua un rôle primordial, à savoir (Kerma, Napata, Méroé).
Les fouilles effectuées sur le site de Kerma ont permis de découvrir de nombreuses œuvres datant de plus 70.000 ans, tandis que la civilisation égyptienne date de 3 000 ans av. J.-C. L’ancienne ville de Méroé, qui est désormais inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, fut le centre d’un royaume prospère doté d’une puissante armée et d’une brillante civilisation. Ils utilisaient les hiéroglyphes ainsi que leur propre écriture, «l’écriture méroïtique». Les terres environnantes du royaume étaient riches en minerais et parsemées de mines de fer et d’or. Deux cents pyramides furent construites dans la seule ville de Méroé. Effectivement, le Soudan actuel compte plus de pyramides que l’ensemble de l’Égypte. Au cours de son histoire, des reines guerrières appelées «les candaces» jouèrent un rôle remarquable. Elles étaient l’équivalent des pharaons, lorsqu’elles accédaient au trône.
Le Royaume d’Aksoum, qui devint le Royaume d’Éthiopie, s’est imposé comme un des royaumes importants d’Afrique de l’Est. Il avait à son actif des ports sur la Mer Rouge qui lui permettaient facilement de faire du commerce avec les pays d’Asie en particulier, l’Inde et les pays méditerranéens. La position géographique du Royaume d’Aksoum lui permit de s’imposer naturellement comme un puissant empire commercial, grâce à ses grandes richesses intérieures. Le Nil permit également au royaume de fournir des émeraudes et des pierres précieuses. L’Afrique de l’Est se convertit au christianisme. Elle possédait des gisements d’or qui lui permirent d’atteindre son apogée au IIIème siècle.
En réalité, l’Afrique noire connut, dans toutes ses régions, un essor simultané, du point de vue économique, politique et culturel, fin du XIIème siècle jusqu’à fin du XVIème siècle. Durant cette période, elle fut au sommet de sa gloire. Malgré l’islamisation progressive à partir du IXème siècle, l’animisme et le culte des anciens occupèrent une place dominante. Cependant, la période suivante peut être considérée comme une intense préparation. A cet effet, plusieurs grands royaumes africains virent le jour. Toutefois, grâce à des mouvements migratoires et des contacts d’échanges plus ou moins bénéfiques avec l’extérieur, par le truchement des Arabes, les pays d’Afrique subsaharienne atteignirent un certain équilibre et une phase d’essor démographique importante.
Ainsi, cela se traduisit par des réalisations considérables qui permirent à ces pays d’être à l’unisson du monde. Seulement, ce progrès remarquable va s’estomper à partir du XVIème siècle.
Du VIIème au XIIème siècle, d’autres vastes empires se développèrent dans le continent. Le Ghana fut l’un des premiers empires connus en Afrique de l’Ouest. Cet empire a existé dès le VIIIème siècle et a atteint son apogée au Xème siècle. Son emplacement correspond aux États actuels de la Mauritanie, du Mali et du Sénégal. Cet État animiste possédait des mosquées et des écoles, pour enseigner le coran. L’or était en abondance et servait de monnaie. En ce qui concerne le Ghana et les royaumes du Soudan, leurs prospérités provenaient d’un commerce caravanier très lucratif avec l’Afrique du Nord. Il existe actuellement un Etat africain situé entre la Côte d’Ivoire et le Togo, qui porte ce nom. Cet Etat n’a de commun avec l’ancien empire de l’Ouest que le nom. En effet, cette ancienne colonie anglaise qui s’appelait Gold Coast (Côte d’Or) accéda à l’indépendance en 1957 et prit le nom du Ghana, pour renouer avec le prestige du premier empire noir.
L’empire du Mali ou empire mandingue joua un rôle fondamental, plus que le Ghana, dans l’histoire de toute l’Afrique occidentale. Bénéficiant d’une superficie beaucoup plus grande que le précédent, cet empire réunissait plusieurs grandes parties des pays actuels tels que le Mali, la Guinée, le Sénégal, la Gambie, le Burkina Faso et la Mauritanie. Tombouctou et Djenné, deux villes reconnues aujourd’hui comme patrimoine mondial de l’Unesco, furent les deux villes les plus importantes. Le centre culturel et de propagation de la foi musulmane fut implanté à Tombouctou et son rayonnement s’étendait au-delà du Mali. Elle était également dotée d’universités où des savants du monde musulman venaient dispenser des cours. Son histoire est connue grâce à des témoignages de voyageurs et écrivains arabes, ainsi que par des sources orales transmises de génération en génération jusqu’à ce jour. En effet, la tradition orale est aussi l’une des sources de l’histoire des peuples d’Afrique noire.
L’histoire du Mali fut incarnée par son prestigieux empereur Soundiata Kéita, dont les griots de l’Afrique de l’Ouest chantent encore aujourd’hui, les louanges et les hauts faits d’armes. Grâce à une grande victoire militaire, l’empereur proclama la charte du «Mandén» à Kouroukan Fouga (du nom du territoire situé dans le haut bassin du fleuve Niger entre la Guinée et le Mali actuel). Cette Charte qui existe sous forme orale est composée d’un préambule et de sept chapitres. C’est l’une des plus vieilles constitutions au monde. Malgré la disparition de l’empire, les paroles de la charte et les rites associés continuent d’être transmis oralement. Mansa Moussa, une autre figure importante, reconnut comme l’homme le plus riche du monde, hérita d’un empire unifié, pacifié et prospère. Il fut le premier à faire un pèlerinage à la Mecque. Contrairement à l’empire du Ghana dont les souverains étaient animistes, une partie non négligeable se convertit à l’Islam. L’empire bénéficia des riches gisements d’or du Bambouk. (A suivre).
Lydie Patricia ONDZIET
Présidente de l’Association
la Trinité;
Présidente de Renaissance Alkebulan;
Membre de l’Association panafricaine d’Aquitaine;
Membre de la Plateforme des Associations féminines de développement.