L’Association l’Amicale, dont André Grenard Matsoua était le fondateur, avait quatre buts précis: 1- porter assistance aux Noirs en France; 2- revendiquer pour les Congolais et pour tous les originaires de l’Afrique équatoriale française (l’A.e.f), la voix au chapitre dans la gestion de l’Empire; 3- s’élever contre le Code de l’Indigénat qui réquisitionnait les Africains pour les travaux d’utilité publique dénoncés comme des travaux forcés déguisés, par les anticolonialistes; 4- demander l’indépendance des autres colonies de l’A.e.f.

Dieudonné Antoine-Ganga.
Dieudonné Antoine-Ganga.

C’est dans ce contexte que le 26 janvier 1928, il envoya au Président du Conseil, M. Raymond Poincaré, en faveur du gouverneur général Antonetti, contre qui une campagne sévère venait d’être engagée par les concessionnaires dont les privilèges semblaient être remis en cause par cet administrateur, une lettre dans laquelle il dénonça également l’asservissement et l’exploitation dont étaient victimes ses frères compatriotes du Nord de notre pays, alors Congo français, par les compagnies concessionnaires des frères Tréchot qu’il qualifia par ailleurs de «vautours et oiseaux de proie». Voici ce qu’il y écrivit en substance:
«…Monsieur Antonetti a eu, il y a un peu de temps, l’occasion de constater de quelle façon les frères Tréchot, administrateurs d’une Compagnie française du Haut et du Bas-Congo (C.f.h.b.c) au capital de cent millions de francs, eux-mêmes plusieurs fois millionnaires, entendaient augmenter leur capital au détriment des Noirs de mon pays. Vous ignorez, Monsieur le Président, que pour une poignée de sel, les frères Tréchot se faisaient facilement remettre cent kilos de caoutchouc ou d’autres produits du Congo français, et d’autres agissements encore, ont forcément amené Monsieur Antonetti, lorsqu’ils les ont commis à les réprouver et les faire cesser, d’où campagne par les frères Tréchot et consorts, gens assoiffés de capitaux, contre Monsieur Antonetti. Nous avons, du reste, l’appui de presque toutes les compagnies ou sociétés commerciales et industrielles du Congo français, lesquelles compagnies ou sociétés sont membres bienfaiteurs ou honoraires de notre société, sauf bien-entendu, la compagnie des frères Tréchot, qui dédaigne les Noirs qu’elle exploite. Vous avez dans différents articles, eu l’occasion de parler de cette campagne, et l’éditorial du jeudi 1er septembre 1927, a eu mon entière approbation et m’a fait le plus grand plaisir et je ne pourrai que prendre la défense de Monsieur Antonetti, chaque fois que j’en aurai l’occasion, car mes frères Congolais et moi-même ne pouvons que nous louer d’avoir à la tête de notre cher beau pays, un homme de cœur aussi loyal, aussi bienveillant que Monsieur Antonetti, à qui nous souhaitons ici, longue vie et toute la santé désirable pour le voir le plus longtemps possible diriger et développer les destinées de mon pays, le Congo français, dont les richesses immenses seraient entièrement accaparées par les vautours et oiseaux de proie de l’espèce Tréchot et consorts, si notre cher gouverneur général n’y avait pas mis ordre à temps. Il est de toute justice, que chacun profite au prorata de son activité et de ses peines, des immenses richesses et qu’elles ne soient plus la propriété exclusive des gens qui n’ont reculé devant rien pour se les approprier».
De son combat politique, André Grenard Matsoua disait, dans une lettre qu’il envoya, le 8 février 1941, à l’administration coloniale: «Je combats la domination. Je lutte pour l’égalité pour notre émancipation en tant qu’individus et en tant que peuple. L’aspiration que nous représentons est partagée par l’ensemble de notre peuple. La répression que vous avez cru avoir développée contre l’Amicale, n’a pas réussi à décourager le peuple considéré. Bien au contraire! Elle a provoqué un radicalisme de notre mouvement. Nos villages connaissent des saccages incessants. Et cependant, on ne note aucun signe de défection au sein de notre peuple. Certains de mes compagnons de lutte ont été exécutés sommairement. Je veux parler de M’biémo, Milongo, Mbemba et tant d’autres. Mais notre combattivité, l’adhésion populaire à votre opposition se sont accentuées. D’autre part, nous ne cesserons pas de demander l’indépendance des autres colonies de l’Afrique équatoriale française (l’A.e.f). Tout cela devrait vous faire réfléchir».
Ce qui amena Monsieur De Buttafoco, alors administrateur français de la Région du Pool, à déclarer: «Vous les matsouanistes, vous exagérez: au lieu de limiter vos revendications d’autonomie au seul territoire du Moyen-Congo, vous avez voulu les étendre sur toute l’A.e.f, ne nous laissant aucun lopin de terre dans cette région. Voilà votre bêtise, voilà ce qui rend difficile votre tâche». (Sic).

Dieudonné
ANTOINE-GANGA.

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