Anguios Nganguia-Engambé, président du P.a.r

«Le P.a.r milite pour la tenue d’un dialogue national sans exclusive»

Ancien candidat à l’élection présidentielle depuis 2009, Anguios Nganguia-Engambé, président du P.a.r (Parti pour l’action de la république mâ), situé à l’opposition, donne son point de vue sur la situation politique nationale, depuis qu’un coup d’Etat s’est produit dans un pays voisin, le Gabon. Pour lui, de tels évènements peuvent constituer une menace pour la vie démocratique, si certaines dispositions ne sont pas prises, comme la tenue d’un dialogue national sans exclusive. Interview!

* Monsieur le président du P.a.r, comment se porte votre parti,  car on vous entend très rarement?
** Merci Monsieur le journaliste pour l’opportunité que vous nous donnez de nous exprimer à travers les colonnes de votre journal. Le P.a.r se porte très bien. Au mois de septembre dernier, nous avons procédé à une importante décision, sur le plan financier, pour relancer notre parti. En effet, malgré la conjoncture économique très difficile que traverse notre pays, nous avons soldé les arriérés des membres du Bureau politique du P.a.r et ceux des employés du groupe Cogeno business plan qui ont du reste touché en avance leur salaire du mois de septembre, pour leur permettre de préparer la rentrée scolaire de leurs enfants. Ainsi, tous les arriérés des mois de mai, juin, juillet et août et certaines dettes dues aux clients et fournisseurs des prestataires de services ont été soldés à 40%. Tout a été fait le lundi 18 septembre 2023. A partir de là, les activités du P.a.r et celles du groupe Cogeno business plan sont relancées.
Anguios Nganguia-Engambé, président du P.a.r.
* L’actualité en Afrique centrale a été marquée, le 30 août dernier, par un coup d’Etat au Gabon, ce qui a amené les opinions publiques, dans les pays d’Afrique centrale, jusque-là épargnés, à spéculer sur ce genre d’évènements. Qu’est-ce que vous en pensez au niveau de votre parti?
** En tant que démocrates, nous sommes opposés à la prise du pouvoir par la force. C’est une question de principe, de valeurs qui nous animent. Maintenant, il faut regarder pourquoi ces coups d’Etat surviennent de plus en plus en Afrique. C’est parce que les pouvoirs en place, dans certains pays, se sont mis à confisquer la démocratie, par l’institution de la tricherie électorale, comme stratégie de conservation du pouvoir. L’alternance démocratique n’est plus possible, quand le peuple le décide dans les urnes. Un pouvoir qui n’est plus porté par le peuple, s’expose au coup d’Etat. C’est ce qui s’est passé au Gabon et précédemment en Guinée-Conakry. Quand un peuple applaudit un coup d’Etat, c’est qu’il en avait marre du pouvoir. C’est facile à comprendre.
Donc, en tant que démocrates, nous sommes opposés à la prise du pouvoir par la force. Mais, nous sommes aussi opposés à la confiscation du pouvoir par la tricherie électorale. Il faut toujours laisser le peuple s’exprimer librement par les urnes, à travers des élections justes, équitables et transparentes. Il ne faut pas imposer des dirigeants au peuple. Il faut laisser le peuple choisir ses dirigeants et apprendre de ses erreurs s’il fait des mauvais choix. Chaque fois qu’on a voulu imposer des dirigeants au peuple, ça s’est toujours mal terminé.
* Le mauvais choix de dirigeants peut parfois déboucher sur l’instabilité voire le désordre, comment faire dans ce cas?
** Donc, vous voulez dire que la tricherie électorale peut se justifier? Autrement, ce n’est plus la peine d’être en démocratie! Non, la démocratie ne peut pas être performante si les élections ne sont pas justes, équitables et transparentes. A l’élection présidentielle, les candidatures sont validées par la Cour constitutionnelle. Ce qui suppose que tous ceux dont les candidatures sont validées, sont jugées à même de présider aux destinées de la Nation et le peuple choisit son futur Président parmi les candidats validés. Comment peut-on encore dire que le peuple fait des mauvais choix? Vous savez, «personne n’est indispensable», «personne n’est irremplaçable». Vous connaissez ces citations. Bien sûr, chacun a ses qualités. Mais, c’est quand on pense qu’on est indispensable qu’on s’engage dans une mauvaise voie.
* Faut-il craindre une contagion de ce qui s’est passé au Gabon, dans les autres pays de la sous-région?
** Certains le disent. Il y a même des journalistes qui ont cité les pays où ça peut subvenir à court terme. Mais, il ne faut jamais oublier que chaque peuple a son histoire, même si on peut s’inspirer d’un événement qui s’est passé ailleurs. Je sais qu’il a y eu une rumeur de coup d’Etat à Brazzaville, au mois de septembre dernier, que le gouvernement a dû démentir. La maturité politique du peuple congolais est telle qu’il apprend de son histoire.
En 1963, il y a eu un mouvement populaire qui a provoqué le renversement du premier régime démocratique. En 1968, les militaires sont arrivés au pouvoir et nous avons vu deux tentatives de coups d’Etat qui se sont soldés dans le sang. Nous avons vécu le drame de l’assassinat d’un Chef d’Etat dans son palais, avec des conséquences néfastes sur l’unité nationale, se traduisant par l’assassinat d’un éminent homme d’Eglise. Nous avons connu une instance strictement militaire au sommet de l’Etat et les contradictions qui l’ont disloquée.
Après la Conférence nationale souveraine, le Congo a connu, en 1992, pour la première fois, une alternance démocratique pacifique au pouvoir, avant de sombrer dans des guerres politiques fratricides qui nous ont laissés comme héritage, la dissémination des armes de guerre qu’on n’arrive pas à ramasser correctement. Pensez-vous que dans un tel contexte un coup d’Etat soit salvateur pour les Congolais?
Je pense que nous sommes condamnés à perfectionner notre démocratie, en améliorant l’organisation des élections, en luttant contre la tricherie et les résultats de laboratoire, pour que notre démocratie soit capable de produire l’alternance que le peuple souhaite de plus en plus. C’est pourquoi le P.a.r milite pour la tenue d’un dialogue national sans exclusive, qui permette à la Nation unie d’aborder les questions de fond qui tournent autour du partage du pouvoir, la gestion de l’Etat, pour que l’alternance ne soit pas vécue comme une fatalité pour certains et un triomphe égoïste pour les autres.
La situation est telle qu’il y a des menaces, ne fut-ce qu’à partir des événements qui se produisent dans d’autres pays comme le Gabon. Il ne faut pas minimiser ces menaces qui peuvent peser sur notre vie démocratique. C’est pourquoi, pour les contrer, notre parti soutient les initiatives politiques basées sur le dialogue. Il faut se parler pour se rassurer. Il ne sert à rien de faire cavalier seul, car on peut aboutir facilement à une impasse.
Propos recueillis par Urbain NZABANI

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