Ainsi donc, le Congo-Brazzaville a échoué dans son ambition de conquérir la direction générale de l’Unesco. Plus que l’échec, c’est son ampleur qui est affligeante: à peine 2 voix sur les 57 votants, dans un corps électoral de 58 Etats inscrits, les Etats-Unis ayant annoncé leur désengagement de l’Unesco. Ce qui signifie que même les amis africains, une quinzaine, nous ont abandonnés. Le sujet fait couler beaucoup d’encre et de salive chez les Congolais. Il y a sans doute beaucoup de facteurs qui expliquent la débâcle du Congo. Nous n’avons voulu en retenir qu’un: l’absence de base consensuelle au niveau national et continental. Mais, en conclusion, le vin est tiré, il faut le boire. Le Congo a tenté une aventure qui n’a pas marché, au Président de la République et à son gouvernement d’assumer le choix de cette option politique, en rassurant les Congolais.
Autant le candidat a les atouts nécessaires pour répondre à l’ambition que son pays a exprimée, autant le Congo a mal ficelé sa candidature, en ne lui conférant pas une base consensuelle et ensuite en la gérant mal.
D’abord la tutelle. Rien n’était aussi clair. Quel département ministériel devait assurer la tutelle de cette candidature? Bien sûr, c’est le Ministère en charge des affaires étrangères. Mais, pas que lui. Principal partenaire de l’Unesco, le Ministère de l’enseignement supérieur, qui assure la présidence de la Commission nationale congolaise pour l’Unesco, devait aussi être impliqué autant. C’est en effet en sa qualité de présidente de la Commission nationale congolaise pour l’Unesco que la ministre de l’enseignement supérieur participe à la Conférence générale de l’Unesco, l’instance de base qui élit le directeur général de l’Unesco, une fois que sa candidature est présentée par le Conseil exécutif. A ce niveau, ce département ministériel avait un rôle particulier à jouer. Mais, le sujet étant transversal, il implique aussi d’autres départements ministériels, notamment le Ministère en charge de la culture, celui chargé de la recherche scientifique et celui chargé des nouvelles technologies de la communication.
Ensuite le budget! Le budget de cette candidature devrait couvrir les activités des départements ministériels impliqués et figurer dans le projet de loi de finances 2025. Ce qui n’a pas été le cas, en raison du fait que la candidature congolaise est la conséquence d’un fait accompli de dernier moment et non la résultante d’une décision planifiée. Au niveau de l’Unesco, les candidatures sont ouvertes presque deux ans avant.
Du coup, le financement de la campagne relative à cette candidature s’est fait hors-budget et même si le candidat a été nommé ambassadeur itinérant, cela ne peut justifier, au regard de la loi des finances, les montants exorbitants décaissés pour le financement des missions de campagne menées par les membres du gouvernement à travers le monde.
Enfin, au niveau continental, la candidature du Congo n’a pas eu la base légale qui lui était obligatoire. Elle s’est faite en violation de l’Acte constitutif de l’Union africaine. En effet, suivant le rapport du Comité ministériel sur les candidatures africaines au sein du système international, c’est la candidature de l’Egypte qui avait été examinée et adoptée, pour être soumise à l’approbation des Chefs d’Etat, lors du 38ème sommet en février 2025. En présentant sa candidature en mars 2025, le Congo avait tout simplement passé outre les principes de l’Union africaine, s’exposant ainsi aux sanctions prévues à l’Article 23 de l’Acte constitutif de l’Union africaine. N’ayant pas son aval, la candidature du Congo ne méritait pas d’être maintenue. Le Président de la République aurait pu prendre la décision de la retirer.
D’ailleurs, notre candidature n’était même pas endossée par la C.e.e.a.c (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), lors de son sommet du 7 septembre 2025, à Sipopo, à Malabo (Guinée Equatoriale), où le Président de la République était représenté par son Premier ministre Anatole Collinet Makosso. Le communiqué final de la C.e.e.a.c renvoyait le Congo à s’entendre avec l’Egypte, étant entendu que la candidature égyptienne était déjà adoptée par l’Union africaine et que la C.e.a.c ne pouvait pas passer outre.
S’il fallait évoquer, ensuite, les aspects diplomatiques et même politiques, il y a de quoi se poser la question de savoir: pourquoi le Congo est-il allé en confrontation contre un pays frère, l’Egypte? Pourtant, le Président de la République, recevant le ministre égyptien des affaires étrangères, en mars dernier, avait rassuré son homologue égyptien du soutien du Congo. L’Egypte s’engageant, en retour, à renforcer sa coopération économique avec le Congo, par de nouveaux investissements. Tout ça, c’est maintenant dans l’eau, le Congo ayant retourné sa veste, on ne sait pour quelle raison.
Dans une compétition électorale il n’y a que deux résultats: gagner ou perdre. Le Congo a joué et perdu. Au Président de la République d’assumer, pour éviter toute attitude de recherche de bouc-émissaire, tellement la déception est grande chez les Congolais. Bref, le vin est tiré, il faut le boire.
Jean-Claude DIATOU








