Dans un rapport de vingt pages sur l’observation des élections législatives et locales de juillet 2022, la coalition Tournons-la-page Congo appelle à «l’urgence de réformer fondamentalement la gouvernance électorale». Ce rapport, présenté à la presse, vendredi 16 septembre 2022, au C.i.o (Centre interdiocésain des œuvres), à Brazzaville, fait en effet le constat que les élections au Congo, au regard des irrégularités et des cas de tricherie, ne servent pas à renforcer la démocratie, promouvoir la paix et la stabilité dans le pays. Beaucoup de problèmes portant sur la gouvernance électorale sont demeurés irrésolus, en dépit des concertations politiques préludes auxdites élections.
Selon la coalition Tournons-la-page, «les élections législative et locales de juillet 2022 ont une nouvelle fois été un rendez-vous manqué entre le pays et sa démocratie. Tout s’est passé comme si l’on n’a jamais vécu des expériences électorales et que les leçons n’ont jamais été tirées. Les mêmes causes ayant reproduit les mêmes effets. Pourtant, en 2021, à l’approche de la tenue de l’élection présidentielle, entre autres acteurs, les évêques du Congo interpellaient les autorités publiques, les acteurs politiques et toutes les personnes de bonne volonté en ces termes: «En outre, des élections libres et transparentes, comme nous le disions dans ce même message, supposent: une commission électorale indépendante et crédible, des cartes électorales biométriques, un recensement administratif fiable et un découpage électorale qui tienne compte de la configuration démographique du pays», avant de renchérir: «Pour n’avoir pas mis en place un cadre consensuel d’organisation des dernières élections, des contrées plus peuplées sont aujourd’hui sous-représentées à l’Assemblée nationale, tandis que d’autres moins peuplées sont surreprésentées. Et beaucoup de problèmes nés de ces élections n’ont pas été résolus à ce jour; et on s’apprête à rééditer cet exploit. Notre peuple est fatigué de ces élections qui fragilisent la cohésion sociale et entachent l’image de notre pays à l’étranger».
Il faut indiquer que le rapport de Tournons-la-page sur les élections s’inscrit dans le cadre de l’exécution du volet gouvernance électorale du Projet «Renforcement de la citoyenneté active en vue du développement en République du Congo». La coalition rappelle que «les préparatifs desdites élections n’ayant obéi à aucune mesure de transparence, une partie de l’opposition politique, notamment l’Alliance pour la république et la démocratie (A.r.d) et la Fédération de l’opposition congolaise (F.o.c) a appelé au boycott et demandé au Président de la République la tenue d’un dialogue national inclusif».
Après les élections durant lesquelles de nombreuses irrégularités et cas de tricherie ont été relevées, et des résultats dont certains ne reflètent pas la réalité sortie des urnes, tous les recours introduits à la Cour constitutionnelle ont été systématiquement rejetés, évoquant l’absence de preuves convaincantes. Ce faisant, la coalition a réitéré les recommandations consignées dans son rapport sur l’amélioration de la gouvernance électorale, publié en janvier 2021. «Que la Cour constitutionnelle rende des décisions qui soient justes ou mauvais, sa composition est de nature à remettre en cause son indépendance et même sa crédibilité». Le rapport se referme sur des recommandations destinées au gouvernement, au parlement, au pouvoir judiciaire, à la Commission nationale électorale indépendante, aux partis politiques, aux médias, à la Force publique, à la société civile, à la population et à la communauté internationale.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA