Fac (Forces armées congolaises)
Le processus de recrutement entaché par une bousculade meurtrière à Brazzaville
37 personnes ont trouvé la mort et 90 autres ont été blessées lundi 20 novembre 2023, lors d’une bousculade meurtrière survenue à 23h à l’entrée du Stade Michel-d’Ornano, situé en face de l’Hôtel Bikoumou, vers le C.e.g Nganga Edouard, dans le troisième arrondissement Poto-Poto, à Brazzaville. Des centaines, peut-être des milliers de jeunes s’étaient rassemblés, pour avoir de la place et obtenir, le lendemain matin, la fiche de renseignement à remplir, afin de se faire enrôler dans les rangs des Fac (Forces armées congolaises), conformément à l’ordre d’appel n°054/P.r-Cab du 26 février 2023, pour le recrutement de 1500 jeunes gens des deux sexes, de nationalité congolaise, pour servir dans l’Armée de terre, la Marine nationale et l’Armée de l’air.
Selon l’ordre d’appel signé par le contre-amiral Bienvenu Ebissou, directeur de l’organisation et des ressources humaines de l’Etat-major général des Fac, parmi les critères exigés, il faut «être âgé de 18 ans au moins et de 25 ans au plus à la date d’incorporation; être titulaire d’un brevet d’études du premier cycle (B.e.p.c) ou équivalent; $etre apte au service militaire et être célibataire et sans enfant et n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale».
Le dossier de candidature comprend «une demande manuscrite adressée au chef d’état-major général des Forces armées congolaises, deux copies légalisées d’acte de naissance, deux cartes photo en couleur, format identité, une copie dûment légalisée du diplôme, un certificat de nationalité et un extrait du casier judiciaire datant d’au moins de trois mois au plus».
Depuis la semaine dernière, certains endroits où les candidats doivent se faire établir les documents de candidature sont pris d’assaut par les jeunes congolais. Le chômage étant massif au sein de la société congolaise, le recrutement dans l’armée, comme précédemment les concours d’entrée dans la gendarmerie et la police dont on attend toujours les résultats, suscite une ébullition sociale. Dix, quinze voire vingt mille jeunes et peut-être plus à travers le pays, pour mille cinq cents places, allez-y comprendre!
Le processus de recrutement dans l’armée est tel qu’à compter du mercredi 29 novembre, les candidats retenus seront convoqués et soumis aux tests psychotechniques, aux visites médicales d’aptitude, aux épreuves physiques et sportives et ces différents tests et épreuves ont chacun un caractère éliminatoire.
Selon des témoins, le drame du Stade Michel-d’Ornano a eu lieu lundi 20 novembre vers 23h, lorsque la foule était nombreuse et impatiente pour entrer dans le stade, afin de se faire enrôler. D’après les mêmes sources, les blessées ont été transportés dans les hôpitaux voisins, notamment l’Hôpital militaire et le C.h.u (Centre hospitalier universitaire). La bousculade meurtrière se serait produite lorsque les candidats ont franchi de force la porte d’accès. Certaines personnes sont tombées à l’intérieur du stade, se blessant grièvement et d’autres auraient trouvé la mort après avoir été piétinées par la foule. Le site d’enrôlement était encombré au moment du drame. Le nombre de morts pourraient s’alourdir, à cause des personnes blessées qui sont dans un état grave. Le Haut-commandement militaire s’est rendu sur les lieux, aussitôt après l’incident.
Les autorités doivent réévaluer la gestion du site ainsi que les mesures de sécurité liées au processus de recrutement à l’armée et initier une enquête sur cette sanglante bousculade. On attend ce mardi 21 novembre, la réaction du gouvernement face à ce drame qui aurait pu être évité, si les conditions de recrutement étaient améliorées face à l’affluence massive des candidats.
Roland KOULOUNGOU
Comment est arrivé le drame du Stade Michel-d’Ornano?
Depuis quelques jours, l’administration des Fac (Forces armées congolaises) est en pleine opération de recrutement au sein de ses différents corps. L’opération se passait d’abord au siège de la Zab (Zone autonome de Brazzaville), à côté du Mausolée Marien Ngouabi, au centre-ville. Les candidats étaient regroupés, par centaines, au niveau du jardin clôturé situé en face du mausolée. On les prenait par petit groupe d’une dizaine, en les faisant traverser la chaussée goudronnée, pour entrer à la Zab.
Au regard de la foule de candidats qui ne cessait de grossir dans ce jardin, les autorités militaires ont décidé de délocaliser l’opération de recrutement au Stade Michel-d’Ornano. Les candidats attendaient dans les alentours du C.e.g Nganga Edouard et on les faisait entrer au stade par petits groupes. Lundi 20 novembre dernier, les gens étaient encore là nombreux à 22h, en train d’attendre. Vers 23h, on ne sait sur ordre de qui, mais le groupe de policiers au nombre très limité qui assurait la sécurité publique a ouvert le portail du stade, situé en face de l’avenue goudronnée. La foule s’y est précipitée pour entrer, car il fallait avoir de la place, pour être parmi ceux qui allaient être sélectionnés le lendemain pour l’introduction des dossiers, après le remplissage de la fiche de renseignement, surtout que des rumeurs de toutes sortes circulaient parmi les candidats. Un effet d’entonnoir s’est créé au portail, avec la pression de la foule estimée entre trois et cinq mille personnes. Il y a des gens qui sont tombés et qui ont été piétinés. Certains sont ainsi morts par étouffement, asphyxie, choc traumatique, etc, et d’autres blessés.
Ce sont les services du Commandement de la sécurité civile (sapeurs-pompiers) qui ont organisé très vite les secours. Au total, 116 blessés ont été transportés à l’Hôpital central des armées Pierre Mobengo et au C.h.u (Centre hospitalier et universitaire), à l’aide de cinq ambulances. Certains blessés ont rendu l’âme en cours de route ou à l’hôpital. Les sapeurs-pompiers ont aussi assuré le transfert de 37 corps de victimes, à la morgue municipale. Mais, à la morgue municipale est affichée une liste de 54 morts.
Le gouvernement, sur décision du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, a mis sur pied, dès le mardi 21 novembre dans la matinée, une cellule de crise placée sous son autorité, alors qu’une communication sur ce drame est attendue ce mardi.
R. KOULOUNGOU
Dorénavant le haut commandement des Fac. Devrait créer beaucoup de sites pour l’enrôlement des jeunes. A notre époque ça se passait même dans les communes
Sans bousculade.