Sommet Russie-Afrique. Rien de nouveau dans la forme depuis que la France, ancienne puissance colonisatrice, avait lancé cette initiative, dans les années 70, qui se retournera d’ailleurs contre elle, en étant rebaptisée sommet «françafrique», pour décrier les relations mafieuses entre dirigeants européens et africains. Depuis, la France, pour ne pas perdre la main, l’a renommée sommet Afrique-France.
Quoiqu’il en soit, les grandes puissances politico-économiques de la planète ont retenu la leçon, en se dotant, chacune, de sommets Etats-Unis/Afrique, Chine-Afrique, Europe-Afrique et Russie-Afrique. Continent le plus courtisé de la planète, l’Afrique est aussi celui qui est le plus marginalisé dans la conduite des affaires du monde. Il n’a pas sa place parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Ne parlons pas du G7 dont la Chine et l’Inde ne font même pas partie, étant entendu que ce sont les sept pays les plus riches du monde. Seul un pays africain, l’Afrique du Sud, fait partie du G20. Le continent n’abrite aucun siège d’une organisation internationale liée aux Nations unies.
Donc, la Russie s’est aussi lancée dans la diplomatie de courtiser le continent africain. La plus grande annonce du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, c’est le don de céréales. «Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 à 50 mille tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République Centrafricaine et à l’Érythrée», a annoncé Vladimir Poutine, le leader de la Fédération de Russie, à la grande joie des Africains qui apprécient beaucoup de recevoir des dons.
Mais un Chef d’Etat, qui foulait pour la première fois les salons feutrés des rencontres internationales, ne s’aligne pas dans cette vision. Son discours, sans support écrit, comme tout bon révolutionnaire africain des années 60 et 70, a bousculé les habitudes diplomatiques et dérangé les aînés dans les acquis de leur confort politico-diplomatique.
Se présentant en treillis militaire coiffé d’un béret rouge dans une rencontre internationale, comme son illustre prédécesseur, le révolutionnaire capitaine Thomas Sankara, l’homme fort du Burkina Faso, le jeune capitaine Ibrahim Traoré (35 ans), a pris le toupet de signifier aux Chefs d’Etat africains d’arrêter de tendre la main. «Camarade Président Vladimir Poutine; camarades Chefs d’Etat africains; camarades chefs de délégations…», commence-t-il son discours. «Ma génération me charge aussi, de dire que, par ce fait de pauvreté, ils sont obligés de traverser l’océan, pour essayer de rallier l’Europe. Ils meurent dans l’océan. Mais, que prochainement, ils n’iront pas traverser, mais qu’ils iront devant nos palais, pour chercher leur pitance quotidienne». Si ce n’est un appel aux révolutions de palais, tant mieux pour les dirigeants africains !
Et le capitaine Traoré a poursuivi son intervention, en enfonçant le clou: «… Hier, le Président Poutine a annoncé l’envoi des céréales, nous sommes bien contents. Nous lui disons merci pour cela. Mais aussi, c’est un message passé à nos Chefs d’Etat africains, parce qu’au prochain forum, nous ne devons pas venir ici, sans avoir assuré, pour ceux qui ne connaissent pas la guerre, l’auto-suffisance alimentaire de nos peuples». Bref, pour le Burkinabe, l’Afrique doit arrêter de faire le commerce de la pitié, pour se battre à améliorer son sort. On verra au prochain sommet!

L’HORIZON AFRICAIN

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