Le Cami (Centre d’application aux métiers d’informatique), situé dans l’enceinte de l’Imprimerie nationale, à Bacongo, le deuxième arrondissement de Brazzaville, a célébré, en 2023, le dixième anniversaire de sa fondation. A cette occasion, le Réseau national des journalistes du Congo lui avait décerné le Prix de meilleur centre de formation professionnelle et qualifiante. Avec l’année de la jeunesse, décrétée par le Président de la République pour 2024, Arsène Vembé, coordonnateur du Cami, y voit la valorisation du travail de formation professionnelle de la jeunesse. Mais, il faut garantir aux jeunes formés, l’accès au monde du travail, suggère-t-il.
* Monsieur le coordonnateur du Cami, le Réseau national des journalistes du Congo a décerné un prix à votre centre de formation, quelle lecture faites-vous de ce prix?
** Merci Monsieur le journaliste de vous intéresser une fois de plus à nos activités. Ce prix vient de couronner les efforts que nous déployons dans la formation des jeunes aux métiers de l’informatique. Nous étions surpris par cette distinction et le réseau des journalistes n’a pas tapé à côté, pour porter son choix sur le Cami. Dans notre programme de formation, nous avons eu à former beaucoup de jeunes dans les métiers de l’informatique. Pendant les dix ans d’exercice, nous avons formé 4.400 jeunes. Ce prix a été dédié à l’équipe d’encadrement, parce que sans elle, cela n’aurait pas été possible.
* Le Président de la République a proclamé 2024 comme année de la jeunesse. Qu’est ce que cela vous inspire-t-il?
** Dans ce pays, il y a eu plusieurs programmes de formation pour les jeunes. Je peux citer les programmes auxquels moi j’ai participé, notamment le P.d.c.e qui est le programme d’employabilité des jeunes désœuvrés, des programmes avec la Fondation perspectives d’avenir, etc. De grands projets de jeunesse ont existé, mais sans suivi. Les jeunes sont formés et ensuite, ils sont abandonnés à leur triste sort. C’est avec beaucoup de réserve que j’accepte cette orientation et décision présidentielle, étant donné qu’avec les programmes que j’ai cités et d’autres que j’oublie, je me dis que ça ne devrait plus être la même chose où les jeunes sont formés et abandonnés, sans suivi.
* Qu’avez-vous remarqué?
** Nous ne pouvons pas former les jeunes sans leur donner la possibilité d’intégrer le monde du travail. A ce moment-là, il se pose un problème de suivi. On nous présente 2024 comme étant l’année de la jeunesse. Avec quel contenu? J’ai entendu un ministre présenter un contenu dans la formation des jeunes. Oui, quelle formation s’agit-il? Nous, au centre de formation Cami, je vous le rappelle, nous avons formé 4.400 jeunes. Parmi eux, moins de 500 jeunes ont trouvé un emploi. Donc, le problème d’emplois se pose toujours.
* Quels sont les défis?
** Les défis, pour notre centre, c’est d’abord l’insertion professionnelle de la jeunesse. Les jeunes qui ont fini leur formation qualifiante chez nous ne sont pas insérés dans le monde du travail, alors que les uns ont suivi des formations spécialisées par rapport aux besoins du marché et les autres des formations générales. La situation générale est que les jeunes sont abandonnés. L’Etat, qui est le grand employeur, ne s’adapte pas aux évolutions du monde professionnel qui s’offrent à lui et les jeunes, bien que formés, chôment. Le secteur privé qui devrait les embaucher n’a pas beaucoup de capacités, même les stages d’imprégnation sont rares. Donc, l’année consacrée à la jeunesse devra nous permettre de prendre conscience de la situation de la jeunesse congolaise.
Propos recueillis par
Chrysostome FOUCK ZONZEKA