On voit bien que même quand il communique sur ce sujet brûlant qu’est l’accord foncier entre le Congo et le Rwanda, le gouvernement n’est pas tellement audible et surtout, il n’arrive pas à convaincre l’opinion nationale. On a même l’impression que son argumentation jette de l’huile sur le feu. Les Congolais étant de plus en plus remontés, après avoir suivi les explications du gouvernement. C’est comme s’il aurait fallu, pour lui, ne pas communiquer, alors qu’on souhaite qu’il communique davantage.
Dans sa tournée de cette semaine, pour visiter les sites de l’Etat devant accueillir les agriculteurs rwandais, le Premier ministre a lui-même pris la mesure de ce que la majorité des Congolais ne souhaitent pas que des sites leur soient exclusivement attribués. Ainsi, en insistant sur cette option, le gouvernement ne fait rien d’autre que torturer psychologiquement son propre peuple qui ne s’oppose pas du tout à la coopération avec le Rwanda, mais qui estime qu’il n’est pas important de leur consacrer des sites fonciers. Pourquoi persister sur une question à laquelle les populations congolaises sont très réservées? Demain, c’est vers ces mêmes populations qu’on ira, pour solliciter les suffrages. Pourquoi ne pas les rassurer aujourd’hui? Alors qu’il y a des urgences auxquelles on attend de voir le gouvernement trouver des réponses, au regard des grèves qui éclatent dans les secteurs de la santé, l’enseignement supérieur, etc, il emprunte une voie décriée par tout le monde. Il y a des urgences sociales comme les pensions des retraités, la bourse des étudiants, le rétablissement durable des services d’eau courante et d’électricité; il y a à trouver les financements pour exécuter le P.n.d. C’est là où le peuple attend l’action du gouvernement. Mais pourquoi vouloir à tout prix le conduire là où il ne veut pas aller?
Dans l’affaire de l’accord foncier avec le Rwanda, l’enjeu pour la majorité des Congolais, ce n’est pas de savoir qu’il n’y a pas eu vente, plutôt que l’accord passé, quelle que soit sa nature (vente, bail, autorisation expresse d’occuper, etc) soit simplement annulé. Et pour cause, trop de préjugés entourent la coopération entre le Rwanda et le Congo en matière foncière.
Malheureusement, le gouvernement ne veut pas reculer sur ses engagements fonciers par rapport au Rwanda. Il pense que ça suffirait de dire aux Congolais qu’il n’y a pas eu vente de terres, pour que ceux-ci soient rassurés et se calment. Mais, lui-même constate bien que malgré ses explications, les populations demeurent dubitatives.
L’HORIZON AFRICAIN