Barreau de Brazzaville
Les avocats en grève, après l’«enlèvement» de leur collègue, maître Bob
Kaben Massouka
Avocat au Barreau de Brazzaville, Me Bob Kaben Massouka a été arrêté, selon des témoignages proches de sa famille, le mercredi 9 juillet 2025, à Brazzaville, aux alentours de 19h30, par des agents de la C.i.d (Centrale d’intelligence et de documentation) et placé en garde-à-vue, sans que ses proches et le barreau n’en soient informés. Le motif de son arrestation n’a pas officiellement été donné par les services gouvernementaux. Mais, il se dit que Me Bob Kaben Massouka aurait soutenu un groupe de jeunes prévoyant d’organiser une marche de protestation, le 10 juillet, pour exprimer leur ras-le-bol, par rapport à la situation socio-économique difficile dans le pays. Face à l’arrestation de leur collègue, pour un motif qu’ils contestent sur toute la ligne, les avocats du Barreau de Brazzaville, sous la direction de leur bâtonnier, maître Brigitte Nzingoula, se sont réunis au Palais de justice, en assemblée générale, en présence de maître Christian Eric Locko, président de l’Ordre national des avocats. A l’issue de cette assemblée, ils ont décidé de suspendre leurs activités, jusqu’à la remise en liberté de leur collègue.
Les avocats de Brazzaville sont en colère. Et pour cause, ils ne comprennent pas qu’un des leurs soit interpellé et jeté en garde-à-vue, dans des conditions contraires à la loi et sans que la validité du motif de son arrestation ne soit prouvée. Alors, ils considèrent que leur collègue, maître Bob Kaben Massouka, un ancien qui a près de quinze ans de métier, est victime d’«un enlèvement». «Nous, nous préférons parler de l’enlèvement de notre confrère, parce que cela s’est fait dans des conditions déplorables que nous sommes en train de dénoncer avec notre dernière énergie. Il a été pris peu après 19h30. Ce que nous savons au moins, parce qu’il est sorti à ces heures-là de son cabinet et qu’il n’est jamais arrivé chez lui. Le motif de l’enlèvement, nous ne le connaissons pas encore et à ce stade de la situation, cela importe peu pour nous. C’est la situation de l’enlèvement, nous insistons sur le mot enlèvement, qui nous préoccupe et que nous dénonçons», a dit maître Brigitte Nzingoula, au sortir de l’assemblée générale des avocats du Barreau de Brazzaville.

Les avocats ont promis saisir les autorités administratives, donc le gouvernement, de ce qui est arrivé à leur collègue. Ils parlent d’«enlèvement», parce que l’arrestation d’un avocat est bien encadrée par la loi qui régit cette profession. Cette loi dit qu’on ne peut procéder à l’arrestation d’un avocat qu’en présence du bâtonnier ou du procureur général. Ce qui n’a pas été le cas pour maître Bob Kaben Massouka. D’ailleurs l’avocat général près la Cour d’appel de Brazzaville n’était pas au courant de la situation, le lendemain des faits. Raison pour laquelle les avocats ont décidé de suspendre leurs activités, jusqu’à la remise en liberté de leur collègue. Les conséquences sont grandes, car une justice sans avocats est un pire non-sens.









