La Commission administrative et juridique chargée de la déontologie et de l’éthique du C.s.l.c (Conseil supérieur de la liberté de communication), dirigée par le haut-conseiller Joachim Mbanza et dont le haut-conseiller Dominique Asie est le rapporteur, a tenu, mercredi 17 octobre 2024, à l’ex-siège de Télé-Congo, à Bacongo, le deuxième arrondissement de Brazzaville, une séance de travail avec le promoteur de la chaîne de télévision en ligne, Tsiéléka Média, Fortunat Brony Ngouolali, à qui il a attiré l’attention sur l’usage de certains mots dans ses émissions, pour ne pas semer la confusion au sein de l’opinion.
Pour le haut-conseiller Joachim Mbanza, la rencontre des membres de sa commission avec le journaliste Fortunat Brony Ngouolali, avec la participation des responsables des associations professionnelles de presse, n’avait qu’un caractère pédagogique. Il s’agissait, pour la commission, sur instruction du président du conseil, Philippe Mvouo, d’attirer l’attention du journaliste dans l’usage de certains mots qui peuvent prêter à confusion, dans le contexte socio-économique difficile que connaît le pays actuellement.
En effet, la commission reproche au promoteur de Tsiéléka Média l’intitulé d’une édition de sa chronique: «L’heure de la révolution a-t-elle sonné? Brony Fortunat souligne la nécessité d’une révolution mentale». Le journaliste s’est défendu en disant qu’il parle, dans son émission d’une «révolution mentale» et donc sa chronique tourne autour de ce concept, en montrant que depuis l’indépendance du pays, on a tout essayé en matière de gestion publique, mais on est toujours dans des échecs. Maintenant, il faut une «révolution des mentalités», pour trouver une bonne manière de gérer le pays.
La commission lui a fait remarquer qu’à ce moment-là, il faut intituler l’émission: «L’heure de la révolution mentale a-t-elle sonné?». Or, en mettant tout simplement: «L’heure de la révolution a-t-elle sonné?», ça peut faire penser à un appel lancé aux populations pour descendre dans la rue et provoquer une révolution. Donc, c’est un terme qui peut prêter à confusion, parce qu’il revêt plusieurs significations. Ce n’est pas dans le rôle des journalistes d’appeler le peuple à la révolte, lui a signifié la commission. Celle-ci lui a également rappelé qu’un professionnel de la presse ne peut pas seulement faire des critiques où tout est négatif, il doit aussi faire l’effort de montrer ce qu’il y a de positif, donc faire des commentaires équilibrés. Par exemple, si pour lui, la municipalisation accélérée est un échec, il doit être capable de comprendre que pour d’autres Congolais, elle n’est pas un échec.
Les responsables des associations professionnelles de presse se sont réjouis de cet échange à caractère pédagogique, qui ne donne pas lieu à une procédure de sanction contre le journaliste ou son média, mais qui permet d’éveiller le professionnalisme des acteurs de presse, pour éviter les erreurs ou les fautes professionnelles qui peuvent provoquer des sanctions contre eux. Ils ont souhaité la ténue régulière de ce genre de rencontres, pour permettre aux professionnels de la presse de s’habituer aux subtilités du cadre juridique qui régit le secteur de la communication. La loi organique n°4-2003 du 18 janvier 2003 indique, dans son article 6, que «le Conseil supérieur de la liberté de communication a pour missions», entre autres, «de veiller à la non diffusion des informations qui ne concourent pas à la consolidation de la paix et de l’unité nationale», et c’est cans cet esprit que la rencontre s’est tenue, a précisé le président de la commission.
Hervé BANTSIMBA