Comme pour la désinformation et les fausses nouvelles, le discours de haine gagne du terrain dans les médias numériques, après avoir longtemps empoisonné le monde politique. Des discours «violents, discriminatoires ou stigmatisants» circulent très rapidement dans les médias sociaux, causant parfois des dégâts. Pour cette raison et pour tenter de les neutraliser, Philippe Mvouo, président du C.s.l.c (Conseil supérieur de la liberté de communication) a annoncé, le vendredi 12 janvier 2023, au cours d’une cérémonie de vœux de nouvel an à la presse, organisée à l’Hôtel Olympic palace de Brazzaville, le lancement, à partir du mois de février, de la campagne pour la citoyenneté en ligne. Cette initiative a, en effet, comme objectif, d’«encourager l’adoption de comportements responsables dans la publication des contenus en ligne», a-t-il précisé.
L’avènement du numérique ayant modifié l’écosystème médiatique a popularisé le droit à la communication. Avant l’arrivée de l’Internet, la communication de masse dépendait des médias classiques, la radio, la télévision et les journaux dont la profession, le journalisme, est gouvernée par des règles éthiques et déontologiques de nature à protéger le public des excès.
L’ère des médias sociaux sur Internet a mis la communication de masse entre les mains de tout citoyen, sans un minimum de règle éthique ou déontologique. A partir de son téléphone portable, on peut télécharger une vidéo, un audio ainsi que d’autres contenus sur Internet et communiquer sur ce qui nous intéresse, nous émeut ou nous motive.
Malheureusement, des aspects négatifs sont apparus dans l’environnement de la communication numérique, comme la diffusion de discours haineux, discriminatoires, violents, sexistes, mensongers, etc. Le phénomène a atteint des proportions insupportables dans notre pays où de plus en plus, on s’émeut de l’accent haineux de certains contenus en ligne, portant ainsi atteinte à la dignité humaine. «Les tentatives de déstabilisation de notre pays par le biais des réseaux sociaux doivent nous inciter à mieux nous organiser, pour une riposte efficace aux assauts récurrents de la désinformation…», avait par exemple, déclaré le Président Denis Sassou-Nguesso dans son message sur l’état de la Nation, le 28 novembre 2023, devant le parlement réuni en congrès. C’est dans cette optique que le C.s.l.c entend lancer, à partir du mois de février, une campagne de sensibilisation et de conscientisation intitulée «être citoyen en ligne», pour «encourager l’adoption de comportements responsables dans la publication des contenus en ligne».
Signalons que le droit à la communication doit être considéré comme un droit d’accéder à une information juste et équilibrée et d’exprimer ses opinions sans porter atteinte à l’honorabilité des autres citoyens. La campagne contre le discours de haine permettra sans doute de conscientiser l’opinion congolaise sur l’importance de bannir «la publication d’information appelant au tribalisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie, à l’intolérance liée notamment au genre, à la religion, à la violence, à la rébellion, à la haine», pour préserver la cohésion sociale.
Roland KOULOUNGOU