En principe, après le message sur l’état de la Nation, prononcé par le Président de la République devant le parlement réuni en congrès, le 28 novembre dernier, le gouvernement aurait déjà pris le relais dans l’explication de ce message, pour une appropriation plus approfondie par l’opinion. Or, jusque-là, on constate plutôt de silence. C’est la majorité présidentielle qui, en réunissant ses parlementaires, leur a demandé de s’approprier le message du Chef de l’Etat. Ce message a la particularité qu’il constitue tout un programme pour le gouvernement, d’autant plus qu’il contient au moins treize instructions qui le concernent. Il ne s’agit pas d’un nouveau programme, mais de la réalisation des actions relatives au programme d’action du gouvernement. En rappel, voici ces instructions:
– «J’ai instruit le gouvernement à prendre les dispositions adéquates pour rendre plus opérationnel et performant le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement, Figa en sigle, conformément à sa mission initiale»;
– «Je porte une bienveillante attention au projet des zones agricoles protégées, en dépit de certains résultats, peut-être encore insuffisants, mais qui suscitent déjà un réel espoir en ce qui concerne la revitalisation de l’arrière-pays et l’approvisionnement de nos villes en denrées alimentaires… Je demande au gouvernement de persévérer dans cette voie tout en corrigeant, à l’avance, les dysfonctionnements qui peuvent être observés»;
– «Je prescris aussi au gouvernement de faciliter l’installation des opérateurs privés, désireux de mettre en œuvre des exploitations agricoles de grande taille»;
– «Je pense aux zones économiques spéciales… J’enjoins le gouvernement à faire preuve d’ingéniosité pour que, sans délais, cette directive se traduise dans les faits»;
– «J’insiste sur la nécessité, pour notre pays, d’améliorer le climat des affaires»;
– «Je demande au gouvernement d’accélérer la réforme des codes usuels engagée depuis plus d’une décennie»;
– «J’enjoins le gouvernement de tout mettre en œuvre pour accompagner l’implémentation de la Caisse d’assurance maladie universelle»;
– «Je demande au gouvernement d’œuvrer au renforcement des capacités d’accueil et de prise en charge des patients, par l’achèvement des travaux de construction des hôpitaux généraux et leur dotation en plateaux techniques performants»;
– «J’instruis le gouvernement d’accélérer les travaux de la plateforme de gouvernance électronique, en vue de la disponibilité des services citoyens en ligne et l’interconnexion des ministères»;
– «Je demande au gouvernement d’actualiser les études faites sur l’écartement des rails et la réhabilitation de la ligne dans les tunnels, en vue de sa modernisation et de son arrimage aux standards internationaux»;
– «J’appelle le gouvernement à se mobiliser efficacement et à ne ménager aucun effort pour que l’ultime étape de la sixième revue soit franchie avec succès»;
– «J’instruis le gouvernement de mener à terme les chantiers d’informatisation, de digitalisation des régies financières pour optimiser toutes les procédures de collecte des recettes publiques»;
– «Dans ce cadre, le gouvernement est instruit et doit identifier les projets à relancer en mode partenariat public-privé et en faire la promotion auprès des pays en mesure d’en assurer, avec Nous, leur réalisation».
Les citoyens que nous sommes seraient rassurés de voir les ministres dire comment ils vont s’y pendre pour mettre en œuvre ces nouvelles instructions du Chef de l’Etat. En démocratie, c’est toujours bien de dire ce qu’on va faire et de faire ce qu’on a dit. Et de dire aussi ce qui ne peut pas être fait pour une raison ou une autre. La presse devrait apporter son concours, en soumettant les gouvernants sous le feu de leurs projecteurs. Or, en laissant planer le silence, on prend l’option de condamner ce message à l’oubli, comme c’est souvent le cas, de telle sorte que la page sera tournée, sans rendre compte. En tout cas, la balle est dans le camp du gouvernement.
L’HORIZON AGFRICAIN