Depuis janvier 2020, le Ministère de l’économie forestière met en œuvre le Projet de végétalisation des zones sensibles aux érosions, à Brazzaville et à Pointe-Noire, pour faire face aux catastrophes récurrentes dues à l’occupation anarchique des terrains d’habitat et aux phénomènes naturels dont les pluies diluviennes. Christian Brice Bakétiba, attaché à l’afforestation et au reboisement au Ministère de l’économie forestière, coordonnateur national de ce projet, décrit, dans l’interview ci-après, le système de riposte contre les érosions.
* Monsieur le coordonnateur national, pouvez-vous nous présenter votre projet?
** Le Projet végétalisation des zones sensibles aux érosions a été conçu au Ministère de l’économie forestière, en décembre 2019. C’est un projet qui essaie, tant soit peu, d’apporter des solutions concernant la lutte contre les érosions, par le reboisement, donc la végétalisation.
* Peut-on dire que ce projet parvient à réduire l’impact du phénomène des érosions constaté dans les grandes villes du pays ne respectant pas les normes d’urbanisme, en laissant les populations s’installer dans des zones de sols sableux?
** Tout-à-fait, parce que les études ont montré que le reboisement est vraiment une solution pour lutter contre les érosions. On essaie d’apporter des solutions à travers le reboisement ou encore par la végétalisation dans les deux grandes villes du Congo qui sont concernées par ce projet, à savoir Brazzaville et Pointe-Noire.
* Comment vous vous y prenez?
** Après le lancement du projet par Madame la ministre de l’économie forestière, en janvier 2020, à Brazzaville et à Pointe-Noire, on a lancé la première mission qui consistait à visiter tous les quartiers, pour l’identification des sites érodés. Par la suite, on est passé à la priorisation des sites d’intervention. Ce travail a été fait avec l’implication des maires concernés, pour connaître les sites identifiés qui devaient faire l’objet des interventions du projet. Ce qui se fait sur le terrain, quand l’équipe arrive, c’est tout d’abord monter un devis pour le matériel adéquat en fonction du site. Ensuite, on identifie les espèces de plants et enfin on procède au planting.
* Quelles sont les espèces de plants souvent mises en exergue pour mieux lutter contre les érosions?
** Les espèces antiérosives! On a toute une gamme. Généralement, nous utilisons l’acacia qui est une espèce forestière réputée à stabiliser le sol. Il y a le gazon, le vétiver et l’herbe qu’on appelle couramment Guatémala, très utilisée dans les quartiers Nord de Brazzaville, par les populations de Talangaï, Nkombo et Ngamakosso.
* Quel est l’ampleur du phénomène et dans quelle partie du pays où les érosions sont plus récurrentes?
** On ne peut pas dire qu’à l’intérieur du pays où dans les départements, on n’a pas le phénomène des érosions. Mais, c’est dans les deux grandes villes que ce phénomène est plus récurrent. Vous conviendrez avec moi que c’est dans les grandes villes où l’on a une forte densité de population. C’est ainsi que ces dernières années, on a constaté, avec cette pression démographique et la texture des sols sablonneux, que ces deux grandes villes connaissent la récurrence du phénomène des érosions.
* Peut-on connaître le financement du projet, si vous avez également des appuis des partenaires extérieurs?
** Le projet est financé à 100% par le budget de l’Etat. Nous n’avons pas encore des appuis des partenaires.
* Comment faites-vous, pour conduire ce projet, surtout qu’il a une durée de cinq ans?
** Le projet a été créé pour une durée de cinq ans. Mais, pour l’instant, l’enveloppe allouée couvre bien le travail qu’on est en train de réaliser. Je pense qu’on va se tourner vers les partenaires extérieurs, par rapport au travail qui reste à faire, pour essayer un peu d’apporter des solutions à ce phénomène. Le montant alloué était de 600 millions de francs Cfa pour face à ce phénomène. On ne peut pas régler tous les problèmes de Brazzaville et de Pointe-Noire, parce que même lorsqu’on identifie ces érosions-là, quand c’est très prononcé, cela nécessite l’intervention des grands travaux. On ne peut pas y faire face avec deux ou trois millions de francs Cfa. Au préalable, il faut qu’il y ait des travaux de génie civile et par la suite, nous pouvons passer planter des arbres, afin de sécuriser l’infrastructure qui a été mise en place.
* Les maires sont-ils impliqués?
** Il y a une implication des maires, parce que généralement, lorsque nous travaillons, quand les équipes arrivent dans les sites identifiés, il y a l’implication des chefs de quartiers, de blocs, qui représentent valablement l’autorité municipale.
* Un message à l’endroit des populations?
** Ce qui fait un peu mal, c’est le problème que nous avons rencontré sur le terrain: l’incivisme. Les gens arrachent les plants. Sur la corniche par exemple, on a eu ce problème. Des plants ont été brûlés par des feux volontaires. Cela nous préoccupe. Tout ce que nous demandons aux populations, c’est de s’approprier les activités du projet. Nous lançons un cri d’alarme aux populations de Brazzaville et de Pointe-Noire, de s’approprier les activités du projet, pour pérenniser les acquis du projet.
Propos recueillis par
Martin BALOUATA-MALEKA