Un film retraçant l’histoire du Congo de 1966 à 1991, intitulé «Révolutionnaire (s) Tout pour le peuple 1966-1991», a été projeté samedi 10 juin 2023, dans la salle de cinéma de Canal Olympia, à Poto-Poto, le troisième arrondissement de Brazzaville. Le 10 juin est la date marquant la journée de réconciliation nationale, depuis la clôture de la Conférence nationale souveraine de 1991. Ce film, réalisé par Hassim Tall Boukambou, un jeune cinéaste congolais, documentariste, auteur et directeur général de la Maison de production Bonz communications, promoteur du Centre culturel Zola, à Moungali, petit-fils de feu Julien Boukambou, ancien syndicaliste, est basé sur les témoignages de quelques acteurs politiques, qui ont vécu les événements des 13, 14 et 15 août 1963, ayant provoqué la chute du régime du Président Fulbert Youlou.
Pour réaliser son film, Tall Boukambou a rassemblé les vidéos et les images photographiques de plusieurs personnalités politiques (Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi, Ange Diawara, Joachim Yhombi-Opango, Denis Sassou-Nguesso, Pascal Lissouba, Mgr Ernest Kombo), qui tenaient à un changement politique, même au prix du sang. Ce film fait partie du dernier volet d’une trilogie de films intitulés «Révolutionnaire (s)», qui retracent les 110 ans de l’histoire du Congo, partant de la période précoloniale, la colonisation jusqu’à l’après indépendance.
Le documentaire a permis de se remémorer le passé révolutionnaire. La salle était prise d’assaut par un public cosmopolite, composé d’hommes politiques, de responsables de la société civile et de nombreuses personnes (jeunes, adultes) désireuses de découvrir les différentes péripéties de la Révolution congolaise. A la fin de la projection, quelques spectateurs ont donné leur appréciation sur le contenu et la qualité du film:
– Clément Mierassa, ancien ministre: «Je suis satisfait de revivre cette histoire. Mais, il faut qu’on assume en tant qu’homme politique. Pour ce qui est de ma part politique, j’assume mes responsabilités»;
– Maxime Ndébéka, ancien ministre de la culture: «C’est l’histoire de notre pays. Ce document est très important, parce que les choses vont vite. Si on n’a pas de mémoire, on va se perdre. Je suis bouleversé, parce que c’est la qualité quand même d’une jeunesse qu’on avait, qui était engagée à cette époque. Les cadres qui étaient là montraient leur engagement, l’éthique qu’ils avaient. Aujourd’hui, mon inquiétude, c’est la situation de la jeunesse qui, me semble-t-il, n’a pas la même éthique, le même engagement et le même amour. Cette jeunesse d’antan prenait un chemin avec sincérité. Maintenant, je suis inquiet pour l’avenir de notre pays, par rapport à la formation des jeunes aujourd’hui. Ils veulent aller vite vers les biens pour soi, que pour l’ensemble du pays»;
– Alain Akouala Atipault, ancien ministre, président de la Commission nationale d’auto-évaluation du Maep: «Sur ce film, j’ai déjà vu les précédents et j’ai amené mes enfants ici, puisque je trouve que c’est important de leur faire connaissance l’histoire du pays. Ce film nous permet d’avoir un recul et de revisiter les labyrinthes de notre histoire, avec ses aspects positifs et négatifs. Mais, cette histoire nous a quand même construits, nous de notre génération, surtout à partir des années 63, 64, 65. Il faut saluer le jeune qui a fait ce film et l’encourager, parce que nous devons arriver à regarder notre histoire de manière dépassionnée. Nous devons la regarder pour en tirer des leçons, pour qu’on ne puisse pas produire les mêmes erreurs»;
– Trésor Nzila Kendet, défenseur des droits de l’homme, directeur exécutif du C.a.d (Centre d’actions pour le développement): «Le film est instructif et il est intéressant. Mais, il couvre encore beaucoup d’ombres. Le film en lui-même ne dit pas toute la vérité. Il y a des pages qui n’ont pas été élucidées. Je comprends le contexte. Le Congo est un pays répressif, donc il y a certaines choses qu’on ne peut pas dire. Il y a beaucoup d’hésitations dans le film, d’une séquence à une autre. Il y a des problèmes de transition, des histoires un peu floues. On ne veut pas dire la vérité clairement, je comprends la peur. Il faut encourager l’initiative. Je fais appel à d’autres cinéastes de faire de même et de dire la vérité sur l’histoire de notre pays. Lorsqu’on s’engage à défendre la Nation, on ne porte pas les gants».
Martin
BALOUATA-MALEKA