Dans une conférence de presse tenue jeudi 24 avril 2024, à l’Hôtel Saint-François de Paul, à Brazzaville, les responsables de la Coalition congolaise «Publiez-ce-que-vous-payez», à savoir Christian Mounzéo, Brice Makosso et Mme Rita Mabyalhat, ont présenté le 8ème rapport de leur O.n.g portant sur l’exécution physique d’un échantillon de 55 projets extraits des budgets d’investissement du Ministère de la santé et de la population, durant les années 2020, 2021 et 2022, représentant le montant total de 160 milliards de francs Cfa. La conférence de presse s’est déroulée en présence des représentants des organisations de la société civile et des services du Ministère de la santé et de la population.
Intitulé, «Dépenses engagées ne correspondant pas aux réalisations: plus de 160 milliards de francs Cfa ordonnancés, pour très peu de résultats», le rapport de la Coalition congolaise «Publiez-ce-que-vous-payez» est la résultante d’une mission de terrain menée dans sept départements du Congo (Brazzaville, Bouenza, Plateaux, Cuvette, Kouilou, Pointe-Noire et Sangha). Il met en lumière le faible engagement des autorités nationales en charge du secteur de la santé, dans la concrétisation des initiatives dans le domaine de la santé, pour lesquelles des fonds ont été alloués, afin d’améliorer l’offre et la qualité des soins de santé dans notre pays.
Dans ce rapport présenté par Mme Rita Mabyalhat, responsable du Programme de suivi des investissements public au sein de la Commission justice et paix de l’Archidiocèse de Pointe-Noire, il ressort que seuls 2% des projets ciblés ont été jugés exécutés, contre 51% non-exécutés. De même, les projets en cours de réalisation représentent 4% et ceux arrêtés 2%, alors qu’ils n’ont pas pu accéder aux informations de 37% de projets.
En outre, cette l’étude révèle que la pratique de la gratuité des soins de santé pour certaines couches sociales comme les femmes enceintes, est très faible au Congo. A cet effet, les données collectées ont montré que 17% des femmes enceintes ont bénéficié de la gratuité du traitement contre le paludisme simple. Conclusion, la gratuité des soins anti-paludiques n’est donc pas effective pour les femmes enceintes. Et seulement 6% d’entre elles ont bénéficié d’une césarienne gratuite instaurée par décret présidentiel depuis l’année 2021.
Dans ce contexte, «deux raisons concourent à la faible application de cette gratuité au Congo: la rupture fréquente des médicaments ainsi que la non-disponibilité des kits», indique le rapport.
«Il faut une synergie entre les citoyens et les institutions qui seront en charge d’appuyer la gouvernance, parce qu’il est clair qu’au niveau de la Coalition publiez ce que vous payez, avec les ressources que sont les nôtres, nous ne pourrons pas accomplir tout l’agenda de la gouvernance, quelle que soit notre volonté», a déclaré, Christian Moundzéo, coordonnateur de cette coalition au niveau national.
Tenant compte de cette ambigüité observée sur l’exécution des projets d’investissement public dans le secteur de la santé, la Coalition congolaise «publiez ce que vous payez» recommande au gouvernement de mettre en œuvre concrètement les dispositions de la loi portant code de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques, en assurant la publication de l’information et des documents budgétaires sur les sites Internet des institutions compétentes.
Elle propose au Ministère de la santé et de la population de divulguer, sur son site Web, le taux d’exécution des budgets et les réalisations y afférentes, de rendre disponible les kits de césarienne et de mettre en place des mécanismes d’alerte et un système de dénonciation pour tout paiement, en ce qui concerne la césarienne.
Roland KOULOUNGOU