La rencontre de cette année entre le gouverneur de la B.e.a.c (Banque des Etats de l’Afrique centrale), en sa qualité de président de la Cobac, et les responsables des établissements bancaires et de microfinance assujettis à la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), le jeudi 18 juillet 2024, à l’Hôtel des tours jumelles de Mpila, à Brazzaville, a été dominé, entre autres, par la nécessité de se munir contre le phénomène de blanchiment de capitaux.
A l’ouverture des travaux, Yvon Sana Bangui, gouverneur de la B.e.a.c et président de la Cobac, a dégagé le principal intérêt de cette rencontre, qui réside dans l’opportunité d’un échange des points de vue sur divers thèmes se rapportant tant au cadre réglementaire qu’opérationnel de l’exercice de l’activité bancaire et financière. «Cette rencontre annuelle constitue une plateforme essentielle d’amélioration de la maîtrise des risques et de l’affermissement de la résilience du système bancaire de la Cemac. Ces échanges permettent d’envisager ensemble des nouvelles orientations pour le renforcement du système bancaire», a-t-il déclaré.

Faisant un panorama économique de la sous-région, Yvon Sana Bangui a passé en revue certains aspects marquant, à l’échelle internationale et dans la zone Cemac, pour l’année en cours. Selon lui, l’activité économique mondiale a été résiliente, avec une croissance qui devrait se situer et stabiliser à 3,2% en 2024 et 2025. Malheureusement, plusieurs facteurs fragilisent la bonne dynamique de l’économie internationale.
Pour la Cemac, en 2024, les perspectives macroéconomiques et financières font ressortir une croissance qui se situerait à 3,3%, contre 2,3% en 2023. Les tensions inflationnistes, bien qu’en baisse, persistent autour de 3,9% en moyenne annuelle. Il a signalé que le risque de blanchiment de capitaux, aujourd’hui, constitue une vraie menace pour l’intégrité, le bon fonctionnement et la réputation à l’extérieur du système bancaire de la zone Cemac.
Au regard de la recrudescence des infractions sur le blanchiment de capitaux et de l’émergence des nouveaux produits des services financiers dans la zone Cemac, la Cobac a engagé des chantiers de réforme du cadre réglementaire en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux applicable aux établissements de crédit, de microfinance et de paiement pour mitiger les risques. La Cobac doit demeurer vigilante sur la situation des établissements assujettis.
Pour sa part, ouvrant les travaux, Ludovic Ngatsé a rassuré en disant que «j’ai la ferme conviction que les précédentes éditions de ces rencontres ont adhéré à cet esprit de concertation qui a guidé la Cobac et la B.e.a.c à asseoir la profession bancaire et financière de la Cemac, dans le but d’échanger sur ces sujets d’intérêt commun, en vue d’œuvrer ensemble au renforcement de la solidarité de notre communauté financière. Il faut donc pérenniser cette démarche, au regard de la richesse des échanges et des recommandations formulées qui contribuent à l’amélioration de l’exercice de la profession bancaire et financière dans la Cemac».
Un participant, Calixte Tabangoli, directeur général de la banque postale du Congo, a donné ses impressions. «Pour la cybercriminalité, qui est un fléau, il y a un certain nombre de dispositions à prendre, mais surtout la protection et l’anticipation, parce que lorsque le risque survient, c’est trop tard, après ce sont des dégâts. Tout doit être mis sur la prévention. Il faut mettre en place des dispositifs nécessaires et la formation nécessaire des collaborateurs, pour qu’ils ne fassent pas tout et n’importe quoi. Pour les créances en souffrance, la plupart des demandes qui sont formulées sont issues notamment de l’Etat, la Banque centrale est la banque des Etats. Donc, il est parfois très difficile de dire non à une transaction qui est émise par l’Etat. La solution trouvée là, on ne peut pas refuser. D’ailleurs, la Banque centrale ne dit pas non, elle nous a dit de faire attention et de voir quelle est la qualité de la transaction à mettre en œuvre. Ces rencontres sont indispensables, pour nous rappeler certaines règles qui sont établies pour la stabilité du système bancaire».
Marcel Ondélé a souligné que «cette rencontre a permis de tisser les liens, parce que ces rencontres ont aussi la posture d’accompagnement du système bancaire. Si cela ne suffit pas, nous prenons des sanctions qui s’imposent dans le cadre de la réglementation en vigueur au niveau de la Cemac».
Martin
BALOUATA-MALEKA