Avec la série de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et maintenant en Afrique centrale, nombre d’observateurs voient le recul de la démocratie sur le continent. Nous pensons qu’il ne s’agit que d’avatars manifestant l’inculture démocratique qui prendra encore beaucoup de temps, mais que la marche de la démocratie est irréversible dans les pays africains.
L’évolution qu’on peut constater est que les militaires qui font irruption sur la scène politique ne s’emparent plus définitivement du pouvoir d’Etat. Ils se proclament dirigeants de transition limitée dans le temps et promettent de rétablir la marche démocratique par le retour aux élections. Jusque dans les années 90, les coups d’Etat étaient sanglants. Aujourd’hui, ils nécessitent même plus de tirer un coup de feu comme on vient de le voir au Gabon. Un communiqué à la télévision, et cela suffit pour établir un ordre nouveau, après avoir pris en main le gouvernail de la sécurité. La jubilation de la population offrant une certaine légitimité.
Mais, pourquoi le coup d’Etat ou l’interruption de l’ordre démocratique est-il redevenu à la mode en Afrique? Pour une raison bien simple: la confiscation du pouvoir à travers les élections truquées, rendant ainsi l’alternance impossible, c’est-à-dire le changement de dirigeants politiques, qui est un principe inhérent à la démocratie, et qu’on ne saurait éviter éternellement. On ne peut pas changer ses parents, ceux qui donnent la vie. Mais, un peuple peut changer ses dirigeants politiques, suivant le principe démocratique de l’alternance.
Généralement, lorsque l’alternance est frigorifiée par le bais de la confiscation du processus électoral, on s’expose à ces avatars imprévisibles, même si tous les coups d’Etat ne se justifient par ce seul aspect. On a vu au Niger, le coup d’Etat a été fait contre un Président qui était dans l’exercice de son premier mandat démocratique.
Il est vrai que l’alternance fait parfois peur. Elle correspond à un saut dans le vide. On a déjà vu que des urnes peuvent sortir des monstres. C’est ici la question de la consolidation des institutions qui concourent à la gestion de l’Etat. La démocratie n’est perfectible que dans le contexte d’institutions fortes et non d’hommes forts, comme l’ancien Président américain, Barack Obama, nous l’avait dit.
Avec les coups d’Etat, l’institution armée apparaît étrangement comme la régulatrice de la démocratie en Afrique. Quand bien même ils sont condamnables, il faut admettre que les coups d’Etat se présentent, de plus en plus en Afrique, par la faute des dirigeants politiques toujours tentés par la confiscation du pouvoir, comme un mal qui survient pour retrouver plus tard le bon chemin de la démocratie. C’est indéfendable moralement, mais le déficit de culture démocratique, le manque d’objectivité dans la pratique démocratique exposent nombre de pays africains à ce chemin tortueux. Les coups d’Etat sont condamnables, mais condamnables aussi les élections dont les résultats ne correspondent pas à la réalité des urnes.
L’HORIZON AFRICAIN