La session du Conseil supérieur de la magistrature du lundi 27 mars 2023 a donné, au premier magistrat, l’occasion de crever l’abcès de la mauvaise gestion qui gangrène le bien public. Depuis 2009, le Président de la République avait pris l’option d’en finir avec les anti-valeurs dans la gouvernance publique. Parler d’anti-valeurs est une manière pudique et même diplomatique d’évoquer les vices dans le comportement des cadres appelés à la gestion publique. Ces anti-valeurs ne sont autres que le détournement de fonds publics, la concussion, les conflits d’intérêts, l’abus de pouvoir, les passe-droits, etc.
En août 2009, le Président Denis Sassou-Nguesso ne surprenait aucun de ses concitoyens «en affirmant qu’en dépit de nos efforts multiformes, notre pays n’est pas encore, hélas, exempt de corruption, de concussion, de fraude, de détournement de deniers publics et d’autres actes tout autant répréhensibles que néfastes à l’accomplissement du bonheur collectif».
Quatorze ans plus tard, les mêmes comportements continuent avec les mêmes acteurs et fort tristement, avec des nouveaux, notamment des jeunes qui arrivent aux affaires. En mars 2023, le Président de la République ressort le même constat: «La conclusion que nous tirons, au moment où nous prenons d’autres décisions, c’est qu’il y a le ver dans le fruit. Il y a, effectivement, le ver dans le fruit. Et nous devons détruire le ver qui est dans le fruit. C’est la vraie décision: détruire le ver qui est dans le fruit. Peut-être pas seulement dans le secteur de la justice. Mais, dans tous les secteurs d’Etat, il y a le ver dans le fruit et nous devons détruire ce ver qui se trouve dans le fruit. Mais, si le ton vient d’être donné dans le secteur de la justice, alors nous aurons peut-être gagné la bataille à plus de 50%. Il faut donc que le ton soit donné dans le secteur de la justice, parce qu’il y a le ver dans le fruit, donc dans la société».
C’est dire que 14 ans après, le constat reste le même. C’est comme si on n’a rien fait dans la lutte contre les anti-valeurs. Le drame est que des personnalités sur qui pèsent de lourds soupçons caracolent dans la gestion publique, étant entendu leurs positionnements dans l’appareil de l’Etat. On ne surprendrait aucun concitoyen à dire qu’il y a des noms qui, à leur seule évocation, renvoient à des anti-valeurs. Les questions morales sont telles que parler ne suffit pas, ce sont les faits qui comptent. Si réellement «nous devons détruire ce ver qui se trouve dans le fruit», est-ce que le scandale Figa ne serait-il pas déjà une affaire entre les mains de la justice? Comment va-t-on détruire le ver qui est dans le fruit, en observant un silence imperturbable devant ce scandale révélé non pas par les réseaux sociaux, mais bien par les rapports du comité de direction de cette structure?
Les citoyens congolais ont la mort dans l’âme, d’apprendre, chaque semaine, depuis que ce scandale a éclaté, que le gouvernement s’est réuni en conseil des ministres et a adopté des projets de loi de ceci et de cela, alors que tout le monde a en conscience cette histoire gênante. Ils se demandent pourquoi leurs dirigeants font semblant de ne pas voir ce que tout le monde voit. C’est pousser l’indécence au-delà du moralement supportable. Et même si les personnes mises en cause n’ont rien à se reprocher, seule la Justice, dans les conditions où elles se retrouvent, peut les blanchir, les innocenter, pas l’indifférence et encore moins l’arrogance qu’on affiche. Comment va-t-on détruire le ver dans le fruit, en créant des citoyens de première classe qui n’ont pas de comptes à rendre à la Justice de leur pays, dans les responsabilités publiques qu’ils exercent? Comment va-t-on résoudre une telle équation? Dites-nous!

L’HORIZON AFRICAIN

Oh bonjour
Ravi de vous retrouver.

Inscrivez-vous pour recevoir du contenu génial dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici