Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a bouclé son long séjour parisien, du 25 mai au 5 juin 2023, par une interview exclusive à l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui l’a publiée le 6 juin sur son site Internet sous le titre: «Le Président Sassou-Nguesso pourra se représenter en 2026 et je travaille en ce sens». Cette annonce inopinée, faite à deux ans et neuf mois environ de la prochaine élection présidentielle, ne semble pas pour l’instant susciter des réactions au sein de la classe politique. Si le Président Denis Sassou-Nguesso est candidat à sa succession en 2026, ça sera alors son cinquième mandat consécutif, mais le troisième sous la Constitution actuellement en vigueur qui l’autorise.
Pourquoi une telle annonce fracassante, en plein milieu de mandat? Est-ce pour couper court au climat perfide de succession à la tête du pays, qui empoisonne les relations entre les acteurs de la majorité présidentielle? En tout cas, Anatole Collinet Makosso a lâché le morceau: «Le Président Denis Sassou-Nguesso pourra se représenter en 2026» et le Premier ministre «travaille en ce sens».
L’opinion congolaise découvre, enfin, le vrai programme politique pour lequel l’ancien directeur de cabinet de la première dame a été porté à la tête du gouvernement, alors que personne ne le voyait y arriver. Ce programme politique consiste à créer les conditions du troisième et dernier mandat de l’actuel Président, comme l’y autorise la Constitution, à travers l’article 65: «Le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable deux fois».
Après avoir accompli les deux septennats autorisés par la Constitution du 20 janvier 2002, au bout d’une Transition flexible de quatre ans et demi, Denis Sassou-Nguesso (80 ans) se prépare, très tôt, à décrocher son dernier quinquennat présidentiel, si tant est qu’il n’y aura plus changement de Constitution comme en 2015. Il détient ainsi et de loin le record de longévité au pouvoir des Chefs d’Etat congolais, après les trois mandats quinquennaux du P.c.t qu’il avait eus entre 1979 et 1992, en plus de la Transition Milongo de 14 mois (juin 1991-août 1992).
Après sa réélection en mars 2021, certains analystes faisaient croire que le Président Sassou-Nguesso allait passer la main à son fils, l’actuel ministre en charge de la coopération internationale et du partenariat public privé, Denis Christel Sassou-Nguesso. Un scénario qui aurait fragilisé le camp présidentiel, car ne faisant pas l’unanimité. Est-ce pour effacer cette option ou la renvoyer aux calendes grecques que le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a été missionné pour annoncer, tôt, la future candidature du Président Denis Sassou-Nguesso? Toujours est-il que cette annonce met fin aux spéculations des candidatures au sein du camp présidentiel où tout le monde est appelé à s’aligner. Reste maintenant comment dans l’opinion publique congolaise elle sera accueillie, au moment où le gouvernement fait face à de nombreux défis, surtout sur les domaines économique et social.
Jean-Clotaire DIATOU