Commentaire

Dette du Congo envers la Chine:
le Congo n’est pas mauvais payeur!

Pays avec lequel le Congo entretient de bonnes relations bilatérales depuis 1964, la Chine est devenue son principal partenaire économique. En matière commerciale, c’est le premier pays d’exportation pour le Congo (pétrole, bois, mines) et également le premier pays d’importation avec près de 30% de marché (de tout ce que le Congo importe), loin devant la France (10%). Au-delà des discours officiels qui exaltent les relations des deux pays, le Congo et la Chine ont signé, le 19 juin 2006, un accord-cadre de coopération économique, très particulier, qui a fini par accélérer l’endettement du Congo envers la Chine, en raison des facilités de financements accordées par les Chinois aux Congolais. Alors ministre des finances, du budget et du portefeuille public, Rigobert Roger Andély révélait officiellement, le 21 juin 2021, que la dette du Congo vis-à-vis de la Chine s’élevait à 1.325 milliards de francs Cfa, soit 1.100 milliards de francs Cfa, pour la partie bilatérale, et 225 milliards de francs Cfa, pour la partie commerciale due aux sociétés chinoises. Selon la C.c.a (Caisse congolaise d’amortissement) la dette du Congo envers la Chine est descendue à 1.060,93 milliards de francs Cfa, au 31 décembre 2023.

La particularité de la dette du Congo envers la Chine est qu’elle est assise sur une base juridique précise, constituée par l’accord-cadre signé en 2006, qui est un privilège dont seule la Chine bénéficie au Congo. Au bas mot, c’est un accord, ratifié par le parlement congolais, qui consacre un troc: infrastructures contre pétrole. Officiellement, il est appelé: «Accord-cadre sur l’arrangement spécial de la coopération économique et commerciale entre la République du Congo et la République Populaire de Chine». Il est mis en œuvre par des acteurs bien précis, au niveau des deux parties signataires.
Les couples Sassou-Nguesso et Jinping
Où va l’argent du pétrole? Disent souvent les Congolais. Au pouvoir de rétorquer: les Congolais marchent sur l’argent du pétrole et ne s’en rendent même pas compte. Les dirigeants de l’opposition, Mathias Dzon, Clément Miérassa, Mélaine Destin Gavet Elongo, Uphrem Dav Mafoula, etc, cherchent à savoir où sont partis les 14 mille milliards de francs Cfa des générations futures. Ils peuvent avoir déjà un début de réponse.
En effet, depuis la signature de l’accord-cadre jusqu’en 2023, le Congo a déjà livré à la Chine, des cargaisons de pétrole représentant un montant de 12,5 milliards de dollars Us (soit environ 7,5 mille milliards de francs Cfa). Il reste encore une dette de 1.060,93 milliards de francs Cfa, au 31 décembre 2023, comme signalé au début de l’article.
Souvent, le Congo est présenté comme un mauvais payeur. Mais en réalité, la Chine sait fort bien qu’en dépit de ses difficultés, le Congo a toujours tenu, chaque année, ses engagements de livrer des cargaisons de pétrole à la Chine, pour payer ses dettes. Les difficultés se sont surtout accumulées à partir de 2015, après la chute des prix du pétrole en juin 2014. D’où la restructuration de la dette congolaise par la Chine,  le 29 avril 2019. Compte-tenu de ses difficultés de trésorerie aujourd’hui et face à la pression de la partie chinoise, le Congo est demandeur d’une nouvelle restructuration de sa dette envers la Chine. Son partenaire historique devrait en principe faire preuve de compréhension, au regard des difficultés économiques que connaissent les Congolais.
La route du développement passe par le développement de la route et la lutte contre la corruption
Voilà là où va l’argent du pétrole du pétrole, mais il faut continuer à lutter contre la corruption et les détournements de fonds publics
Maintenant, on va se demander: mais à quoi a servi tout cet argent? Bonne question, comme réagirait tout politicien heureux d’une question à laquelle la réponse brûle déjà ses lèvres. La liste des réalisations existe, elle a même fait l’objet d’un réexamen par le parlement en 2021. Parmi les infrastructures construites, on peut citer:
– l’Aéroport international Maya-Maya (2006): 119 milliards F Cfa;
– la Centrale hydro-électrique de Liouesso (2012-2016): 54 milliards F Cfa;
– la Route n°2 dans la Sangha (194 Kms), (2006-2015): 170 milliards F Cfa;
– le Complexe sportif de Kintélé (2014): 379 milliards 845 millions F Cfa;
– la Route n°1 tronçon Dolisie/Brazzaville (2007-2016): 867 milliards F Cfa.

Bref, la dette congolaise envers la Chine représente la contrepartie des travaux réalisés par la Chine au Congo, depuis 2006, pour doter le pays en infrastructures de base. Quoiqu’il en soit, sans l’argent du pétrole, on ne voit pas comment le Congo allait faire pour avoir les infrastructures qu’il arbore aujourd’hui, comme le viaduc de Kintélé, le Pont de l’indépendance sur la Corniche ou les logements et les deux tour jumelles de Mpila.
Le reste des 14 mille milliards de francs, soit 6,5 mille milliards de francs Cfa, est à rechercher dans le fonctionnement de l’Etat congolais, car pour payer les salaires des fonctionnaires et des structures dépendant du budget de transfert de l’Etat, les recettes hors-pétrole ne suffisent pas. Si chaque année, depuis 2006, pour ne prendre que ce repère, on injectait mille milliards de francs Cfa par année de l’argent du pétrole pour faire fonctionner l’Etat en payant les salaires, on serait à 18 mille milliards de francs Cfa. Ce n’est là qu’une indication, quand on sait qu’il y a des arriérés de salaires. Enfin, les aspects de corruption, de surfacturation des marchés publics, de détournements de fonds publics, etc, constituent une lutte de longue haleine. C’est pour dire qu’en réalité, le Congo n’est pas mauvais payeur envers la Chine.

Jean-Clotaire DIATOU

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