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Commentaire | Electricité : plus que jamais, la descente aux enfers?

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Barrage hydroélectrique d’Imboulou, le développement passe par la maîtrise de l’énergie..

Le début de l’année 2024 est marqué, au Congo, par un régime sévère de distribution de l’électricité, tout au moins à Brazzaville, la capitale. Ce qu’on appelle, en bon français: le rationnement. Il ne sert plus de parler de délestage ou de black-out. Toutes les politiques menées depuis l’indépendance du pays, en 1960, en matière d’électricité, aboutissent, peut-on dire aujourd’hui, à ce que les pouvoirs publics en arrivent à rationner l’électricité, zone par zone. Conséquence, même le geste banal de charger son téléphone portable devient calculé.

Lors de la cérémonie d’ouverture de la deuxième session ordinaire du sénat, jeudi 1er février dernier, le président du sénat, Pierre Ngolo, s’est alarmé de la situation actuelle de l’électricité et de l’eau courante, en ces termes: «L’électricité et l’eau constituent un véritable sujet de préoccupation. Les coupures régulières, avec les multiples soucis qu’elles génèrent ont atteint un niveau qui appellent un suivi attentionné des organes de contrôle».
Avec une population de 6.142.180 habitants (résultat du dernier recensement) et 64 ans après l’indépendance, le Congo peine à développer un service d’électricité qui réponde aux attentes des temps modernes. Sans doute, certaines localités à l’intérieur du pays ont un répit, avec moins de coupures d’électricité.
Le 21 août 2023 un communiqué de la Direction d’exploitation de Brazzaville/Pool de la société E2c (Energie électrique du Congo), disait ceci: «Énergie électrique du Congo informe son aimable clientèle de Brazzaville de l’interruption de la fourniture d’électricité qui est observée depuis le vendredi 19 août, dans certains quartiers, à cause d’une panne survenue à la sous-station du Djoué. Les zones concernées sont: Madibou; Kombé; Kimpouomo; Nganga-Lingolo; Mafouta; Mpissa; Bacongo et Makélékélé. Nos équipes d’intervention sont actuellement à pied œuvre, pour le rétablissement de la desserte, sitôt les travaux terminés».
La réalité est telle qu’on n’a plus connu de stabilité du service d’électricité depuis. Entre le 7 novembre et le 4 décembre 2023, les perturbations en matière d’électricité s’étaient accentuées à Brazzaville et Pointe-Noire, les deux plus grandes villes du pays. Nécessité de communication, le directeur général de E2c, jean-Bruno Danga Adou, s’était invité sur le plateau de la télévision nationale, le 6 novembre, pour présenter ses excuses aux usagers et expliquer la raison de ces perturbations, en ces termes: «Je voudrais, tout d’abord, m’excuser auprès de notre clientèle, du désagrément que cela causera, notamment à nos ménages et aux différentes petites et moyennes entreprises dans les quartiers qui fonctionnent à base d’électricité, toutes nos excuses et nous sollicitons leur indulgence… Aujourd’hui, nous ne devons pas confondre les black-outs et les délestages. Il n’y a plus de délestage au Congo. Ce que nous vivons ce sont des black-outs».
Evidemment, son explication surréaliste avait suscité des critiques populaires: délestage ou black-out, les conséquences sont les mêmes: on est privé d’électricité et c’est une vie insupportable en plein 21ème siècle. D’après les raisons techniques avancées, le salut de Brazzaville en matière d’électricité ne peut venir que d’une négociation avec Kinshasa, pour passer le transit de l’électricité à 80 mégawatts, au lieu de 50 mégawatts limités aujourd’hui et de réhabiliter le poste de Mbouono, pour qu’il supporte ces 80 mégawatts souhaités. Le salut ne pourra aussi venir que de la réhabilitation du réseau, pour améliorer le transit d’énergie entre Brazzaville et Pointe-Noire.
Le bouquet, c’est lorsqu’il a évoqué la nécessité de construire le barrage hydro-électrique de Sounda et ceux de Morala et Nianga. Le rêve de construire le barrage de Sounda, exploitant les gorges du Fleuve Kouilou-Niari, date depuis les années 50, en pleine période coloniale. Au début des années 60, des études françaises indiquaient que le potentiel de production énergétique était de 1.000 mégawatts. Une étude de la Banque mondiale dans les années 2010 a obtempéré cette ambition, situant le potentiel de production de ce futur ouvrage entre 450 et 500 mégawatts, pour 2 milliards de dollars d’investissements (près 1.204 milliards de francs Cfa). Quoiqu’il en soit, le projet de construction de ce barrage hydro-électrique tant rêvé ne connaîtra jamais de suite, malgré les promesses politiques.
Les projets de Morala et Nianga ont fait l’objet d’une convention signée le 22 mai 2022, entre le gouvernement et le consortium sino-congolais Energaz-C.g.g.c (China Grezhouba group corporation). Il s’agit de la construction des barrages hydroélectriques de Morala (230 mégawatts) et de Nyanga (101 mégawatts) dans le Département du Niari. Depuis, on n’entend plus parler de ces deux projets.
Les problèmes qui affectent le service d’électricité sont connus depuis: les pertes techniques, en raison des défaillances; la vétusté d’une partie des réseaux de transport; le manque d’entretien des ouvrages de production d’électricité; les pertes commerciales en raison du manque de performances de la société en charge du service d’électricité, etc. La mutation de la S.n.e (Société nationale d’électricité) en E2c n’a été qu’un changement de costume sans impact sur la qualité du service. Bref, en matière d’électricité, en dépit des investissements réalisés par l’Etat, les progrès sont mitigés, au regard de la demande sans cesse croissante. Les ouvrages hydroélectriques ont été mis sous concession. On attend les effets positifs de cette politique. Pour l’instant, vivre en ville avec un service d’électricité rationné, c’est le destin qui est le nôtre. Faudra-t-il des états généraux de l’électricité et de l’eau courante? Pourquoi pas!

Jean-Clotaire DIATOU

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