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Commentaire : Face à la crise de la dette publique intérieure, le Congo dégaine le Pnot!

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Conseil des ministres (en bas, le Premier ministre Collinet Makosso et le ministre Ondaye).

«Dans le cadre de sa Stratégie de gestion de la dette publique à moyen-terme (S.d.m.t), la République du Congo a mis en place un programme national d’optimisation de la trésorerie (Pnot) qui sera exécuté dans les prochains jours». C’est par ces mots que démarre le communiqué publié le lundi 14 octobre 2024, par le ministre de l’économie et des finances, Jean-Baptiste Ondaye. Ce communiqué et la circulaire, publiée le même jour, par le Premier ministre, relative à la suspension, jusqu’à la fin de l’année 2024, des missions des membres du gouvernement, des hauts-cadres de l’administration et autres agents de l’Etat à l’étranger, sont les deux documents d’actualité qui prouvent que le gouvernement a, enfin, pris la mesure de la crise financière qui sévit dans le pays. Le Pnot permettra-t-il à l’Etat congolais de retrouver une marge de manœuvre financière pour faire face à ses charges de fonctionnement?

Alors que l’Etat congolais est confronté à une crise financière sévère depuis le mois de septembre dernier, le gouvernement a fait sa rentrée politique en tenant deux conseils des ministres en une semaine, pendant lesquels il a fait black-out sur cette situation. La session du conseil des ministres du lundi 7 octobre était consacrée à l’adoption de deux projets de loi, l’un portant loi de règlement exercice 2023 et l’autre loi de finances pour l’année 2025, en plus des projets de décrets et des nominations. Celle du vendredi 11 octobre s’est penchée sur des projets de décrets et a suivi une communication sur la participation du Congo au récent Forum sur la coopération sino-africaine, à Pékin.
Le silence du conseil des ministres sur la crise financière a exaspéré l’opinion congolaise, en donnant le sentiment que le gouvernement ne se préoccupe pas de la situation économique qui frappe le pays, provoquant des menaces de grève et des grèves qui éclatent ici ou là. En matière de gouvernance, tout le monde le sait, quand ça ne va pas, on prend des mesures et si ces mesures ne marchent pas, on en prend d’autres. Mais, on ne joue pas à l’indifférence, en restant silencieux.
La publication, lundi 14 octobre, de la circulaire du Premier ministre Anatole Collinet Makosso a été ainsi perçue comme la preuve officielle de la crise financière qui sévit dans le pays. «Les missions à l’étranger des membres du gouvernement, des hauts-fonctionnaires et autres agents de l’Etat sont suspendues jusqu’à l’année 2024, à l’exception de celles impliquant le Président de la République, Chef de l’Etat», précise la circulaire qui a suscité moult commentaires des citoyens sur fond d’incertitude, surtout que rien n’est expliqué de manière verbale.
Puis, le communiqué du ministre Jean-Baptiste Ondaye est venu enfoncer le clou. «A fin septembre 2024, l’encours des B.t.a et des O.t.a du Congo s’élevait à 2.314 milliards de francs Cfa, pour une maturité moyenne de trois ans et dont 62,7% (soit 1.451 milliards de francs Cfa s’amortissant d’ici à fin 2026», rappelle le communiqué. Ce qui fait que le Congo doit rembourser en moyenne 475 milliards de francs Cfa par année (2024, 2025 et 2026), un niveau qui est de nature insupportable pour les recettes publiques.
En effet, ce niveau de remboursement est impossible à tenir, quand on sait que le pays doit aussi faire face aux autres échéances de remboursement de dette. D’où le Pnot qui prévoit le rééchelonnement du remboursement de cette dette sur dix ans, soit jusqu’en 2034. Pour les observateurs, c’est pour la première fois que cela arrive dans le marché financier de la sous-région, depuis sa création en 2011 et certains sont réservés pour prédire son succès.
Mais, selon le ministre Jean-Baptiste Ondaye, la B.e.a.c (Banque des Etats d’Afrique centrale) a marqué son soutien pour la mise en œuvre du Pnot. Ce programme est donc salvateur pour les finances publiques congolaises et peut permettre de sortir peu-à-peu le pays de la crise financière. Mais, il faut maintenant se demander pourquoi n’a-t-il pas fait l’objet d’un examen et d’une adoption en conseil des ministres, comme cela a été le cas du Plan de résilience en avril 2022? That is the question.
Espérons que le gouvernement va suivre l’appel du président de l’assemblée nationale, unique dirigeant politique qui a pris le courage de parler clairement de ce dont les Congolais sont en train de souffrir présentement, en demandant de «juguler les maux qui minent le quotidien du vaillant peuple congolais».

Jean-Clotaire DIATOU

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