De plus en plus, l’authentification biométrique est utilisée par les grandes entreprises et les administrations publiques, dans la gestion des ressources humaines. Par la biométrie, la révolution des T.i.c (Technologie de l’information et de le communication), a entraîné l’identification des personnes, à partir de leurs caractéristiques biologiques, comme les empreintes digitales, les traits du visage, l’iris (les yeux), la voix, etc. Ces bases de données permettent la gestion informatisée des ressources humaines, avec pour avantages, l’efficacité, la précision et la rapidité.
Malheureusement, au Congo, le passage à l’identification biométrique ou la gestion informatisée des ressources humaines rencontre un grand frein culturel, au point où de grandes structures comme la Force publique en sont encore aux méthodes traditionnelles de gestion manuelle des ressources humaines. La survenue du drame du Stade Michel-d’Ornano de Brazzaville, qui a provoqué la mort de 32 jeunes voulant se faire recruter dans l’armée, a relancé la question de la biométrie dans la gestion des ressources humaines au Congo.
Les anciens se souviennent qu’à la Conférence nationale souveraine, il y a plus de 32 ans, la majorité des participants rejetèrent la biométrie dans l’organisation des élections, préférant le système traditionnel d’enregistrement manuel du corps électoral et de comptage manuel des voix. On le trouve nettement plus fiable. Quel paradoxe! Depuis, telle la malédiction de Canaan dans la Bible, ce malheureux fait historique poursuit les Congolais qui éprouvent beaucoup de méfiance à l’usage de la biométrie dans la gestion des ressources humaines. Malgré les engagements pris dans les différentes concertations politiques, pour le passage à la biométrie, dans la gestion du corps électoral, ce rendez-vous est toujours reporté sine die. Le gouvernement n’étant jamais prêt. En réalité, la volonté politique n’y est pas.
Après le drame du Stade d’Ornano, nombreuses ont été les réactions de ceux qui se sont demandés pourquoi le recrutement dans l’armée n’est pas fait à travers Internet, comme cela est le cas dorénavant dans la plupart des pays du monde. Il faut interroger notre histoire pour le comprendre. Dans un pays où l’on est habitué à la culture des cas, la dématérialisation d’une telle opération à travers Internet suscite tout simplement de la méfiance. Les chefs eux-mêmes y sont opposés.
Pourtant, l’environnement administratif est en train changé autour de nous. Par exemple, pour certains pays, les rendez-vous pour les visas sont maintenant pris sur Internet. Grâce à cela, on a amélioré les conditions d’accueil. Maintenant, on y est habitué.
Mais, dans l’administration congolaise, les lignes bougent difficilement dans le passage à l’informatisation de certaines opérations. On a vu comment les débuts ont été difficiles pour l’obtention du Niu (Numéro unique d’identification), délivré par les services du Ministère de l’économie et des finances. Pour le permis de conduire, on est encore comme dans un mythe. Il faut trois mois voire plus, pour se faire établir un permis de conduire, pourtant informatisé. Il y a de quoi se demander si le personnel est réellement formé et s’il y a eu des investissements nécessaires pour bien équiper les services. Quant au passeport, devenu pourtant biométrique, les tracasseries, les pesanteurs ou les longs délais pour son obtention sont restés pratiquement les mêmes qu’à l’époque où il était manuel.
L’authentification biométrique est une méthode de plus en plus populaire dans la gestion des ressources humaines à travers le monde, à l’ère de l’économie numérique ou des T.i.c (Technologies de l’information et de la communication). Mais, la méfiance est grande et cela se comprend. Car, qui contrôle le système en fait ce qu’il veut. De telle sorte que la tricherie, à travers un système informatisé, est l’exclusivité des sachants, des experts. Pour y faire face, il faut une police bien formée dans ce domaine, car les exigences de sécurité des données informatisées doivent être strictement de mise.
Jean-Clotaire DIATOU