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Commentaire : Mener à terme les réformes du secteur de l’électricité, pour soulager les populations

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Le barrage hydroélectrique de Moukoukoulou dans la Bouenza.
Le barrage hydroélectrique de Moukoukoulou dans la Bouenza.

A Brazzaville, le délestage et la mauvaise qualité de l’électricité continuent de sévir dans les quartiers. Les usagers de l’électricité ne savent pas à quel saint se vouer. La grogne monte et comme toujours, la société en charge de la distribution de l’électricité, devenue E²c (Energie électrique du Congo) depuis août 2018, trouve toujours des raisons techniques pour justifier la dégradation du service. En réalité, il y a de gros problèmes de fond. Le retard dans les réformes du secteur de l’électricité est la source des maux dont souffrent les populations.

On ne le dira jamais assez, les deux bases du développement d’un pays, en dehors de la sécurité et de l’éducation, c’est bien l’accès à l’électricité et aux routes bien construites et entretenues. Nos gouvernants en sont parfaitement conscients. Au point que dans le secteur de l’électricité, le gouvernement a lancé, depuis 2018, un programme de réformes devant aboutir à une nouvelle gouvernance dans ce secteur.
La dissolution de la S.n.e (Société nationale d’électricité) et la création de la société E²c ont été le deux décisions phares des réformes. Mais, E²c n’a pas été créée pour remplacer l’ex-S.n.e. Son objet est clairement défini dans ses statuts: «La gestion, pour le compte de l’Etat, du patrimoine public de l’électricité». Son activité actuelle, à savoir la commercialisation de l’électricité, n’est que transitoire: «Exploiter, à titre transitoire, comme opérateur, le service public de l’électricité, dans le but exclusif d’assurer la continuité du service public, en cas de défaillance d’un opérateur ou d’un exploitant ou en attendant la désignation de celui-ci».
Malheureusement, après la création de E²c, le gouvernement n’a plus poursuivi la mise en œuvre du programme de réformes du secteur de l’électricité, en ce qui concerne la partie distribution et commercialisation. Il s’est surtout occupé de la mise en concession des ouvrages de production.
Ainsi, la Centrale électrique à gaz de Djéno a été confiée en concession à la société turque Aksa, depuis le 21 janvier 2021. Le barrage hydroélectrique de Liouesso, dans la Sangha, est livré à la «China Gezhouba group company/Energaz», suivant le contrat de concession signé le 21 mai 2022. Le barrage hydroélectrique du Djoué, à Brazzaville, toujours en arrêt de production, a été cédé à la société suisse «Hydro opération international», depuis le 4 juillet 2022.
Le barrage hydroélectrique de Moukoukoulou, dans la Bouenza, doit désormais être géré, depuis novembre 2022, par la société chinoise Zengwei et enfin, la gestion du barrage hydroélectrique d’Imboulou, dans le Pool, est l’affaire du groupement Hoi/Axian. N’oublions pas que la Centrale électrique à gaz de Côte Matève, à Pointe-Noire, est gérée par la C.e.c (Centrale électrique du Congo), société constituée la société pétrolière Eni et l’Etat congolais.
Or, malgré ces concessions, E²c ne cède pas et continue de gérer les centrales hydroélectriques de Moukoukoulou, Imboulou et Liouesso et les réseaux de transport et de distribution de l’électricité. Ce qui empêche les investissements que doivent réaliser les nouveaux gestionnaires, pour relancer le secteur productif de l’électricité dans le pays. Si l’on veut avancer, les réformes doivent se poursuivre par la transformation de la société E2c, car celle-ci n’est pas préparée à exercer la distribution et la commercialisation de l’électricité. C’est ce à quoi tient l’actuel ministre de l’énergie et de l’hydraulique. D’ailleurs, en ce qui concerne le transport de l’électricité, le gouvernement doit rendre opérationnelle la Société de transport de l’électricité (S.t.e) dont l’accord de création a été donné par le décret n°2028-296 du 7 août 2018. Ce qui signifie que E2c doit se concentrer dans sa mission principale de gestion du patrimoine public de l’électricité.
Dans sa situation actuelle, E2c souffre de maux qui ne permettent pas de rendre un service de qualité à la clientèle. La société a un niveau élevé de pertes techniques et non-techniques dû à d’importantes consommations non mesurées, non facturées et à la fraude. Et sa situation financière est impacté par un important endettement qui empêche tout investissement. Les opérations engagées depuis 2019, avec l’installation des compteurs, grâce au concours des partenaires financiers du Congo, pour réduire le niveau des pertes, n’ont pas encore clairement fournis les résultats escomptés.
Autant dire que, pour soulager les populations qui paient un lourd tribut aux difficultés d’accès à une électricité fiable et permanente, il faut réaliser les réformes prévues, en respectant les contrats de mise en concession. La situation actuelle, qui est d’ailleurs hors contexte juridique, pénalisent les usagers de l’électricité et renvoie notre pays à dépendre de nouveau de son voisin. C’est un grand défi, pour le gouvernement Makosso 2, que de relancer les réformes dans le secteur de l’électricité et de faire respecter les accords et contrats signés.

Jean-Clotaire DIATOU

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