Qui veut couper la tête d’Emile Ouesso pour confisquer le Barrage de Liouesso?
Depuis 2003, l’administration du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, a ambitionné de réformer le secteur de l’électricité, en mettant en place un nouveau cadre juridique basé sur la loi n°14-2003 du 10 avril 2003 portant Code de l’électricité. Cette loi libéralise ce secteur. Mais, ce n’est que 15 ans plus tard que le gouvernement a dissout la S.n.e (Société nationale d’électricité) qui avait le monopole de ce secteur, pour la remplacer par la société E2c (Energie électrique du Congo) dont la mission principale est «la conservation du patrimoine public de l’électricité mis à sa disposition par l’Etat».
C’est pourquoi, depuis 2023, soit 20 ans après la libéralisation du secteur de l’électricité, le gouvernement, par l’entremise du ministre de l’énergie et de l’hydraulique, Emile Ouosso, a entrepris de mettre en concession l’exploitation des barrages hydro-électriques existant dans le pays. Le gouvernement a aussi pris un décret pour rendre possible la délégation de la gestion du service public de distribution et de commercialisation de l’électricité par affermage, conformément au code de l’électricité.
Evidemment, ce très long processus de réformes est arrivé dans une période où la crise de l’électricité s’est aggravée dans le pays et se manifeste par des délestages insupportables pour les populations. Il faut donc accélérer la mise en œuvre des réformes, pour soulager ces populations qui n’en peuvent plus de vivre avec des coupures quotidiennes d’électricité.
Paul ObambiLe-ministre-Emile-Ouosso
Le Barrage hydroélectrique de Liouesso (19,2 mégawatts), dans le Département de la Sangha, a été donné en concession à la Société Energaz de l’homme d’affaires Paul Obambi. C’est du reste le seul Congolais ayant été capable de signer une telle convention approuvée en mars 2024 par décret du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, pris en conseil des ministres. Par ailleurs, tous les aspects des réformes ont été débattus avec les travailleurs, depuis le début, ainsi qu’avec la direction générale de E2c.
Le choix de Paul Obambi n’est donc pas l’affaire du ministre Emile Ouosso dont aujourd’hui la tête est mise à prix par les syndicalistes de E2c, qui sont remontés contre lui, pour le simple fait de voir Paul Obambi prendre la gestion du Barrage hydroélectrique de Liouesso. En effet, le transfert de gestion de ce barrage se heurte au refus des syndicalistes qui ont monté les travailleurs contre le nouveau patron, en accusant le ministre Ouosso d’être son complice et de prendre des décisions de nature à «détruire leur entreprise».
Une prétendue lettre ouverte attribuée à la population de Ouesso a même été diffusée dans les réseaux sociaux. «Nous sommes tous conscients de l’importance stratégique et vitale de ce barrage pour notre département . Le transfert de sa gestion à l’entreprise dirigée par Monsieur Paul Obambi est une décision que nous rejetons avec la plus grande fermeté. Monsieur Obambi, comme l’histoire l’a maintes fois démontré, n’a jamais réussi à faire prospérer les entreprises qu’il a dirigées dans notre pays. Il a échoué dans la gestion de plusieurs structures, ce qui met sérieusement en question sa compétence à gérer un projet aussi crucial que celui du barrage de Liouesso. En tant que population de Ouesso, nous ne pouvons pas rester silencieux face à ce qui, à nos yeux, serait une mauvaise gestion qui mettrait en péril notre développement et nos conditions de vie. Nous rejetons l’idée que ce Monsieur prenne les rênes de cette infrastructure clé, et nous refusons que notre avenir et celui de nos enfants soient compromis par l’incompétence», dit cette lettre anonyme, prouvant par là qu’on est dans une affaire plutôt d’humeur de la part de certains cadres.
Barrage hydroélectrique de Liouesso
Depuis le début de ce mois de janvier, la tension est montée d’un cran. Jeudi 23 janvier dernier, les syndicalistes de E2c s’étaient rendus en grand nombre, de manière intempestive, au cabinet du ministre Ouosso, cherchant à le rencontrer. A partir du samedi 25 janvier, ils ont inondé les réseaux sociaux congolais d’une menace de grève d’une journée, destinée à priver le pays tout entier d’électricité, le lundi 27 janvier. Sans doute, à force de conseil, ils ont finalement renoncé à leur mouvement de grève.
La grève annulée à la E2c
Il est clair que les tensions au Barrage hydroélectrique de Liouesso sont alimentées depuis Brazzaville, par les esprits opposés à la poursuite des réformes dans le secteur de l’électricité, maintenant qu’on en arrive à la mise en place des concessions des barrages. Le gouvernement devrait mettre un point d’honneur à bien communiquer sur ce sujet, en expliquant aux travailleurs de E2c comme aux populations, le bien-fondé de ces réformes dans la relance et le développement du secteur national de l’électricité.