Ces dernières années, le Congo est confronté à une véritable crise d’identité caractérisée par la perte, plus ou moins systématique ? des valeurs. Il est impératif de faire résolument face à tout un ensemble de phénomènes nocifs que sont l’intolérance, la corruption, le laxisme, la complaisance, la mal-gouvernance, la violence, le vol, l’impunité et tous autres facteurs d’instabilité institutionnelle, politique et de désordres économiques, moraux et culturels.
Les guerres civiles qui ont durement et dramatiquement secoué le pays dans les années 90 et 2000 constituent les moments illustratifs les plus pathétiques de la déliquescence éthique qui frappe le Congo. La moralisation de la société et notamment de la vie publique est la condition sine qua non pour entamer sur des bases saines l’œuvre d’édification nationale. Le Congo doit s’engager à promouvoir une gestion saine et transparente des affaires publiques, lutter absolument contre tous les comportements déviants des acteurs publics, mettre fin à l’impunité et réhabiliter la culture de la sanction, réhabiliter et généraliser l’éducation civique notamment à travers les médias, à l’école, dans les entreprises publiques et privées et dans la force publique et, enfin, mettre en place des mécanismes constitutionnels efficaces et crédibles de contrôle permanent de la gestion de la chose publique à tous les niveaux de l’Etat et de l’administration.
L’école est la base de la formation des citoyens. Depuis plusieurs années, les jeunes congolais sont accueillis dans une école dont le niveau a beaucoup baissé, sur le plan éthique. L’enseignant est corrompu aujourd’hui, parce qu’il ne jouit pas d’une liberté financière.
Il faut donc relever le niveau de l’école. C’est un impératif que n’a pas ignoré les états généraux de l’éducation. Cela passe par l’amélioration de la position de l’enseignant: d’abord revaloriser les salaires, c’est-à-dire ramener les enseignants au niveau où ils étaient avant les rabattements de 1994, puis les augmenter pour relever leur pouvoir d’achat; ensuite, résoudre le problème des avancements des enseignants du secteur public, pour permettre que chacun d’eux puisse être rétribué en fonction de ce qu’il est et de son grade.
Concernant l’enseignant, dès que les différentes mesures immorales et impopulaires sont levées, les enseignants pourront non seulement mettre hors-jeu la corruption, peut-être pas absolument, mais aussi renoncer à parcourir les écoles privées à la recherche de ressources supplémentaires. En sédentarisant les enseignants, on oblige les écoles privées à recruter des enseignants formés, afin de dispenser à leurs élèves un enseignement de qualité.
Les assises nationales des états généraux de l’éducation, de la formation et de la recherche se sont tenues du 25 au 29 janvier 2024, à Brazzaville, pour la transformation du système éducatif national. Il faut que ces recommandations soient travaillées, adoptées par le gouvernement et appliquées. Une énergie nécessaire doit être mobilisée, si le Congo veut relancer son école. Si cela n’est pas fait avec rigueur ou sévérité, l’école congolaise continuera à former des diplômes qui finiront, pour la plupart dans le chômage.
Martin BALOUATA-MALEKA