Les leaders de quatre partis d’opposition, à savoir Jean-Pierre Agnagoye, président du Pa.pe (Parti du peuple), Destin Melaine Gavet Elengo, président du M.r (Mouvement républicain), Clément Miérassa, président du P.s.d.c (Parti social-démocrate congolais) et Victor Oniongo, président de Renaissance, ont animé une conférence de presse, mardi 20 août 2024, au siège du M.r, au Quartier Diata, à Makélékélé, dans le premier arrondissement de Brazzaville. Ils ont tenu cette conférence de presse, en présence des militants pour la plupart jeunes venus nombreux, pour répondre au Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, sur les accords signés entre le Rwanda et du Congo en novembre 2021 et en avril 2022. Ils demandent l’annulation pure et simple de ces accords.
Dès l’entame de la conférence de presse, Clément Miérassa a planté le décor dans le propos liminaire qui s’adresse au chef du gouvernement. «Nous tenons, également, à souligner, avec force, que dans votre correspondance, vous avez relevé que dans notre lettre, nous avons fait ressortir clairement que les Congolais tant de l’intérieur que de l’extérieur ont violemment rejeté tous ces accords. Ils disent: non à la vente des terres; non à la cession des terres sous quelques formes que ce soit; oui à l’annulation pure et simple de tous ces accords signés avec le Rwanda», a fait remarquer Clément Miérassa.
«Aussi, après l’exploitation minutieuse de votre correspondance et du bottin de 355 pages qui contient ces accords et plusieurs documents complémentaires mis à notre disposition, nous vous faisons parvenir, en retour, nos commentaires ci-après: Le 21 juillet 2024, lors de la séance des questions orales au gouvernement avec débat au sénat, à l’observation d’un vénérable sénateur selon laquelle, malgré les explications du gouvernement, le peuple n’est pas convaincu, vous aviez répondu ce qui suit: «Vous dites, malgré les explications, le peuple n’est pas convaincu. Le peuple dont vous êtes les représentants n’est pas convaincu. Alors, qui donc n’est pas convaincu: le représentant du peuple ou le peuple qu’on représente? Alors qui doit aller expliquer au peuple dont vous êtes les mandataires? Ce n’est pas le gouvernement en tout cas. Vénérable président, veuillez m’excuser, un seul parlementaire a eu le courage de prendre position et d’expliquer la situation à ses mandants, à ses électeurs; un seul, sur les questions qui sont connues de tous; un seul a eu le courage d’affronter ses mandants pour dire: oh, oh, oh, ce ne sont pas des accords illégaux. Il s’appelle Pascal Tsaty Mabiala».
«Aussi, les Congolais et la communauté internationale ont eu à constater que sur 223 parlementaires dont 151 députés et 72 sénateurs, un seul a soutenu le gouvernement, en défendant ces accords dont il ne disposait même pas des textes. La conclusion est donc très claire sur le rejet de ces accords par la représentation nationale, pourtant très largement dominé par le P.c.t et ses partis alliés», a-t-il poursuivi.
«Lors de la séance des questions orales au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 9 août 2024, le débat sur cette problématique de la cession ou vente des terres que l’on a voulu étouffer, a refait surface et la question y a encore été débattue. Entre autres aspects évoqués, il y a eu la question de savoir: «Du Congo et du Rwanda, qui ment?».
«En effet, les Congolais gardent en mémoire que: le 27 juillet 2021, l’ambassadeur rwandais au Congo a rencontré le ministre congolais chargé des affaires foncières, pour, selon lui, demander les actes fonciers pour les terres que le gouvernement congolais a données à l’Etat rwandais, dans le cadre de la coopération Sud-Sud».
En outre, sur le site officiel de l’Ambassade du Rwanda, le ministre congolais avait bien rassuré de son entier engagement, afin que ces titres soient obtenus dans les meilleurs délais. La même information a été reprise par plusieurs autres médias dont le journal en ligne «Les Echos du Congo-Brazzaville» et l’Agence d’information de l’Afrique centrale qui indiquent que le Ministère congolais a signifié que ce dossier sera débattu en Conseil des ministres. Il n’y a jamais eu de démenti officiel de ces déclarations officielles, ni du ministre en question, ni du gouvernement», a poursuivi Clément Miérassa dans son liminaire.
D’après les quatre leaders de l’opposition, les questions suivantes évoquées n’ont pas trouvé de réponses:
«Sur la base de quels critères et de quelles études faites, les sites choisis ne sont localisés, sans aucune justification, que dans la partie Sud du pays, qui ne couvre que 106.000 km2, sur les 342.000 Km2 de la superficie totale, notamment dans les parties humaine de 30 habitants au km2 et les Départements du Niari et du Pool dont la densité varie entre 11 et 13 habitants au km2, et plus précisément dans les zones frontalières avec la R.D Congo, en raison du conflit armé qui l’oppose au M23 et au Rwanda, selon les derniers rapports de l’Onu sur la situation qui prévaut dans ce pays?
Est-il normal que nous installions à Maloukou la société rwandaise Crystal ventures qui est, en fait, une structure de la nomenklatura militaire rwandaise et le bras financier du F.p.r (Front patriotique rwandaise), l’allié du P.c.t?
N’est-il pas très possible pour votre gouvernement de comprendre qu’en agissant ainsi, notre Etat prend clairement partie pour le Rwanda et qu’il permet à ce pays de disposer de nos terres, pour se procurer davantage des moyens financiers dont il a besoin pour entretenir la guerre et continuer à perpétrer les massacres à l’Est de la R.D Congo?».
Les quatre leaders de l’opposition ont réitéré ce qu’ils avaient formulé dans leur déclaration du 28 juin 2024 à savoir: «L’exhortation au Président de la République, pour qu’il s’implique dans la clarification de cette situation très grave et préoccupante; la demande au parlement d’ouvrir dans les meilleurs délais une enquête, afin que lumière soit faite sur tous les contours de cette affaire, que les responsabilités soient établies et que les sanctions conséquentes soient prises».
Les quatre opposant ont exprimé leur «surprise et indignation face à la volonté de votre gouvernement d’imposer, coûte-que-coûte ces accords au peuple congolais qui n’en veut absolument pas, alors que selon l’article 2 de notre loi fondamentale, le principe de la République est: «Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple».
Répondant aux journalistes, les quatre orateurs qui se sont complétés les uns après les auttres dans leurs réponses, ont dit «non à la vente des terres; non à la cession des terres congolaises sous quelques formes que ce soit au Rwanda; oui à l’annulation pure et simple de ces accords. Ils estiment que le Premier ministre a menti et se prononceront plus tard. Selon eux, ces accords sont contraires aux intérêts du peuple congolais et de l’Etat congolais.
Il s’agit de l’accord de coopération militaire et technique, l’accord de coopération et d’assistance technique dans le domaine des affaires foncières, la convention de cession du parc industriel et commercial de Maloukou entre la République du Congo et la société Crystal ventures Ltd, le protocole d’accord entre la République du Congo et le fonds d’investissement Crystal ventures Ltd du 12 avril 2022 relatif à la culture du ricin en République du Congo et le protocole d’accord entre la République du Congo et la société Macefield ventures Congo holding S.a.s.u sur la conception, la construction et l’exploitation du port sec de Dolisie, tous signés par visioconférence».
Propos recueillis par
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA