Commentaire

Congo: crise financière et poids de l’endettement, les Congolais asphyxiés!

Que ce soit pour l’investissement ou le fonctionnement, le Congo,  troisième producteur d’or noir en Afrique subsaharienne après le Nigeria et l’Angola, avec une production qui a atteint 350.000 barils par jour en 2023, recourt à l’endettement. C’est le réflexe développé par ses dirigeants qui ne semblent pas se soucier de l’avenir, en hypothéquant les revenus futurs par un endettement tous azimuts. Les conséquences en sont qu’aujourd’hui, le poids des dettes pèse sur le quotidien des populations, à cause de la crise financière qui en découle. Les Congolais se sentent asphyxiés. Le gouvernement ne pouvant pas, actuellement, lever les fonds sur le marché des valeurs de la sous-région.

Le 23 octobre 2023, le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, entouré des membres du gouvernement, des leaders officiels de la République et de tout le gratin qui compte dans le fonctionnement de l’Etat, inaugurait, en grandes pompes, les Tours jumelles de Mpila, deux gratte-ciels hauts de 135,8 mètres, réalisés par l’entreprise chinoise B.c.e.g (Beijing construction engineering group), sous la supervision de la Délégation aux grands travaux, à la grande joie de la classe dirigeante. La littérature très poétisée du discours du ministre d’Etat Jean-Jacques Bouya, ce jour-là, montre à quel point l’élite dirigeante en était fière.
Véritable projet prestigieux, les deux immeubles vitrés donnent l’impression que Brazzaville s’élance sur le chemin de Manhattan, le quartier d’affaires new-yorkais, mondialement célèbre pour ses gratte-ciels. Mais, les Congolais savent-ils que leur pays venait d’alourdir sa dette envers la Chine, de plus de 173 milliards de francs Cfa, à travers l’Exim bank qui a préfinancé les travaux?
Le dernier bulletin statistique de la C.c.a (Caisse congolaise d’amortissement) publié en mars 2024 indique que la dette du Congo envers la Chine, à travers l’Exim bank, était de 1.060,93 milliards de francs Cfa et celle due aux entreprises chinoises est de 252,43 milliards de francs Cfa à décembre 2023. La particularité de la dette congolaise envers la Chine est que, depuis 2006, elle est remboursée en nature, à travers les cargaisons de pétrole, comme la dette auprès des traders pétroliers, qui ne représentait plus que 336,43 milliards de francs Cfa, à fin décembre 2023. Avant les deux tours jumelles de Mpila, il faut dire que le Centre international de conférence de Kintélé est aussi une dette de 25,97 milliards de francs Cfa à l’égard de l’Exim bank de Turquie. Deux flamboyants immeubles de la capitale ont donc été construits sur endettement et ce ne sont que des exemples.
Si l’endettement n’était que pour financer l’investissement, pourquoi pas? Là où le bât blesse, c’est que pour le fonctionnement, le Congo recourt aussi totalement à l’endettement. De ce fait, le marché des titres publics émis par adjudication organisée par la B.e.a.c (Banque des Etats d’Afrique centrale) à partir de novembre 2011, était devenu un recours de prédilection. Le Congo n’y est entré qu’en février 2017. Le Cameroun et la Centrafrique sont les deux premiers pays à y entrer, l’année même de sa fondation. Dernier pays à faire donc son entrée dans ce marché sous-régional des titres et valeurs, le Congo est devenu, en sept ans, le pays le plus endetté de la sous-région dans ce marché, dépassant le Gabon qui y était entré en 2013. L’encours de la dette congolaise a atteint 1.906,80 milliards de francs Cfa à décembre 2023, pour ce qui est des O.t.a (Obligations du trésor assimilables) et 365,86 milliards de francs Cfa pour ce qui est des B.t.a (Bons du trésor assimilables).
Le Trésor public du Congo aurait recouru systématiquement à ce marché, chaque mois, pour financer ses déficits de trésorerie. Et cela a fait des heureux, parmi les gestionnaires. Dans un pays où la corruption affecte malheureusement les circuits financiers, ce recours à la levée des fonds sur le marché sous-régional était une véritable aubaine, pour les cadres qui y travaillent. Il y a de quoi se demander: mais où vont donc les recettes publiques provenant des régies financières? C’est la question à se poser au regard de ce niveau d’endettement, car le pays a suffisamment de ressources financières pour pouvoir financer le fonctionnement de ses institutions et services publics, salaires y compris.
En 2022, les recettes pétrolières recouvrées ont atteint 1.972,875 milliards de francs Cfa, contre 1.051,142 milliards de francs Cfa en 2021. Pendant ce temps, les recettes fiscalo-douanières hors-pétrole et de services se sont élevées à la somme de 735,897 milliards francs Cfa en 2022, contre 590,801 milliards de francs Cfa en 2021. A ce sujet, les rapports de la Cour des comptes et de discipline budgétaire sont éloquents, ils renferment des recommandations pertinentes. Et pourtant, le gouvernement ne suit pas et surtout la Présidence de la République ne les met pas au centre du travail du gouvernement. Dans ces conditions, on n’est pas étonné de l’hécatombe dans laquelle se retrouve le Congo aujourd’hui. Au moment où cet article est publié, à peine les salaires des fonctionnaires touchant dans les banques a commencé à être payé à partir du 1er octobre et les autres attendent. Signe que la crise financière bat son plein et que le gouvernement, de par son silence, donne l’impression d’être à court de solution immédiate.
Jean-Clotaire DIATOU

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