Organisé du 10 au 11 juillet 2023, au Palais des congrès de Brazzaville, sous le thème, «dans l’unité et la cohésion l’U.d.h-Yuki en marche», le congrès extraordinaire de l’U.d.h-Yuki (Union des démocrates humanistes), destiné à doter le parti de nouvelles instances dirigeantes, n’a été qu’une montagne qui a accouché d’une souris. Pascal Ngouanou, premier vice-président et président par intérim de l’U.d.h-Yuki, qui a dirigé ce congrès, a été contraint de le suspendre, mardi 11 juillet, dans la soirée, devant la désinvolture des congressistes qui appelaient à sa démission. Les 748 délégués venus des douze départements du pays n’ont pas pu trouver un successeur au mythique président-fondateur, feu Guy-Brice Parfait Kolélas.
Le long feuilleton de la tenue du congrès extraordinaire de l’U.d.h-Yuki, pour élire son nouveau président, n’a pas connu d’épilogue. Il a été suspendu. Ce qui sous-entend qu’il reprendra un jour, mais personne ne sait quand. A l’origine de l’aggravation de la crise, la décision de Pascal Ngouanou d’écarter trois candidats sur les neuf qui se sont fait connaître pour briguer la présidence du parti. Il s’agit de Maixent Bakana Kolélas, Joseph Kouézo et Aurélien Juste Ntumi Kolélas. La mise à la touche de ce dernier a révolté les militants qui, dans la salle du congrès, ont exigé la démission de Pascal Ngouanou.
Il faut dire que ce congrès était mal parti. Sensé commencer lundi 10 juillet à 10h, c’est finalement à 13h que la cérémonie d’ouverture a démarré, sous haute surveillance des agents de police et de gendarmerie. Seuls les congressistes, munis de badges, pouvaient accéder dans la salle. Un service de sécurité était placé à l’entrée du Palais des congrès, pour empêcher les personnes n’ayant pas de badges de participer à la cérémonie d’ouverture. Les délégués des partis invités se sont retirés un à un, parce que l’attente était trop longue.
La cérémonie d’ouverture était dominée par un seul discours, celui du président par intérim, Pascal Ngouanou. Il a fait la genèse du parti, en parlant des différentes étapes qui ont conduit Guy-Brice Parfait Kolélas à créer ce parti. «Celui qui reçoit un héritage à le devoir de le fructifier», a-t-il insisté, sous les ovations des congressistes. Il a demandé aux congressistes d’applaudir longuement la facilitation menée par l’ancien ministre Michel Mampouya et le sénateur Robert Miyouna Tetani (qui n’était pas dans la salle), «pour avoir travaillé sans relâche et par leur implication, nous voici à ce congrès», a-t-il reconnu.
De même, les congressistes ont applaudi Jean-Jacques Serge Yomby-Opango, le président par intérim du R.d.d (absent dans la salle), «pour avoir immortalisé la célèbre phrase prononcée par Guy-Brice Parfait Kolélas: «Battez-vous pour vos enfants», sur son lit d’hôpital», a-t-il fait savoir.
Pascal Ngouanou a profité de l’occasion pour dire qu’il avait pour modèle en politique Nelson Mandela, jusqu’à inviter la salle à intérioriser le combat de ce dernier. Aucun acteur politique africain ne peut oublier le combat de Nelson Mandela, premier Président de l’Afrique du Sud, Nation arc-en-ciel, a-t-il dit en substance. La journée du lundi 10 juillet s’est achevée par l’adoption de l’ordre du jour.
Le lendemain mardi 11 juillet, conformément au programme du congrès, les douze délégations ont prononcé des messages qui se résumaient au ressaisissement et à la poursuite de l’œuvre du président-fondateur. Dans son intervention, le président par intérim a souligné que «le parti est une école et la politique est un art». Il a appelé les congressistes à comprendre que ne peut être responsable du parti qui le veut, mais «celui qui est préparé, qui a une grande expérience», a-t-il déclaré.
Devait suivre le vote des membres du bureau. A cette étape, Pascal Ngouanou a maintenu sas décision d’écarter trois candidats, sur les neuf enregistrés. Dès lors, la tension est montée dans la salle. Le présidium n’a pas pu surmonter l’épreuve sur l’application des critères de candidature, tels que définis par le statut et le règlement intérieur du parti. Le débat est resté toxique, Pascal Ngouanou a défendu sa position, seul les six candidats validés par le Bureau politique vont compétir, alors que le congrès est souverain. Les membres de la commission électorale mise en place pour la circonstance ont tous démissionné, pour ne pas «porter le poids devant l’histoire», ont-ils souligné. Les congressistes ont demandé que les neuf candidats compétissent, pour que le meilleur d’entre eux gagne. Pascal Ngouanou s’est opposé à cette démarche jusqu’à traiter Gilles Fernand Bassindikila de «traitre», parce qu’il a demandé aux congressistes de reconsidérer les neuf candidatures. Devant ce chaos, il ne restait plus qu’au président par intérim de prononcer la suspension des travaux du congrès. Il a demandé aux délégations de se rapprocher de la coordination pour leur mise en route. Il a réaffirmé qu’il continue d’être président par intérim. Voilà donc le congrès extraordinaire de l’U.d.h-Yuki qui s’est terminé en cul de sac.
Chrysostome
FOUCK ZONZEKA