Il y a cinq mois, 67 dirigeants d’Afrique et d’Europe se sont réunis à Bruxelles, en Belgique, pour le sixième Sommet Union européenne (U.e) – Union africaine (U.a). Ce fut une étape importante pour notre partenariat, basé sur la réciprocité, la confiance, le respect et la compréhension mutuelle. Compte tenu de l’importance stratégique de l’Afrique pour l’Europe, et vice-versa, les dirigeants ont décidé de renforcer les liens entre les deux continents qui partagent un intérêt à construire un espace commun de paix, de sécurité, de prospérité et de progrès. Comme l’a déclaré le Président du Conseil européen, Charles Michel, lors du Sommet de l’Union africaine à Lusaka, au début du mois, «c’est notre promesse commune; cela doit être notre devoir commun envers les jeunes générations d’Afrique et d’Europe».
Notre partenariat apporte une valeur ajoutée concrète, pour les pays et les citoyens africains et européens. L’Union européenne soutient la fabrication de vaccins en Afrique du Sud, au Ghana, au Rwanda et au Sénégal. L’Union européenne, l’Union africaine et nos États membres construisent conjointement des routes et des voies ferrées, promeuvent les échanges universitaires et scientifiques, investissent dans les réseaux d’énergie et de communication et soutiennent la Zone de libre-échange de l’Afrique. 150 milliards d’euros d’investissements seront mobilisés dans les années à venir dans le cadre de l’initiative «Global Gateway».
En ce moment même, nous sommes confrontés à des défis à multiples facettes. Quelques jours seulement après le Sommet prospectif U.e-U.a, la Russie a lancé sa guerre d’agression non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine. Tout comme nos frères et sœurs africains, nous connaissons par expérience les réalités dévastatrices de la guerre, notamment la souffrance des civils innocents.
L’agression russe remet en cause les fondements de l’ordre international, les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale. Ces principes peuvent sembler abstraits, mais en fait, ils nous protègent tous, chaque État, européen comme africain. La Russie tente actuellement de recoloniser l’Ukraine, 30 ans après son indépendance, de la manière la plus brutale. Pour justifier l’injustifiable, elle invoque le critère de l’unité linguistique, du prétendu désir des populations de ne plus appartenir à l’Ukraine. Si nous permettons l’invasion russe, sans réagir, aucun pays ne sera plus en sécurité. Ce qui se déroule sous nos yeux, aujourd’hui, déterminera le monde dans lequel nous vivrons demain.
La guerre de la Russie a des conséquences désastreuses, non seulement pour le peuple ukrainien, mais aussi pour les peuples du monde entier. Alors que le continent européen porte, de multiples manières, le poids principal de cette guerre injuste, les Africains en sont également devenus les victimes directes. Des ondes de choc économique ont frappé le continent africain, les prix des denrées alimentaires et de l’énergie ainsi que l’inflation montent en flèche, à un moment où les pays commencent à peine à se remettre de la pandémie de covid-19.
La Russie a reconnu que les sanctions ne l’empêchaient pas de livrer de la nourriture et des engrais à l’Afrique. Pourtant, des personnes à des milliers de kilomètres de l’Ukraine souffrent, parce que la Russie empêche délibérément les produits alimentaires et les engrais de quitter l’Ukraine pour l’étranger et détruit les infrastructures agricoles et de transport. Ce n’est qu’après de très longues et difficiles négociations que la Russie a commencé à manifester de l’intérêt pour lever son blocus. Il est dans notre intérêt commun que cette guerre d’agression soit arrêtée au plus vite.
L’Union européenne condamne fermement l’attaque de missiles russes sur le Port maritime d’Odessa. Frapper une cible cruciale pour l’exportation de céréales, au lendemain même de la signature des accords d’Istanbul, est particulièrement répréhensible et démontre, une fois de plus, le mépris total de la Russie pour le droit et pour ses engagements internationaux.
Nous sommes collectivement déterminés à travailler avec nos partenaires africains, pour résoudre ces crises simultanées, dont, de toute urgence, la crise alimentaire. L’Union européenne mobilise plus de 7,7 milliards d’euros jusqu’en 2024, pour la sécurité alimentaire mondiale. Nous intensifions les secours d’urgence, stimulons la production alimentaire locale, maintenons les marchés ouverts et acheminons les céréales ukrainiennes vers les pays qui en ont besoin, via des voies de transport alternatives dans l’Union européenne.
L’Europe et l’Afrique ont choisi la voie du multilatéralisme, de l’intégration politique et économique sur la base de valeurs et d’objectifs communs. Ces instruments sont essentiels pour protéger les petits États contre l’arbitraire des grandes puissances. Ce que la Russie propose est tout le contraire. La vision de l’Europe est de construire un avenir commun avec l’Afrique, dans lequel nos partenaires africains jouent le rôle qui leur revient dans la formation et la gestion d’un ordre mondial fondé sur des règles. Continuons à coopérer sur le développement durable, l’éducation, la santé, la science et l’innovation, le commerce, la transition verte et bien plus encore. Ensemble, nous avons la capacité d’apporter des changements positifs, aujourd’hui et pour les générations futures.
Les Ambassadeurs de l’Union européenne, de France, d’Allemagne, d’Italie et le Chargé
d’Affaires en pied de Belgique