Football
Coup de théâtre à Brazzaville:
le siège de la Fécofoot placé sous scellé !
C’est l’indignation dans le milieu du football au Congo. Le siège de la Fécofoot (Fédération congolaise de football), à Brazzaville, a été placé sous scellé, le vendredi 4 octobre 2024, après en avoir chassé les occupants, par un huissier de justice accompagné d’un semi-escadron de gendarmerie mobile, provoquant une indignation du public ébahi à assister à ce spectacle affligeant. Tout ceci se passe en présence à Brazzaville du délégué de la Fifa (Fédération internationale de football association) et celui de la Caf (Confédération africaine de football) venus prendre part à l’assemblée générale extraordinaire prévue le samedi 5 octobre 2024, pour régler, par le dialogue, la crise qui secoue la Fécofoot.
Probablement, c’est pour la première fois dans l’histoire du football congolais que pareille opération musclée de la Force publique est menée au siège de la fédération, dans une affaire impliquant les membres de cette fédération entre eux et dans laquelle il n’y a pourtant ni risque de violence ni de trouble à l’ordre public, puisqu’il s’agit des cadres qui peuvent discuter et non des supporters susceptibles d’être à l’origine d’une explosion de violence.

Pour aller droit, il faut dire que la crise entre le Ministère en charge des sports et la Fécofoot, dans la gestion de la sélection nationale, les Diables-Rouges, a connu un tournant brutal, le vendredi 4 octobre, avec la fermeture du siège de la Fécofoot, par un huissier de justice agissant sur réquisition du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville. Ceci en application d’une ordonnance prise au niveau de ce tribunal contre l’actuel Comité exécutif de la Fécofoot, dirigé par Jean-Guy Blaise Mayolas.
Cette action du Tribunal de grande instance de Brazzaville émane assurément de la Commission ad hoc mise en place le 25 septembre dernier, lors de l’assemblée générale extraordinaire des pétitionnaires de la Fécofoot, et qui est dirigée par William Bouaka et Francky Loemba. Pourtant, les litiges en matière de sport sont de la compétence de la C.c.a.s (Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport). Selon la loi n°23-2023 du 27 juillet 2023 portant code du sport, qu’on peut appeler Loi Hugues Ngouélondélé, «la chambre de conciliation et d’arbitrage du sport est compétente pour connaître en premier et dernier ressort des litiges portant sur l’exécution des statuts des fédérations, l’exploitation des relations des groupements sportifs avec leurs licenciés, leurs encadreurs, le statut du joueur ou de l’athlète. Elle est également compétente pour connaître des litiges découlant de l’exécution et de l’interprétation de tout contrat conclu par les associations sportives entre elles ou avec d’autres associations non sportives ou encore avec tout tiers, personne physique ou morale. En cas d’échec, les parties intéressées peuvent saisir les juridictions compétentes de l’ordre judiciaire» (Article 91).
Or, le litige opposant les pétitionnaires de la Fécofoot contre le Comex (Comité exécutif de la Fécofoot) n’a jamais été porté à la C.c.a.s. Faut-il penser que le Ministère des sports, qui est parmi les soutiens des pétitionnaires, marche sur sa propre loi? En tout cas, les faits sont là et ils frappent de stupéfaction les passionnés du football.


Par ailleurs, après l’éclatement de la crise des pétitionnaires et surtout la tenue de leur assemblée générale extraordinaire, jugée non-statutaire, pour défaut de légitimité des mandats de plusieurs délégués présents, le Comex a décidé d’organiser une assemblée générale extraordinaire, en présence des représentants de la Fifa et de la Caf, avec la participation de tous les délégués statutairement reconnus, suivant leurs mandats. C’était ainsi l’opportunité donnée aux pétitionnaires de faire la démonstration de leur majorité. Malheureusement, ceux-ci ont décidé de foncer dans leur logique putschiste, fort du soutien de certaines autorités nationales qui en veulent à la tête de Jean-Guy Blaise Mayolas, qui est pourtant à mi-parcours de son deuxième mandat. En raison de l’action judiciaire au siège de la Fécofoot, cette assemblée générale extraordinaire n’a pas pu avoir lieu. Les délégués de la Fifa et de la Caf vont repartir, après avoir fait le constat de ce qui se passe au Congo.
C’est un spectacle triste infligé au football congolais qui poursuit ainsi sa dégringolade dans les basfonds de la scène africaine. Et dire que tout ceci se passe sous les yeux des représentants du football international, il y a de quoi avoir pitié du Congo, un pays où le football est le sport-roi et qui ne mérite pas pareille déconfiture. C’est ce qu’on appelle la politique de la terre brûlée!
Jean-Clotaire DIATOU
