Si les leaders de l’opposition pouvaient comprendre que continuer à babiller sur l’affaire de vente des terres au Rwanda revient, au jour d’aujourd’hui, à créer l’effet d’une tempête dans un verre d’eau, ils nous auraient rendu service à aborder les vrais problèmes qui préoccupent les Congolais,surtout l’avenir des jeunes.Malgré les ressources naturelles dont dispose notre pays, le Congo, on n’arrive pas à créer une grande économie d’entreprises de nature à absorber la main d’œuvre abondante que constitue la jeunesse congolaise. Depuis les années 80, les différentes générations de jeunes sont confrontées au chômage massif, parce que l’économie nationale n’arrive pas à créer les véritables fondements permettant l’épanouissement des initiatives entrepreneuriales. Ce ne sont pas les politiques publiques ni les programmes qui manquent, comme ceux relatifs à la diversification de l’économie, ils sont même très bien élaborés. Mais, leur implémentation, pour emprunter le langage informatique, aboutit très rarement à des résultats probants. Le gouvernement lui-même s’est heurté à cette réalité, en promettant, à l’occasion de l’année de la jeunesse, la création de cent mille emplois, alors qu’un tel objectif est impossible à court terme, dans le contexte politico-économique qui est le nôtre. Posons-nous la question: où sont les entreprises qui vont embaucher?
Avec une population de plus de 6 millions d’habitants, au taux de croissance annuelle de 3,2%, dont une population des 15-64 ans (en âge de travailler), de près de 3,5 millions d’habitants (R.g.p.h-5), on ne peut pas miser sur la seule fonction publique et les corps de la force publique pour l’occuper. Il faut une dynamique économique qui donne la possibilité à l’émergence et à l’épanouissement des initiatives entrepreneuriales. Bref, il faut des entreprises qui fonctionnent, gagnent de l’argent et donc investissent. Mais, pour cela, il faut une administration qui ne s’érige pas en obstacle ou en entrave pour le secteur privé, domaine d’activités constitué d’entreprises de toutes tailles, de commerces, de banques, d’associations et d’organisations dirigées par des citoyens sans dépendre de l’Etat, etc. le gouvernement met un point d’honneur à réaliser ses objectifs budgétaires en matières fiscales. Mais, il rechigne à dégraisser la dette intérieure due aux entreprises. Si ce n’est le serpent qui se mord la queue, comment réaliser ces objectifs budgétaires, avec des entreprises dont les recettes sont en chute libre? En Afrique, le secteur privé a été, pendant des décennies, entravé par un environnement administratif étouffant ou paralysant.
Or, seul le secteur privé peut absorber l’essentiel des actifs d’une population et permettre de réaliser la diversification économique, définie comme étant une économie avec une production nationale variée, des échanges dynamiques se traduisant par l’augmentation de la productivité, la création des emplois et donc la réduction de la pauvreté. On ne peut pas réaliser la diversification économique avec un secteur public tout puissant, s’appuyant sur une administration générant un mauvais climat des affaires, et un secteur privé suffoquant sous le poids des décisions publiques. On attend toujours que la mise en œuvre des différentes réformes change complètement cette réalité.
L’HORIZON AFRICAIN