Institutions constitutionnelles

Décès à Brazzaville, du médiateur de la République, Hilaire Mounthault

Le médiateur de la République, Hilaire Mounthault, s’est éteint samedi 26 août 2023, à Brazzaville, à l’âge de 92 ans. Membre du Bureau politique du P.c.t (Parti congolais du travail) issu du troisième congrès ordinaire tenu du 27 au 31 juillet 1984, Hilaire Mounthault fut nommé, le 22 décembre 2001, comme médiateur de la République, institution constitutionnelle fonctionnant comme une «autorité indépendante chargée de simplifier et d’humaniser les rapports entre l’administration publique et les administrés».

En tant que médiateur de la République, Hilaire Mounthault avait succédé à Victor Tamba-Tamba, dont le mandat était interrompu par la guerre de juin-octobre 1997 qui avait provoqué la chute du régime du Président Pascal Lissouba. Nommé pour un mandat de trois ans, renouvelable, il est resté à son poste jusqu’à son décès, malgré le poids de l’âge, synonyme de retraite.
Hilaire Mounthault, quand il fut nommé médiateur de la République, en décembre 2001
Hilaire Mounthault à la messe d’action de grâce pour ses 92 ans.
22 ans sans discontinuité à la tête d’une institution constitutionnelle administrative, c’est une longévité inégalée. Tout au long de ces années, Hilaire Mounthault n’avait été reçu qu’une fois par le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, le 17 novembre 2004, dans le cadre de ses fonctions. Il avait cessé de publier ses rapports d’activités, document pourtant important dans la vie de cette institution, après 2007.
Acteur politique depuis l’indépendance du pays, Hilaire Mounthault va émerger sur la scène nationale après le mouvement des 13, 14, 15 août 1963 qui aboutira à la chute du Président Fulbert Youlou. Il est de la génération de Claude Ernest Ndalla Graille, Pascal Lissouba, Ambroise Edouard Noumazalay, Henri Lopès, etc, qui incarneront l’aile dure de la gauche marxisante. Quand Alphonse Massamba-Débat est désigné pour accéder au pouvoir, en raison de sa probité dans la gestion publique, après la démission de Fulbert Youlou, ils seront aux avants postes de la vie politique nationale.
Hilaire Mounthault est dans la J.m.n.r (Jeunesse du Mouvement national de la révolution) avec des jeunes qui se feront remarquer comme Maurice Ognami, Aubert Lounda, Julien Boukambou, Alice Badiangana, Gabriel Obongui, etc.
Après le mouvement du 5 février 1979, qui se traduit par l’arrivée du colonel Denis Sassou-Nguesso au pouvoir, Hilaire Mounthault est promu au gouvernement comme ministre des transports et de l’aviation civile. Il y laissera deux grandes traces: la clôture de l’Aéroport international Maya-Maya en mur de plaques de béton, pour protéger le terrain de l’aéroport contre l’occupation anarchique, et l’achèvement, en 1984, des travaux gigantesques de réalignement du C.f.c.o (Chemin de fer Congo-Océan), lancés en septembre 1976 sous le Président Marien Ngouabi. Ce chantier avait concerné la construction, après Dolisie, dans le Département du Niari, d’un nouveau tracé du chemin de fer long de 91 kilomètres impliquant la construction de 19 ponts et de trois tunnels pour franchir des montagnes. Ce fut l’un des premiers grands travaux du Président Sassou-Nguesso.
Hilaire Mounthault est pratiquement parmi les derniers acteurs politiques du début des années 60, avec le Président Sassou-Nguesso, à être aux affaires jusque dans les années 2020. Mais, avec le poids de l’âge, il était pratiquement en retrait de la chose publique. En juin dernier, il a célébré ses 92 ans, par une messe à la Cathédrale Sacré-Cœur, à laquelle avait participé le Président Denis Sassou-Nguesso, et quelques autorités nationales comme le Président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, et le Premier ministre Anatole Collinet Makosso.
Il a exercé, avec un grand esprit républicain, ses fonctions de médiateur de la République. Mais, dans un contexte de déficit démocratique criant, ses décisions restaient souvent lettres mortes auprès des gouvernants, au grand désespoir des usagers de l’administration publique, au point que la présence du médiateur de la République ne se faisait plus remarquer.
Jean-Clotaire DIATOU

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