Dans le Département de la Cuvette-Ouest, les structures sanitaires sont tenues, en majeure partie, par des bénévoles sans droits. Constat fait lors d’une mission de monitoring des droits humains. Cette réalité ne permet pas le développement du secteur sanitaire dans le département. «Notre centre compte 116 agents dont 59 fonctionnaires et 57 bénévoles payés à 2000 F Cfa le mois, avec une expérience dans le bénévolat de 5 ans pour certains, 10 ans pour d’autres et 12 ans pour les plus anciens», s’est plaint un bénévole. Ces derniers connaissent une précarité financière sans précédent.
À Kellé par exemple, le Centre de santé intégré (C.s.i) couvre 12 villages environnants, en plus des 6 quartiers de la communauté urbaine. Le C.s.i compte 22 bénévoles et 10 fonctionnaires. Avec les maigres recettes du C.s.i, les bénévoles percevraient environ 3.000 à 5.000 F Cfa le mois. Le plus ancien des bénévoles de ce centre cumule, à ce jour, 23 ans de bénévolat. Pour boucler les deux fins du mois, ils se retrouvent contraints d’installer un réseau opaque de vente de médicaments aux patients. Loin d’être la seule cause qui paralyse le système sanitaire dans ce département, les centres de santé manquent aussi de plateaux techniques nécessaires pour leur fonctionnement. Le C.s.i de Kellé n’a plus d’ambulance opérationnelle depuis 2016.
La location d’un véhicule pour les évacuations des patients se fait au frais du malade, à raison de 200.000 F Cfa. Une somme excessive pour des familles aux revenus très faibles. La pharmacie du C.s.i est ravitaillée sur une fréquence qui va jusqu’à trois mois d’attente. Sur le terrain, nous avons constaté que les médicaments récemment livrés étaient à un mois de la date de péremption. Le sous-équipement et l’insuffisance d’un personnel qualifié dans les C.s.i et l’hôpital de base de la Cuvette-Ouest posent un réel problème et ne favorise guère la réalisation du droit à la santé de milliers d’individus dans cette partie du pays.
Marien NZIKOU-MASSALA
(Publié dans La Lettre du Cad, n°16)