Dans le cadre de la riposte contre l’épidémie de shigellose, le préfet du Département du Niari a émis une circulaire en date du 17 juillet 2023 interdisant, jusqu’à nouvel ordre, une série d’activités économiques dans l’ensemble du Département du Niari. Le C.a.d (Centre d’actions pour le développement) condamne cette dérive autoritaire du préfet et appelle à un retrait immédiat de cette circulaire, qui aura un impact négatif sur la population et l’économie locale principalement informelle, et seul amortisseur de la pauvreté dans cette partie du pays.
En effet, depuis plus d’une semaine, la troisième ville du pays, Dolisie, chef-lieu du Département du Niari, est confrontée à une épidémie de shigellose qui aurait déjà causé la mort à une dizaine de personnes. L’origine exacte de la maladie n’est toujours pas connue. C’est dans ce contexte que le préfet, sans une analyse scientifique qui établit un lien de cause à effet avec l’épidémie, a pris une mesure discriminatoire et inadaptée, stigmatisant une catégorie d’acteurs et d’activités économiques. Il est important de souligner que les marchés domaniaux, pourtant soumis aux mêmes réalités, n’ont pas été touchés par ces restrictions.
En outre, connaissant la brutalité des membres de la force publique, il est possible que des graves violations des droits humains soient perpétrées, en voulant faire respecter la mesure. Les atteintes aux droits humains pendant la lutte contre la pandémie de covid-19 l’attestent.
L’augmentation des prix du carburant suivie des restrictions des activités économiques et de subsistance prouvent suffisamment que les autorités congolaises ont décidé de mettre en difficulté leurs populations. Les droits socioéconomiques sont des droits fondamentaux qui ne devraient pas être remis en question. Cette circulaire punitive semble davantage être une mesure opportuniste plutôt qu’une réponse réelle à la Shigellose (maladie des mains sales), et entraîne délibérément une diminution du pouvoir d’achat de la population ainsi qu’un affaiblissement du tissu socio-économique.
À seulement deux mois de la rentrée des classes, les ménages, déjà sous tension financière, verront leurs difficultés et leur vulnérabilité augmenter. Regrettablement, la préfecture du Département du Niari n’a présenté aucun plan pour soutenir les personnes touchées par ces restrictions. La lutte contre une épidémie ne saurait justifier sans donnée factuelle une attaque contre les moyens de subsistance d’une population qui vit déjà dans l’extrême pauvreté.
Enfin, le C.a.d appelle le gouvernement à tout mettre en œuvre pour déterminer l’origine exacte de l’épidémie et à prendre des mesures appropriées. Il est également urgent de fournir en quantité suffisante des médicaments pour les malades ainsi que des équipements de protection individuelle pour les agents de santé.
(Communiqué du CAD)