Dans mon discours de campagne aux élections législatives 2012 dans la circonscription jadis unique d’Oyo, je m’appesantissais, entre autres, sur la décentralisation, en vue de la départementalisation harmonieuse de notre pays et des avancées du statut de la communauté urbaine d’Oyo en commune, par la suite en chef-lieu du département de l’Alima. Je savais, en conscience, que la création du Département de l’Alima, avec comme chef-lieu, Oyo, sera une résurrection avec innovation.
Le Département de l’Alima, comme bien d’autres, avait existé entre 1959 et le début des années 70, à l’avènement du pouvoir populaire. En effet, par décret n°59/189 du 15 août 1959, les pères de la République congolaise avaient créé 13 départements qu’étaient: Alima; Léfini; Likouala-Mossaka; Létili; Pool; Bouenza; Nyanga-Louessé; Nkéni; Djoué; Equateur; Sangha; Kouilou et Likouala. Ce, afin de mieux organiser l’administration territoriale de la République naissante du Congo, créée le 28 novembre 1958, à Pointe-Noire.
Malheureusement, le pouvoir populaire, dans les années 70, abandonna l’organisation administrative des pères de la République, pour créer 9 régions au déséquilibre criant en entités administratives, de l’une à l’autre. La Conférence nationale souveraine, tenu à Brazzaville du 15 mars au 10 juin 1991 relança l’administration territoriale, en départements, comme à la naissance de la République.
En 2003, le Président Denis Sassou-Nguesso promulgua la loi n°3-2003 du 17 février 2003 fixant l’organisation administrative et territoriale et qui, en son article 10, dispose que «le département est constitué d’au moins quatre districts», traduisant ainsi sa volonté de migrer vers une départementalisation harmonieuse de notre pays. Ce qui permettra de décongestionner les départements à fortes densités de districts, restés encore dans l’esprit des régions, notamment le Niari (14 districts), le Pool (13), les Plateaux (13), la Cuvette (10), la Likouala, très vaste département, bien que néant que 7 districts. Ces vastes départements ont, en face, la Lekoumou (5 districts), le Kouilou (6 districts), la Sangha (6).
La départementalisation de notre pays a donc des fondements historique, juridique et administratif, du fait de la nécessité de rapprocher l’administration de l’administré et de l’équité dans le partage du revenu national. Quand un administrateur ou administré d’Alembé doit traverser Abala, Ollombo, Gamboma, Ngo et atteindre Djambala pour une situation administrative, c’est criard. Quand ceux de Mbinda doivent traverser les Districts de Mayoko, Moungoundou Sud, Moutamba, la commune de Mossendjo et continuer sur ceux de Makabana et de Louvakou, près de 325 km, pour atteindre Dolisie, le chef-lieu du Département du Niari, c’est très criard.
Mais, cette situation n’est pas impossible à solutionner. La solution est à portée de main. Elle passe par la création de nouveaux départements. C’est pourquoi, quand on alloue à tous les départements, quel que soit le nombre de districts, la même subvention d’aide au développement, c’est inadmissible. D’où la nécessité de départementaliser harmonieusement notre pays.
Ainsi, les Départements de l’Alima et autres pourront être créés. Les autres départements à créer n’auront peut-être pas un caractère de résurrection, sauf pour la Nyanga-Louessé, avec pour chef-lieu Mossendjo, qui ressuscitera et sera amputé de l’espace de la Nyanga, aussi à départementaliser pour être le Département de la Louessé.
Pour une départementalisation harmonieuse de notre pays, on pourra créer les Départements de l’Alima, la Louessé, le Pool Nord ou Mpangala, la Bouenza Nord ou Moukoukoulou, la Nyanga et la Moutamba. Il faut noter que la création de ces deux derniers nécessite celle des districts en leur sein, dans l’esprit de la réorganisation profonde de l’administration du territoire de notre pays. Pour le cas de Nianga dans l’actuel Département du Niari, le District de Ngoua II pourra être crée.
La création de l’Alima est aisée, du fait du rassemblement des districts riverains de l’Alima, notamment dans sa partie basse: Oyo; Bokouelé; Tchikampika; Boundji; Ollombo; Abala et Alembé. Mais, cette résurrection pause objectivement le problème de son futur chef-lieu.
D’aucuns me demandent souvent pourquoi je parle d’Oyo. Je réponds que je parle d’Oyo, parce que j’y étais candidat aux législatives de 2012 et à la question: pourquoi j’y étais candidat? La réponse est que je voulais honorer les avancées de cette nouvelle ville créée au centre du Congo par le Président Denis Sassou-Nguesso, éclairé par la vision du visionnaire Marcel Okoyo, qui parlait d’Oyo Poro, avant même la création du P.c.a d’Oyo (Poste de contrôle admiratif), en 1963, fruit des efforts de l’Asorba (Association des ressortissants de la basse Alima), qui suscita la volonté politique.
Le Président Sassou-Nguesso est aussi éclairé par le vœu de ma chère collègue Elbo (Edith Lucie Bongo Ondimba), qui rêvait d’une ville d’Oyo comme celle de Franceville. La création de cette grande ville au centre de notre pays, seule ville d’essence non coloniale dans notre pays, est un acte louable en termes d’aménagement et de maillage de notre pays en infrastructures de base.
Après en avoir fait une commune, il est souhaitable d’en faire un chef-Lieu de département. Pour rappel, la verticale Oyo-Ollombo, riveraine de l’Alima, est le centre du Congo. Le Nord est constitué du dessus de cette verticale jusqu’à Bétou, et le Sud de son dessous jusqu’à Boko. Personnellement, la communalisation et la départementalisation harmonieuse de notre pays envahit, de longue date, mon esprit. En novembre 1999, j’écrivis, depuis Libreville, au Président Denis Sassou-Nguesso, à ce sujet. D’où ma candidature à Oyo, en 2012, pour en extérioriser cette ambition. Au regard des avancées infrastructurelles et administratives d’Oyo, (que j’ai connu dans les années 70) et la facilité de son accessibilité physique par les autres districts riverains de l’Alima, il est souhaitable qu’Oyo soit le chef-lieu du Département de l’Alima, une fois créé.
Aussi, la création de la Zone économique spéciale d’Oyo-Ollombo, par la loi 33-2019 du 14 octobre 2019, avec bipole de centralisation, la commune d’Oyo et la communauté urbaine d’Ollombo, pourra amener aussi à penser que le chef-lieu du Département de l’Alima pourrait être ce bipole, puisque des aménagements profonds, en termes de centre-ville riverain d’Oyo-Ollombo, y sont prévus. Il n’est pas exclu que ce bipole d’Oyo-Ollombo constitue, un jour, une seule entité administrative pouvant abriter le chef-lieu du Département de l’Alima. On pourra en faire une grande commune dénommée Oyo-Ollombo, avec deux arrondissements, celui d’Oyo et d’Ollombo. La résurrection du Département de l’Alima, avec simplement Oyo comme chef-lieu ou le bipole centralisateur de la Zone économique spéciale d’Oyo-Ollombo est l’innovation, du fait que, jadis, son chef-lieu fut Boundji, qu’on pourra un jour ériger en commune.
Il sied de rappeler que la Zone économique spéciale d’Oyo-Ollombo, qui est une agri-zone vaste de 7.063 km2 regorge les Districts d’Oyo, Ollombo, Tchikampika, Bokouélé, Abala et autres, qui pourraient constituer la composition du Département de l’Alima en rêve. Objectivement, le Département de l’Alima renaîtra avec une innovation pour son chef-lieu, au regard des paramètres sus énoncés.
La départementalisation de notre pays est une nécessité impérieuse et légalement possible, malgré les quelques obstacles d’appréhension. Il est donc souhaitable que les cadres de l’Alima, de la Louessé, de la Bouenza-Nord ou Moukoukoulou, du Pool-Nord ou Mpangala, de la Nyanga et de la Moutamba s’éveillent, en vue de susciter la volonté politique de la départementalisation de notre pays, bénéfique pour le développement de nos contrées, avec le rapprochement de l’administration de l’administré, le développement de la démocratie locale et l’apport de plus de flux financiers institutionnels pour le développement. Depuis la Conférence nationale souveraine, la création séquentielle de trois départements, notamment la Cuvette-Ouest, par le Président Pascal Lissouba, et les Départements de Pointe-Noire et Brazzaville par le Président Dénis Sassou-Nguesso est insuffisante et ne s’harmonise pas avec l’esprit général de réorganisation de l’administration du territoire congolais.
Pierre Abélard
TSOUMOU