La R.p.d.h (Rencontre pour la paix et les droits de l’homme) a mené, du 23 au 29 octobre 2024, une campagne de sensibilisation et de formation auprès des communautés locales et populations autochtones de quatre villages, notamment les villages Bivélas et Mbéna (District de Madingo-Kayes) et Bada et Ngoungui (District de Kakamoéka), dans le Département du Kouilou. L’une des leçons à en tirer est que les communautés des peuples autochtones ne connaissent pas la Direction interdépartementale des populations autochtones encore moins la loi n°5-2011 du 25 février 2011 portant promotion et protection des populations autochtones en République du Congo.
Excepté les autochtones résidant à Pointe-Noire, depuis la nomination, en 2019, du premier directeur interdépartemental, la Direction interdépartementale des peuples autochtones du Kouilou et de Pointe-Noire n’a jamais noué des contacts avec les communautés des peuples autochtones résidant dans les confins du département. Du coup, «difficile pour une telle institution de cerner ou de comprendre les problèmes de ses usagers que nous autres autochtones, sommes. C’est sans doute ce qui explique que nos problèmes demeurent. Si la R.p.d.h n’est pas venue ici, nous ne saurions pas que les autochtones ont toute une loi et toute une institution», s’offusque Staël Mboumbou Zoulou, secrétaire du village Ngoungui et président de la communauté autochtone dans la localité. D’où son appel: «Notre vœu le plus ardent est de voir et discuter avec ces cadres de la République chargés de régler nos problèmes. Qu’ils viennent pour qu’ils touchent du doigt nos véritables problèmes spécifiques à nous».
Pour sa part, la Direction interdépartementale des peuples autochtones du Kouilou et de Pointe-Noire s’est abstenue de répondre à ces doléances «somme toute légitimes», faute «d’autorisation de la hiérarchie». Toutefois, comme le stipule l’article 17 du Décret n°2017-260 du 25 juillet 2017 portant organisation du Ministère de la justice, des droits humains et de la promotion des peuples autochtones, la Direction générale des populations autochtones, par l’entremise des Directions départementales, est chargée entre autres de «suivre l’application de la législation et de la réglementation relative à la promotion des peuples autochtones» et de «mener des campagnes de sensibilisation et de formation sur les droits des peuples autochtones». Il devrait donc y avoir un contact permanent entre les Directions départementales et les autochtones.
Si la R.p.d.h s’est gardée de commenter cette absence sur le terrain de l’institution en charge des autochtones, elle s’est néanmoins félicitée de «l’impact de nos activités de sensibilisation et de formation des communautés locales des peuples autochtones sur les nouveaux paradigmes de la gouvernance forestière menées», selon les propos de Christian Mounzéo, coordonnateur de la R.p.d.h.
Ces activités s’inscrivent dans le cadre de l’exécution des projets «Renforcer la redevabilité et l’inclusion grâce à une meilleure implication et participation des communautés locales et populations autochtones du Kouilou dans la gouvernance forestière et climatique» et «Consolider la bonne gouvernance, lutter contre les illégalités».
Le premier projet est en rapport avec le Programme forêt, gouvernance, marché et climat, soutenu financièrement par le Bureau des affaires étrangères et de développement du Commonwealth, chargé principalement de mettre en œuvre la vision globale de développement du gouvernement britannique.
Sur le plan technique, le projet bénéficie de l’appui de Fern, une O.n.g à vocation écologique spécialisée dans le suivi de l’implication de l’Union européenne dans les forêts et la coordination des activités d’O.n.gs au niveau de l’Europe.
Le deuxième, quant à lui, est financé par le C.c.f.d (Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire), une O.n.g française dont la principale mission est de lutter contre toutes les formes d’injustice et d’inégalité à l’origine de la faim et de la pauvreté au sein des populations vulnérables.
Ces programmes sont axés essentiellement sur la sensibilisation et la formation des communautés rurales à la surveillance du respect, par les compagnies forestières, minières, pétrolières et gazières, des droits des communautés riveraines, pour que l’exploitation des ressources naturelles contribue, de manière optimale et efficiente, au développement des localités situées au sein ou à la périphérie des permis d’exploitation. Inspiré de mécanismes internationaux dont l’A.p.v (Accord de partenariat volontaire) ou la Cafi (Initiative pour les forêts d’Afrique centrale), ce principe d’inclusion de la gouvernance forestière est consacré dans la loi 33-2020 du 8 juillet 2020 portant code forestier.
John NDINGA-NGOMA