Commune de Brazzaville
Des jeunes improvisent une «marche contre la misère»
à Poto-Poto
C’est à la surprise de tous que le vendredi 26 juillet 2024, un groupe de jeunes a marché sur l’Avenue de la Paix, à Poto-Poto, le troisième arrondissement de Brazzaville, avec en tête, une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Marche contre la misère». D’autres écrits appellent à la démission du gouvernement, avec des photos de quelques ministres: «Nous demandons la démission du gouvernement pour incompétence». D’autres écrits en lingala signalent: «Nous sommes fatigués des mensonges»; «Nous sommes fatigués des souffrances».
L’initiative de la marche impromptue des jeunes contre la misère, filmée furtivement par un témoin, ne semble pas avoir d’auteur connu. Des jeunes se sont organisés, ils ont fait imprimer une banderole appelant à la démission du gouvernement et sont sortis dans la rue. On ne sait pas comment cette marche s’est terminée, mais le message des jeunes est passé.
Dans le contexte actuel marqué par la crise économique, le fait n’est pas surprenant. Comme le disait Yakamambu dans sa lettre du jeudi 25 juillet 2024, «nos amis communs, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu, sont tristes chaque jour. Ils sont tristes de la misère et de la pauvreté galopantes dans lesquelles croupissent, ces temps-ci, les Congolais».
En effet, «la crise économique sévit dans le pays. Tout le monde se plaint. Même les commerçants se plaignent de ce que leurs affaires ne marchent plus bien. Les fonctionnaires de l’Etat sont payés partiellement, c’est-à-dire ceux de Brazzaville et Pointe-Noire payés dans les banques touchent régulièrement leurs salaires, mais les numéraires et ceux qui sont à l’intérieur du pays accusent des mois de retard.
De même, les employés des institutions nationales comme le parlement, même la présidence de la République et les structures dépendant du budget de transfert de l’Etat comme les mairies, les hôpitaux, les universités, les collectivités locales, sont soumis à des retards de salaires. Quant aux retraités de la C.r.f (Caisse de retraite des fonctionnaires) n’en parlons pas: il arrive même que pendant trois mois, ils ne peuvent pas toucher leurs pensions. Il se dit que les arriérages (les retards de pensions pour les nouveaux retraités) et les arriérés de pension ne font que s’accumuler. Les bourses des étudiants relèvent du hasard. Dans le secteur privé, beaucoup de sociétés ont réduit leurs personnels, car les affaires ne marchent pas bien. Donc, le taux de chômage est à la hausse. La crise sociale s’aggrave, on entend parler de grève ici ou là. Même les hôpitaux sont touchés par des mouvements de grève.
Les Congolais, jadis aux visages radieux et exubérants, sont devenus l’ombre d’eux-mêmes. Ils mangent difficilement. Les trois repas quotidiens d’antan, ils ne peuvent plus se les procurer. Il y a des familles dans nos villes qui peuvent passer une journée sans pouvoir manger convenablement. Certaines sont expulsées des maisons qu’elles louaient, parce que n’étant plus capables de faire face aux loyers.
Pendant ce temps, les prix des denrées alimentaires ne font qu’augmenter. Le pouvoir d’achat des travailleurs s’effrite chaque jour qui passe. Par exemple, les médicaments que l’on fournissait gratuitement dans les dispensaires, ne le sont plus. L’autre jour, Itoua, Mboungou, Tati et Yakamambu ont accompagné Ngouloubi au Centre intégré de santé de leur quartier. Dans la salle d’attente, ils ont trouvé une maman en pleurs, parce qu’on lui demandait d’acheter un carnet de santé au coût de 150 francs Cfa. Elle ne les avait pas. C’est Yakamambu qui, en bon samaritain, lui a offert le carnet de santé et lui a aussi acheté à la pharmacie du coin, les médicaments que l’infirmière lui avait prescrits».